Londres, ou comment se perdre pour se retrouver

benjamint

                                                            Londres,

                              ou comment se perdre pour se retrouver

     Déjà trois mois. Trois mois, que j’étais à Londres pour ce stage en audit.  L’été touchait à sa fin, et avait laissé la place à l’automne londonien. Londres en automne. La pluie, le vent et le brouillard. Londres en automne, c’est avant tout des pubs fumants et moites, les soldes de la rentrée des grands magasins, un soleil qui se couche à 16 heures, mais aussi et surtout de la pluie, du vent et du brouillard. A cela s’ajoutaient les joies d’un stage en audit, le tableau qui se dressait devant moi était celui de la mélancolie.

Finies les joies des trois premiers mois, passés à découvrir la ville, insouciant que j’étais alors. Trois mois après, je ne pouvais que constater l’implacable fatalité qui me voulait rattrapé par l’ennui. Ce jour là, le spleen m’habitait.

Pourtant, tout avait commencé idéalement.

Mes touts premiers jours londoniens avaient été ceux d’une douce folie. Il m’avait fallu trouver un appartement dans le centre de Londres, loger à droite, à gauche, le temps de trouver cette collocation idéale. Nous, mes futurs colocataires et moi-même, français, de la même école,  et qui plus est, amis, explorions alors la ville, nous familiarisant dans le même temps avec le métro londonien et ses grandes spécialités, à savoir l’arrêt prolongé entre stations ou encore la chaleur étouffante de la central line enterrée cent mètre sous terre. Nous sortions, nous découvrions la nuit londonienne, les bars de Soho, les pubs rock de Camden, les clubs fency de Regents street, les garden parties de South Kensington, les roof tops  de Notting Hill. Nous ne réalisions pas encore, mais nous rentrions dans la catégorie que nous définirions quelques mois plus tard comme celle des parfaits touristes. Nous étions le type même de personnes, que nous regarderions avec un large sourire, un brin moqueur, mais qui nous rappelleraient aussi et surtout l’insouciance de nos débuts londoniens. De parfaits touristes. Pourtant, eux partiraient avec l’été. Nous nous étions stagiaires. Le mois de Juillet me rappelait la raison de ma présence au Royaume de sa majesté la Reine d’Angleterre : mon stage, ma mission même, si je me réfère à la rhétorique romanesque  de mon école, lorsqu’il s’agit d’envoyer des étudiants à l’étranger et leur faire comprendre qu’ils représentent leur école, qu’ils ont l’image, la réputation de cette dernière entre leurs mains. Le mois de Juillet marquait le début de mon stage.

Je me souviens encore de ce premier jour. On ne peut que difficilement oublier une première de cette importance. Le premier jour passé dans son entreprise est un épisode qui marque tout jeune adulte. Je me souviens jusqu’aux costumes achetés avant le début de mon premier stage. Je me souviens des conseils demandés aux parents par téléphone la veille au soir et autres questions insensées du genre : « Comment est-ce que je dois me comporter dans l’entreprise ? ». Je me souviens du stress et de l’excitation la veille de me rendre pour la première fois « au travail ». Je me souviens avoir très peu dormi. Je me remémore encore ce réveil si particulier.

Le soleil perçait à travers les rideaux, couvrant la fenêtre de ma chambre. J’émergeais de ma torpeur. Ce lundi n’était pas un lundi comme les autres. La lumière gagnant progressivement la chambre, j’entrouvrais les yeux et regardais autour de moi. Rien n’avait changé, et je me figurais la journée à venir. Rien n’avait changé ou presque. Je refermais immédiatement les yeux, non, ce lundi ne pouvait qu’être unique. Le réveil indiquait 6h, j’avais pris mes précautions. Tout avait été prévu, calculé. Le hasard ne se voyait offrir aucun espace d’expression, je l’avais arraché au déroulement de ma journée, telle que je l’envisageais. Pouvoir tout contrôler était mon assurance, je ne voulais pas être surpris. J’aurais déjà dû être sous la douche. Déjà trois minutes de retard, je remettais par là même en cause mon planning. Mes membres étaient comme faits de plomb, les bouger me demandait de mobiliser une force incroyable. Je me sentais comme encastré dans mon matelas, dans mon lit, dans mon chez moi. J’étais minéral. Je n’étais plus tout à fait sûr de vouloir me lever. Pourquoi prendre autant de précaution ? Parti tel que j’étais, je devrais attendre plus d’une heure devant les bureaux. Peut être sous la pluie, même. Seul le temps devait échapper à mon contrôle. Je n’avais pas dormi de la nuit, mes pensées avaient été agitées. Ce n’est pas la peur qui empêche de dormir, c’est le calcul des chances. Pascal avait raison. J’avais pesé, et ce toute la nuit, et je pesais toujours les pours, les contres. Je rouvrais les yeux, ma chambre était bien là, je cherchais la douceur de celle-ci. Bien que rassurantes, les couleurs de ma chambre n’étaient pas aussi douces que les autres matins, l’air était plus frais, plus sec. Tant pis, après tout, je survivrai à cette journée. Je mobilisais mes forces, mon courage et difficilement, m’extrayais du lit.

