LR398 : Rimes à rien 6
Fionavanessabis
Miroir
Sous l'effet de mon souffle
Tu perds ta noirceur et le voile s'évapore
Je découvre mon visage
Neuf sous l'effet de l'eau
Revisité par les années
À cet instant je ne suis
Le souffre-douleur de personne
Pas âme qui vive si ce n'est la mienne
Et ma vie sonne
Bien
Cet instant fugace dans la salle de bains m'agace
Autant que mon reflet dans la glace
Le dehors m'appelle et me refuse à lambiner
Dans l'être bien avec soi
Plus qu'on ne croit
Plus que quoi
Que je sois
Quoique
Pas besoin de miroir
Au fond pour ça
Respirer à fond
Et je suis moi
Je suis ce que je dois.
Ma marraine me l'avait dit,
Déjà au berceau,
Tu vas à vau-l'eau,
Vole au vent plutôt,
Vis ta vie loin des râteaux rase-motte
Loin des Narcisse et des bergamotes
Loin des fumeux enfoirés de France et de Navarre
Vole où le vent te porte
Vole un instant ma douce et pousse les murs
Pousse la porte et découvre ce qui s'ouvre à ta vision
Elle me susurrait des choses du genre
À se retourner dans sa tombe
À retourner d'où l'on vient
Mais je n'en fis qu'à ma tête et suis tombée de Charybde en Scylla, Charybde était pervers et Scylla n'y était pas.
Ils m'ont appris
À fuir les beaux parleurs à coucher dehors
Les alter ego qui vous veulent tout de go
Avec leur nez de bois qui pousse long comme le bras
Et vous disent que vous êtes incroyable
Mais pourquoi ne le sont-ils pas eux, incroyables, quand ils murmurent sous votre armure
Sans eux
Cet instant de grâce devant ma glace n'aurait pas la même saveur
Celle d'une liberté retrouvée
Ils ont eu beau déniveler et crevasser mes joues et blanchir mes ardeurs
Les jours me font encore montrer les dents
Si on me chatouille le coeur
D'où ce besoin d'espace
Pour pleurer ma race
De mélancolie.
Chercher le rebond
Depuis ma salle de bains
Franchir le pas
De la porte
Ou pas.
Se laisser porter
J'attends
Que mes bleus aient viré au noir
J'attends d'y voir clair
Précisément
Là je ne vois que des yeux fatigués
Pour qu'y naisse un regard mutin
Il t'a fallu toi
Un oxymore de jais cristallin
Que dans mon dos cabossé
Se dresse mon menton
Mes épaules se gaussent de se hausser si souvent
Me hisser au vent du soir
Avec l'araignée de l'espoir
Dévisser
Le carcan qui saoûle à force de serrer
Traverser
Le champ des impossibles vérités
Surtout quand elles ne sont pas bonnes à dire
Je vois perspicace
Ma vie sans toi
S'ouvrir en un dédale où je m'embarque dans des allées et venues où tu n'es jamais venu
Où je vais
Je n'en ai convenu
Mais c'est là ma voie
Ma source et mon ruisseau
qui ne va plus à vau-l'eau
À quoi bon ravaler la déconvenue
Ça ne convient pas à tout le monde ça
Ça laisse les gens de glace devant leur miroir
Pantois
Et pantelants
Avec pantalon pourtant
Ils étaient partants
Pas moi
Je ne pars plus nulle part
Je reste
C'est mieux pour la santé de rester chez soi il paraît
Mais depuis longtemps j'ai appris
À rester
Chez moi
À n'y inviter personne
Comme toi.
Suis-je guérie ?
Étais-je malade ?
Mais je vis et j'investis mon foyer
Flamme douce
Source sûre qui susurre combien je suis aimée
Moi qui ai voulu ne plus
à qui ne voulait pas plus
un peu moins sûre de rien
C'est à n'y pas reconnaître son chien
En revanche les miens se reconnaîtront
La nostalgie s'invite encore
Elle me lave bien il faut dire
Au-dessus de tout soupçon
Ne pas prendre un oui pour un non
Ni les gens pour des chiens
C'est l'heure de sortir la tête
Des épaules
Passer le cap de l'entrée
Dévaler les escaliers
Faire de la varappe et des rips
De la place et des rimes
Mais pas de plat
Faire du lard
Où des petits pois
Faire bonne figure contre mauvais augure
Faire contre mauvaise fortune
Bon coeur
Bonne heure
Bonne mine
Dure à cuire
Lente à guérir
Mûre à point
Bonne à rimer à rien
À prendre comme si de rien n'était.
Pas finie ma fin
Infinie faim qui justifie injustement et très moyennement les moyens
Toute fin n'est pas bonne à dire à la fin
Mais le jour tend à sa fin
Et y parvient
Toujours
En l'espace d'une journée
Ressuscité
Et comme j'ai franchi le pas
J'y parviendrai
À la fin
A y mettre un terme
Il n'en faudra pas plus finalement
Pour le mot de la fin
Fin de l'histoire
Histoire d'en rire
Histoire d'un jour
Histoire de dire
Fin d'une histoire d'amour
Sans fin
Et sans retour.
J'adore !!
· Il y a presque 4 ans ·Louve
Merci Louve !
· Il y a presque 4 ans ·Fionavanessabis
Superbe texte, bravo !
· Il y a presque 4 ans ·yl5
Thanks, sweetie. L'occasion fait le larron, merci pour la perche tendue, j'aime cet exercice des mots imposés par autrui.
· Il y a presque 4 ans ·Fionavanessabis
Tu as de la chance, celui-là est "court", je l'ai recopié tard et me suis rendu compte une fois fait que j'avais omis... 3 pages!!
· Il y a presque 4 ans ·Fionavanessabis