Lorsque pèse la mémoire
Jean Claude Blanc
Lorsque pèse la mémoire
Il y a des Etres auxquels on pense
Qu'on a connu courant l'enfance
Hélas partis, bonheur la chance
Pour un ailleurs, se remplir la panse
Réapparaissent en résurgence
Quelques semaines, pour les vacances
En est de même pour les collègues
40 années à se fréquenter
Alors ce texte, le leur lègue
Courtois, fidèle en amitié
Ça pas toujours été la fête
Où on se chamaillait pour presque rien
Mais durait guère ces tempêtes
Compères postiers, pour le turbin
Réconciliés main dans la main
Jeune diplômé des sciences sociales
Comme assistant des misérables
Cerné de consoeurs charitables
Qui pour leur mec, s'escrimaient
A faire ses 4 volontés
Lui servir même le café
Pour la plupart riches dames mariées
S'agissait pas les débaucher
Etant moi-même divorcé
Sournoisement faisais le guet
Le plus souvent belle à croquer
N'avait de cesse de consoler
Que ses clients désargentés
Leur bourse plate, la regonfler
Avec une aide à la clé
Que pécuniaire à rembourser
J'aurais aimé être à leur place
A voir leur air pitoyable
Car étant presque de ma caste
Je les enviais ces pauvres diables
Doté que d'une paye de facteur
Sûr d'être traités comme des seigneurs
Mais c'était pas toujours la joie
Car fallait se les supporter
Frileuses, bêcheuses, mal virées
D'où ma méfiance pour ces nanas
Pour indigents dures à la tâche
Intérieurement, fières bravaches
Rudes féministes hystériques
Prêtes à défier les hordes de flics
Pas de leur sexe, manque de bol
Inutile leur parler football
Bien au contraire les soutenir
Pour leurs causes humanitaires
Je m'y pliais, pince sans rire
En tant que confrère, solidaire
(Tout angélisme a ses travers…)
Alors mes potes de boulot
Se jalousaient ma position
Tant de pisseuses dans mon bureau
Vous passe les qu'en dira t'on
Avaient la gerbe ces oiseaux
Titre « assistant » au masculin
Me l'affublaient au féminin
Avec un « e » juste à la fin
Pour railler mon fruste carrossage
Velu, poilu torse et visage
Alors la barbe ces rustres anciens !
N'empêche ma pomme, gâtée à souhait
Comme d'internet pas vraiment doué
Me portait secours, une de ces fées
Ménageant pas ses connaissances
M'en enseignait avec patience
Sur l'art de savoir pianoter
Mais que sagement sur le clavier
Car bas les pattes sur ses nénés
Faisant exprès de faire durer
Quel doux plaisir que d'admirer
Ses attributs, mortels fessiers
A demeurer interloqué
Qu'à la fin n'avais rien pigé
Comment l'ordi, même l'allumer
Une autre flamme m'animait
Qu'aujourd'hui serais considéré
Ignoble vulgaire, sale goret
Me croyez pas, vous en raconte
En vérité, j'en avais honte
Ne pipant pas, j'obtempérais
Pour soudoyer ces mal lunées
Qui venaient souvent me dépanner
Les réunions entre nous AS
Je m'y rendais avec mollesse
Pour en remettre sur le métier
J'avais tendance à roupiller
Un verre de gnole me manquait
Mais interdit aux PTT
Moi-même prêchant pour s'en priver
Comme j'étais en minorité
Devais subir leurs manières
A m'enfiler tasses de thé
Bonbons, gâteaux, pour pas déplaire
Tout avantage cependant
A toujours ses inconvénients
Car pour un meuble, déplacer
Devinez qui devait s'y coller
Encore mes zigs, prince charmant
Devais mener une vie heureuse
Selon mes potes, pas des lumières
Les apparences étant trompeuses
A chaque instant peur de mal faire
Hélas de force célibataire
N'osais pas dire « qu'elles aillent se faire traire
Maudites vipères, ces mémères… »
(Entre parenthèses, quand j'ai les nerfs
Il faut toujours que j'exagère)
Dès lors en retraite, j'en rigole
De ces années pas vraiment drôles
Pourtant si chers souvenirs
De ces copines, presque à chérir
Facile après faire le mariole
Crache dans la soupe, vilain menteur
En trahissant ces bonnes sœurs
Mais essentiel pour être connu
La poésie faut que ça pue
Ainsi me pèse ma mémoire
Derrière moi, années de gloire
Aussi m'épanche sur mes histoires
Hélas passées, se fait bien tard
Quel bel ensemble, l'existence
Jeunesse, âge mûr, la décadence
On en mesure les conséquences
Lorsqu'on se rencontre, éberlués
C'est fou ce qu'on a tellement changé
Il y a des Etres auxquels on pense
De ces bouts de femmes consciencieuses
Mais qu'on regrette, pour leur bon sens
Qui au fond, de moi s'en balancent
Ne lisant pas mes vieilles romances
Preuve de leur intelligence
Pansent les plaies, ces laborieuses
Des mendigots, seuls en souffrance JC Blanc décembre 2017(souvenirs)
Beaux souvenirs
· Il y a presque 7 ans ·nehara