LR703 L'autre.

Christophe Hulé

Parasol, amour, penser, tordu, citron.


On peut bien, on peut toujours, penser l'amour.

Ou compenser le manque d'amour, panser les plaies qui jamais ne se refermeront.

Il est tordu de croire que l'amour se façonne, s'envisage, comme un crime parfait.

Toujours soigner les détails, ne rien laisser au hasard, en faire une science exacte.

L'amour vous tombe dessus par hasard et repart de même.

Le cœur pressé comme un citron, rechercher les causes est vain.

Comme la vie qui passe, plus ou moins vite, plus ou moins bien.

L'amour ne sera jamais périmé, même si le voyage dans le désert s'éternise.

Il aura vécu et ne veut pas mourir.

On peut bien bâtir des barricades de haine, le mal, on ne le fait qu'à soi-même.

L'autre n'existe plus que pour soi, l'autre est ailleurs, l'autre n'est plus le même.

On feint alors d'aimer la solitude, de s'y sentir bien, d'y trouver la paix.

On s'invente des passions de substitution, on fait son nid.

Le tort est de rechercher l'autre dans un autre, et de n'y voir qu'une pâle copie.

Heureux celui qui peut tourner la page, porté par le hasard.

Nul ne « refait » sa vie, on la poursuit autrement.

Les naufragés, plus ou poins abîmés, retournent naviguer ou restent dans les terres.

Le miracle se produit à nouveau, ou n'est plus qu'un souvenir.

Aucun parasol ne saurait vous protéger de ces rayons là.

L'amour ne se pense pas, il vient ou il s'en va, comme un chat.

Le forcer ou le retenir ne mène à rien.

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