LR857 yl5 texte à contraintes

Mademoiselle Plume sur une brocante a acheté une amphore.

Sa forme lui plaît beaucoup

Pépé qui s'y connaît un peu lui affirme que ce vase est de style « Brutaliste ».

- C'est quoi ce style ? C'est un genre de philosophie artistique contre la brutalité souveraine ?

- Mais non fillette, c'est un style audacieux et radical, né dans l'architecture de l'après-guerre. Il privilégiait sans complexes les matériaux bruts, l'exhibition de l'infrastructure technique et la rupture avec le passé.

Ses premiers promoteurs furent les Britanniques Peter et Alison Smithson, mais ses deux plus grands noms sont des stars : le Corbusier et Mies van der Rohe 

- Et bien t'en connais des choses pépé dit Mademoiselle Plume admirative. J'irai m'informer sur l'ordi …Ou je demanderai à mon pote Jef c'est mieux encore… il est architecte !

Oh regarde il y a un truc au fond, je ne l'avais pas vu ! Aie il y a une bête qui vient de me mordre ! Saleté d'araignée ! Ils pourraient nettoyer leur marchandise quand même !

- Montre ta main ? Bah ! Ce n'est pas grave ! C'est quoi ?

- Un tout petit parchemin plié en quatre…C'est peut-être une carte pour trouver un trésor…

- Ouvre !

Mademoiselle Plume déplie le document

- C'est une poésie ! Je lis ! Tu écoutes pépé ?

- Yep ! Vas-y gamine !

- « Tristesse, ennui, chagrin, langueur, mélancolie, »

Oups ça commence mal….

- Continue !

- « Troublerez-vous toujours le repos de ma vie ?
À toute heure, en tous lieux, sentirai-je vos coups,
Et ne pourrai-je pas être un moment sans vous ?
Je viens dans ces déserts chercher la solitude,
Où, seule, loin du bruit et de la multitude,
Je puisse en liberté dire mes sentiments ; »

- Ben dis donc ! Ce n'est pas gai gai tout cela !

- Cela ressemble à une élégie et je crois savoir de qui c'est…

Une de ses poésies lyriques dont elle avait le secret. Sans doute recopiée et oubliée dans ce vase par une amoureuse déconfite.

Poursuis ta lecture

- Plume soupire et prend une voix de tragédienne…

…« Déserts, soyez témoins des peines que je sens.
L'esprit tout agité de nouvelles alarmes,
Je viens ici cacher mes soupirs et mes larmes ;
Comme aux seuls confidents de ma vive douleur,
Je viens vous découvrir les secrets de mon cœur.
Le chagrin me dévore, et mon âme abattue.
Sans force et sans secours, cède au coup qui la tue.
Je souffre sans savoir ce qui me fait souffrir ;
Je cherche, mais en vain, les moyens de guérir.
De mes yeux languissants un éloquent silence
En dépit de moi-même explique ma souffrance ;
Je n'ai point de repos, ni la nuit ni le jour :
Hélas ! D'où vient mon mal, n'est-ce point de l'amour ? »

- C'est tout ?

- Oui pépé.

- Il y a une suite, c'est une poésie de la Comtesse de la Suze, j'avais raison !

- Note qu'avec un nom pareil si elle en abusait ce n'est pas étonnant qu'elle soit si tristounette…

- Mais ? Qu'est-ce que tu racontes ?

- « La Suze » pépé, la liqueur de gentiane apéritive amère de couleur dorée à base de gentianes jaunes ! Tu vois ? Elle a poussé sur l'apéro ta Comtesse !

- Tu sais quoi Plume ne te fais pas plus idiote que tu es et va me retrouver la suite sur ton ordi…

- Oui pépé à vos ordres pépé… Pfff ! Après on se prend une petite Suze ? Mémé n'est pas là….

-…