"Louise, Parle-moi."

Louise, Louise. OH LOUISE. Tu pensais à quoi, ne hausse pas les épaules pour me dire rien, je te connais, tu avais ces plissures sur ton front cet air renfrogner et tu pinçais légèrement tes lèvres avec tes dents du haut, tu as aussi arrêté de tripoter cette patte-à-modeler que tu tiens entre tes doigts, tu pensais.

T'as changé tu sais et ne dit pas le contraire, tu cherches constamment à repousser tes limites, comme si tu n'en avais pas, mais tu ne peux pas continuer comme ça Louise, ça te tuera un jour. Je veux parler de tout ces médicaments que tu ingères pour dormir, de tout ce café que tu ingurgites pour rester éveillé, de toutes ces marques sur tes bras parce que ça ne va pas. Tu pourrais parler tu sais, tu n'es pas muette, je ne comprends pas pourquoi tu veux l'être, tu me parlais avant.

Tu pourrais me regarder aussi quand je te parle, si tu crois que ça m'amuse moi de te faire la morale comme à une enfant de deux ans. Pourquoi tu le fais alors. Tu n'as plus deux ans. Parle-moi merde ! Dis-moi ce qui ne va pas, je suis là ! Je suis pas invisible merde ! Je suis ton ami pas un étranger !

J'comprends pas pourquoi tu t'obstines à faire tout ça, à aller mal, à vouloir te foutre en l'air comme si rien ne valait la peine d'être vécue, c'est vrai que c'est dans ma tête tout ça, dis-le, j'comprends pas pourquoi tu m'détestes alors que j'essaie de faire au mieux pour toi, et je te laisserais pas crever tu sais. Peut-être que tu devrais.

J'comprends pas pourquoi du jour au lendemain tu as cessé de me parler, de me raconter tes journées de lycée, j'ai jamais compris pourquoi tu as arrêté de sourire, de rire, de parler, Parler ça sert à rien Paul. de chanter, de danser, t'as même arrêté de t'alimenter à un moment, pourquoi, dis-moi pourquoi Louise, je t'en supplie, parle-moi.

*

Rien, elle ne m'a jamais décroché un mot depuis cette fameuse nuit d'Octobre, pourquoi ce soir là, je ne sais pas, j'ignore totalement ce qu'il s'est passé, ce qui lui est arrivé, ce qu'on a pu lui dire ou ce qu'elle a pu voir, mais elle ne m'a plus adressé un seul mot depuis ce soir là. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle me parle, et je suis encore prêt à tout pour entendre le son de sa voix, ne serait-ce qu'une dernière fois. Elle a simplement débarqué chez moi comme elle le faisait souvent en pleine nuit, elle avait le double des clés, mais cette fois-là, elle avait pleuré, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, elle avait asséché ses yeux, ça se voyait sur son visage, et une détresse en vous en faire sauter le cœur transparaissait dans son regard.