Loulou.(1)

effect

Jouer la comédie, c'est jouer du Brecht sans oublier les entractes.

Il était faiseur de planeurs en papier. Il faisait en sorte que tout puisse s'envoler en soufflant dessus. Il habitait un gymnase désaffecté et fabriquait des avions pour les faire tourner en rond. Il se lançait chaque jour un défi de plus. De la feuille A4 pliée en deux avec bec propulseur triangulaire, il était passé au format A3 de couleur et à bouts arrondis, les doigts dans le nez. Le surplus de matière première et le poids des encres Chinoises avaient fait de lui un spécialiste du vol de tracts publicitaires pas cher.

Monique, qui avait eu l'intention de monter un salon de coiffure en pleine année de COVID, s'était résolue à lui faire don de ses 3 kilos d'affichettes non contractuelles.

- Tiens mon Loulou, c'est pour toi !

- Putain ma Monique, t'es folle ! C'est super gentil mais quand même ! Tu peux pas t'en resservir  pour l'année prochaine ? Y aura toujours des boites aux lettres pour quelques flyers !

- Ben... faudrait tout refaire à zéro... la mise en page... recontacter Zuhiwhan de Tractopus... changer la date d'ouverture... le prix des coupes et du brushing, sans compter ceux du shampoing et du chignon... alors autant se faire cuire des nouilles à la poêle !

- Bichette ! T'as du courage ma Momo ! Il en faudrait plus des comme toi !

En fait, Loulou se foutait du malheur de Momo. Lui, Loulou, ce qu'il voyait, c'était qu'il allait pouvoir s'envoyer plus de 3000 avions en l'air pour que dalle.

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