J’arrivais finalement sur mon lieu de travail. J’étais évidemment arrivé une heure en avance, me voyant alors contrait de patienter dehors, n’osant me présenter avec tant d’avance. Heureusement, il ne pleuvait pas, la seule part de contingent que j’avais bien voulu accorder au déroulement de cette journée ne s’était pas retournée contre moi. J’étais terriblement anxieux. Je sentais mon corps comme se recroqueviller sur lui-même. Qu’allait-on me demander ? Allais-je commencer comme si de rien n’était, comme si ma place avait toujours appartenu à ce bureau, mais que ce dernier m’avais très précisément attendu vingt-et-une année ? Qu’attendais-t-on donc de moi ? Mon anglais ferait-il l’affaire ? STOP. Ces questions  me perdaient. Je rentrais finalement dans les bureaux, me présentais à l’accueil. Mes premiers mots étaient, on ne peut plus, hésitants. Ils s’extrayaient tant bien que mal de ma gorge. Puis l’on me demandait d’attendre quelques minutes supplémentaires, enfin mon maître de stage m’accueillit. Il s’appelait Mr Stechler, mais tenait à ce que je l’appelle Alan. La proximité, aussi superficielle soit-elle, la bonne ambiance, sont des valeurs avec lesquelles on ne rigole pas dans une entreprise anglo-saxonne. C’est une question de principe, qu’ils disaient. Il prit alors l’initiative de me faire faire le tour de l’open-space pour rencontrer les collègues. Leur accueil était chaleureux, tous sans exception m’avait accueilli avec une joie non-dissimulée et non-feinte, c’est du moins ce que je pensais, ce que j’espérais. Je me souviens surtout n’avoir retenu aucun prénom. Je connaissais pourtant ma faille, ma fâcheuse tendance à constamment oublier le prénom des personnes qu’on me présente. J’avais pourtant tout fait pour prévenir ce risque, je me concentrais, j’usais de moyens mnémotechniques, associant leurs prénoms à l’une de leurs caractéristiques. Rien à faire, la défaite était totale, sans contestation possible. Ma faillite n’en était que plus décevante. J’ai dû faire preuve par la suite d’ingéniosité les premiers jours pour m’adresser à eux, sans jamais avoir à utiliser leurs prénoms, des stratagèmes reposant sur le tutoiement et autres phrases dénuées de sujet. Je me souviens aussi de mon bureau, je me souviens l’avoir inspecté pendant une bonne demi-heure, pendant toute ma première journée en fait. Nous avons fait connaissance. L’open-space dans lequel je travaillais était à taille humaine. Nous y étions une quinzaine. C’était le charme de ce cabinet d’audit londonien, situé dans la très proche banlieue, au Nord de la Mégapole. La journée fut brève, défilant à toute vitesse. On m’expliquait les tâches qui m’occuperaient pendant six mois, me présentait les personnes avec qui je travaillerai, mes responsabilités. J’étais enthousiasmé par ce que je voyais, c’était le temps de la découverte.

