Loulou (2)

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J'aime bien me brosser les dents avant les pieds, j'ai un instant de fraîcheur.

Loulou avait déjà les gestes barrières acquis: au démarrage de ses machines, il faisait en sorte à ne pas mettre sa bouche trop près du nez de ses avions. Une humidité trop présente pouvait alourdir les vols de ses 747 de Bristol et les écraser trop tôt sur le parquet d'érable vernis. Aussi, quand il embrassait sa femme au lit, il posait un doigt sur sa bouche pour ne pas l'entendre lui dire : « T'as pensé à sortir les poubelles ? Demain c'est mercredi !»

Au gymnase, il avait décoré la salle de basket en pas perdus et de quelques poissons, les filets. Monique venait de temps en temps lui rendre visite pour le distraire de son ennui et lui porter colis.

« Tiens mon Loulou, j'ai récupéré une ramette chez Virginie ! »

Loulou aimait faire voler ce papier si fragile, ce papier à En-tête. Il disait de lui qu'il avait le grammage de la pudeur et le bruit du toucher tout à la fois.

Virginie vendait en porte-à-porte des solutions aqueuses pour faire tenir le cheveux droit sur la tête. Avec la recrudescence des peignes électrostatiques sur Amazon, elle facturait de moins en moins et pensait faire marche arrière quant à ses ambitions capillaires.

Virginie était pulpeuse comme une orange et sa vertu plus mûre qu'un fruit de supermarché. Elle pouvait dans un après match, entre les bières et les cacahouètes, faire la roue sur la table à tréteaux sans que cela ne fasse trop bizarre ou paon. Virginie avait des expressions que même le meilleur des Almanach Vermot n'aurait eu assez de pages ou d'esprit pour les publier.

« C'est tellement un trou du cul, que si tu lui donnais un bouton de manchette, il attendrait le second pour te faire les 2 pieds ! »

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