Louise.

Paul.

Tu dors. Moi pas encore. Alors je te regarde. Tu ne le sais pas, et tu ne m'entends pas, mais je le fais souvent. Je ne te l'ai jamais dit, mais tu es beau quand tu dors. Tu as gardé ton air d'enfant. Je parle de cette façon de plisser tes lèvres vers l'avant et de tirer une expression de moue. J'ai analysé tes phases de sommeil. Je sais que dit comme, cela peut parait bizarre. Mais il est important pour moi de savoir que tu dors bien. On dit que le sommeil est la moitié de la santé.

Je voudrais au moins que tu déjà à moitié en bonne santé. Tu rêves. Moi pas encore. Je ne sais pas de quoi. Mais tu ne bouges plus, tu respires lentement et calmement, ton sommeil n'est pas aussi agité que la nuit dernière. A ton réveil, je ne serai plus là. Et tu n'en sauras rien, je pourrais te laisser une lettre d'adieu ou d'au revoir, mais je ne sais pas encore si je reviendrais ou non, et je ne saurai quoi te dire non plus, elle serait soit trop courte, soit trop longue. Je partirai donc lâchement. Avec comme seule compagnie la brise du vent. Je partirai dès le levé du jour.

Tu dormiras. Encore. Et moi, je serais en route pour ce qu'on appelle une nouvelle destinée, je ne sais pas encore ce qui m'attend là-bas, au bout de ce long chemin sinueux que je m'apprête à prendre, mais quelque chose me dit, cette petit voix dans ma tête, que c'est maintenant où jamais. J'ai choisi le maintenant. « Pendant qu'il est encore temps. » Peut-être que j'ai tord, et que ce parcours seras parsemer d'obstacles qu'il me faudra surmonter seule. Je ne suis pas sûre d'y arriver, ni même certaine d'être prête. Mais comme je te l'ai dit, il me faut partir.

Tu gesticules. Ton sommeil se fait agité. Peut-être sens-tu mon départ. J'ai toujours trouvé que tu avais une sorte de don pour voir ce qui n'allais pas chez les gens, tu avais toujours su voir en moi ce que d'autre et même moi ne voyait pas, et à ta manière, arranger les choses. Cette fois, c'est à moi d'entamer mon propre processus de guérison. S'il te plait, ne te précipite pas bêtement a ma recherche, ne pars pas tête baissée comme tu as pour habitude de le faire.

Je reviendrais.