Cette période d’insouciance lors de ce séjour londonien se voyait donc prolongée par la découverte de la vie professionnelle. J’appréciais ma vie à Londres, mon stage, jusque là j’étais heureux. Des tous petits riens du quotidiens à mes plus grandes aspirations, voilà autant de bonnes raisons, pensais-je, pour me lever le matin. L’entreprise au sein de laquelle j’effectuais mon stage n’y était pas étrangère, elle m’insufflait cette envie.  Le soleil qui perce à travers les rideaux, l’envie de mettre un beau costume, un petit déjeuner copieux, prouver sa valeur, gagner l’estime et le respect, réussir ; tout était prétexte à bien commencer la journée.

Pourtant les semaines passant, une certaine routine commençait à s’installer. Néanmoins, je me complaisais dans cette routine. Je me faisais à cette dernière, j’y trouvais quelque chose de rassurant, elle m’accompagnait, je vivais avec elle en somme. Je m’étais fait aux particularités de l’entreprise. Je n’étais plus surpris par le Casual Friday ou bien encore les repas pris à son bureau, devant son ordinateur. C’était là le commun de la grande majorité des employés britanniques. Le vendredi avait ceci de spécial, qu’il représente en quelques sortes le pic hebdomadaire d’interactivité sociale pour les employés. Ou comment concilier bonne humeur et business. Pour ce qui est du Casual Friday, toutes les personnes travaillant dans l’entreprise, du plus simple employé au grand patron, ici les partenaires, tous s’y rendaient vêtus de tenues « casual » ou décontractées. Il ne m’était pas rare de croiser ainsi le patron en jean et baskets le vendredi. Je me posais des questions, il devais sûrement prendre son rôle à cœur, son rôle d’exemple, et tenait à montrer à tous la liberté résidant dans le concept du Friday casual, à travers le choix de ses habits, choix parfois peu habile, disons-le, ou alors son bon goût était tout simplement en question. Bref, je commençais à avoir un certain recul dans cette entreprise, ce qui me permettait pensais-je d’évoluer sereinement , d’observer avec aplomb.

Cela faisait plus de deux mois maintenant que je travaillais dans ce cabinet d’audit. J’étais encore dans ma phase d’exploration, de découverte. J’observais, j’aimais à penser que ma posture était celle de la contemplation.

Ce vendredi là, nous revenions du traditionnel lunch partagé au restaurant avec l’équipe du tax department, preuve en est encore une fois que le vendredi est le point culminant de la semaine pour ce qui est de la vie collective dans l’entreprise. Nous étions encore en train de digérer, tous assis à nos bureaux respectifs. Il faisaient chaud, beau, fait assez rare à Londres en plein mois de septembre pour être signalé. Nous nous remettions doucement au travail, lorsque soudainement, sans prévenir, tous les ordinateurs s’arrêtèrent simultanément. Les téléphones se mirent à sonner. Les employés se regardaient, perplexes. Quelques minutes plus tard, la cause nous était dévoilée : panne du serveur central. Or, un ordinateur qui tombe en rade, c’est un auditeur qui ne travaille pas. L’agitation s’empara dès lors du bureau. Les patrons, dans leurs bureaux, dès qu’ils apprirent la nouvelle, s’agitèrent. Il s’agissait de trouver une solution à ce problème. De leur côté, les employés, à l’étage inférieur, interloqués, se regardaient et ne savaient que faire. Les uns courraient après les autres, d’autres se cachaient, subissaient la pression de leurs patrons, feignaient d’aider, de chercher une solution. Ils profitaient de la situation. J’observais les gesticulations des personnes qui m’entouraient. Je souriais. Je ne pouvais que m’amuser de la scène qui se jouait devant mes yeux. La comedia del arte était de passage à Londres, je m’en réjouissait discrètement. Oui, j’étais serein dans cette entreprise, et je m’épanouissait dans mon stage.

Car en parallèle, je découvrais le métier d’auditeur. Je me disais, que certes ce n’était pas le métier que je souhaitais faire plus tard, mais qu’au moins le stage était formateur, que je me laissais les portes ouvertes. Se laisser les portes ouvertes, c’est primordial, c’est du moins ce qu’on m’avait toujours dit, ce qu’on m’avais appris. J’agissais en conséquence. Laisser les portes, à défaut d’en ouvrir une. Aussi, je continuais à ne pas faire de choix, à me laisser ouvertes le plus de portes possibles. Je ne savais pas au juste où cela me menait, mais à vrai dire je m’en contentais, puisque je ne savais pas ce que je voulais faire. Doucement, ma posture contemplative m’amenait à m’interroger sur les raisons de ma présence.

Inévitablement je finis par me perdre dans la routine que je m’étais créée. Chaque jour, elle faisait croitre en moi la mélancolie. Chaque matin, il était un peu plus dur de se lever. Je finissais par faire l’expérience de l’ennui. L’ennui au bout de trois mois. Quand je pensais à ma future vie professionnelle, et aux nombreuses, si nombreuses, années de labeur qui m’attendaient, j’étais pris de vertige. Ce jour là, au travail, on me demanda d’accomplir une tâche qui me rebutait plus que tout, faire des photocopies. Je savais bien que c’était le quotidien de nombreux stagiaires, pourtant je ne l’acceptais que difficilement . Me résoudre à faire des photocopies m’était bien douloureux. M’accomplissant, je me sentis seul, désespérément seul, dans cette petite salle blanche, où était comme enfermée la photocopieuse. Cette salle, que dis-je, ce sas, était d’un blanc immaculé. Rien ne venait contrarier le caractère implacablement blanc des murs, dans lesquels venait mourir mon regard. Blanc, blanc immaculé, parfaitement inviolé ; au premier regard seulement. D’abord perdu dans le blanc du mur, mon regard se concentrait et percevait une, deux puis trois petites craquelures dans cette banquise s’étendant à perte de vue. Mon regard se sentait l’âme d’un aventurier, à la découverte de la salle épurée au possible dans laquelle, lentement je périssais à faire mes photocopies. Le mur, lui, était compatissant à mon égard, il me savait perdu et cherchait  à m’afficher ses imperfections quasi-humaine. Lui, comme moi, cherchions une âme avec qui converser. Complices dans l’infortune, celle de la solitude et de l’ennui, nous n’étions pas seuls. Mon regard se posait alors sur le seul et unique objet occupant la pièce : la photocopieuse. Elle, était différente,  elle connaissait la raison de sa présence, sa raison d’être : copier, photocopier, imprimer, scanner. Copier, photocopier, imprimer et scanner, encore et encore, dans un mouvement continu ne voyant jamais sa fin. J’y voyais Sisyphe. Elle était mon point fixe, mon repère. Lorsque photocopier mes documents m’égarait, la vue du bloc monolithique me rappelait à l’instant présent . Son gris, si sobre et si pâle, mais si tranchant avec le reste de la pièce, laissait deviner aisément le poids des années. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle avait dû en voir passer des stagiaires, la photocopieuse. Elle les avait usés par dizaine, les avait exploités, exténués, elle les avait rongé jusqu’à le moelle, avait absorber jusqu’à leur essence. Et maintenant, c’était mon tour. Je la regardais avec défiance. Je l’observais dévorer et recracher les feuilles que je lui tendais avec prudence. Je sentais la machine s’emballait sous mes mains. Son souffle chaud et si caractéristique me pétrifiait. Je préférais détourner le regard et me perdre dans le mur blanc qui me faisait face. Ce jour là fut indéniablement un tournant lors de mes six mois à Londres.

Je compris alors que je n’étais pas encore chez moi, que je n’avais pas assimilé mon nouvel environnement, que je n’étais encore qu’un simple étranger, un touriste, que je m’étais aveuglément enfermé dans une routine rassurante, dans laquelle je ne pouvais m’ épanouir. Avec ce séjour, je me découvrais, je me redécouvrais. Je sentais la nécessité de me réapproprier mon environnement. Je me suis dès lors tourné vers des plaisirs simples, me suis façonné de nouveaux repères, de nouveaux points fixes. Tout en prenant garde, de ne pas faire de ces derniers, une nouvelle routine. J’aimais sentir les rayons du soleil sur mon visage, le matin au réveil, avant de me lever pour aller travailler. Je repris goût aux douches brulantes, après le réveil, quand le ciel gris, morose, m’ôtais toute envie de travailler. J’appréciais connaître par cœur le chemin pour aller au bureau, et me dire que je pourrais le faire les yeux fermés. Une de mes réjouissances matinales consistait à arriver en même temps que le métro dans la station, comme si ce dernier m’avait attendu, y retrouver des visages familiers dans la masse difforme de personnes. J’aimais quand la porte du wagon où je me trouvais, s’ouvrait juste en face de ma sortie. Le métro et moi finissions par bien nous connaître. J’appréciais les sourires des secrétaires le matin, la propreté qui se dégageait de l’open space où je travaillais, le blanc immaculé des murs. J’aimais la fraîcheur de la pièce en été, sa douceur en hiver, retrouver mon bureau comme je l’avais laissé. J’aimais la bonne humeur et l’enthousiasme des personnes avec qui je travaillais. J’appréciais me sentir efficace et responsable, pouvoir me dire « ça s’est fait ». J’étais ravi quand l’on demandait mon avis sur un dossier. J’aimais les mailing-lists d’expatriés en stage à l’étranger.  J’aimais me voir confier une mission directement par l’un des partenaires. Je prenais plaisir à discuter à la machine à café. Enfin, je goûtais plus que tout rentrer chez moi en me disant que j’avais « fait » quelque chose.

Et puis mon stage gagnait en intérêt, finies les interminables heures face à face avec la terrible photocopieuse, les longues sessions d’archivage et autres taches rebutantes. J’avais fini par gagné la confiance des employés, qui m’avaient formé et vu à l’œuvre. Dès lors, je me voyais assigné de véritables missions. Je ressentis une immense fierté, lorsque l’on me proposa d’accompagner les auditeurs chez d’importants clients. Le costume que je m’étais tout les matins trouvait là tout son sens. Il ne me restait plus que deux mois, quelques semaines, si peu de jours. L’urgence de la situation, avec ce départ chaque matin un peu plus proche, me faisait ressentir la nécessité d’emmagasiner de l’expérience. J’éprouvais une sorte de boulimie empirique. Je voulais vivre, vivre le plus possible, le plus intensément possible, le plus vite possible. Le stage me le rendait bien. La machine était lancée, il n’était plus question de l’arrêter. Londres aussi me gâtait sur ce plan. Londres, cette ville qui n’arrête jamais de vivre, où tout est toujours ouvert. J’avais fini par connaître cette ville par cœur, je connaissais le métro aussi bien que son pendant parisien. Londres était devenue ma ville, ou plutôt j’avais trouvé ma place dans cette ville.

            Alors que je me rendais une dernière fois à Kings Cross – St Pancras, cette fois-ci non pas pour prendre la Northern Line et me rendre à mon stage, mais bien pour quitter l’île britannique via Eurostar, je repensais à tout ce que j’avais vécu pendant ces six mois. Les joies, les peines m’avaient changé. Je ressortais grandi de ce long séjour. Et puis j’étais fier, tout simplement. Je me rappelais aussi ce jour, où des touristes français m’avaient demandé de l’aide dans la rue pour trouver leur direction, dans un anglais hésitant. Je les avais aidé, ils me remerciaient, puis nous nous séparions. Ils n’avaient pas réalisé que j’étais français. Je n’avais rien fait pour. Au fond, je me disais que je n’étais pas, que je n’étais plus ce parfait touriste, arrivé en Juin. Cette expérience m’avait apporté, m’avait changé, je n’étais plus tout à fait le même. Je me sentais londonien, en partie. Je laissais derrière moi mon appartement à Warren Street, ce brouillard, cette pluie, ce vent, ces rues que j’avais tant foulées du pied, et que je retrouverai avec le même plaisir. Je le savais.

            Aujourd’hui, quand je repense à cette expérience, je ressens encore de la mélancolie. La réminiscence de ces souvenirs n’est pas du spleen, je l’ai maintenant compris. Non, juste une douce et heureuse mélancolie.

  • "Se laisser les portes ouvertes, c’est primordial", laissez les portes ouvertes à votre écriture Benjamin !

    · Il y a presque 13 ans ·
     14i3722 orig

    leo

  • Mon coup de coeur du jour !
    Pourquoi ne pas essayer l'appel à textes LEITMOTIVE (jusqu'au 15 juillet 2011)?
    http://www.suite101.fr/content/jacques-flament-comment-on-devient-editeur-a27752
    Cliquer sur LEITMOTIVE...
    Bonne chance, ça vaut le coup :-)

    · Il y a presque 13 ans ·
    Photos libres.com orig

    3d0

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