Luberon Rouge Sang - chap 28

Christian

Tout recommence !

Il est 6h du mat. Le portable perso de Franck hurle, il se maudit de ne pas l'avoir mis sur vibreur hier soir, enfin plutôt ce matin à une heure.
Il s'apprête à l'éteindre dans un accès de rage, quand, de son œil ouvert, il aperçoit le nom de Georges, l'oncle paternel de Quentin qui s'affiche.

—Georges t'as vu l'heure, ça va pas ? Répond-il la voix enroué, l'esprit encore dans les brumes du sommeil.

— Je l'ai tué, Inspecteur, je l'ai tué.

Les paroles de Georges finissent de réveiller complètement Franck.

— Putain tu as tué quoi !

— Le monstre, je l'ai touché à mort cette nuit, vite, il faut aller sur place, il ne sera pas allé loin, il ne tenait pas debout.

— C'est où ?demande Franck enfilant déjà un jean.

— Là où Quentin est mort hier matin !

— J'arrive, je te retrouve au commissariat d'accord.

— D'accord !

Franck n'en revient pas, l'affaire aussi horrible soit-elle s'arrêterait avec la mort de ce monstre !.

Il retrouve Georges, déjà arrivé.

— Bon tu m'expliques, !

— Il faut aller sur place immédiatement et le retrouver, il faut des hommes  il devrait être mort à cette heure, mais on ne sait jamais !

— Ok, OK Georges ! J'avertis aussi Yann, nous n'avons pas le matériel pour ramener ce monstre si on le retrouve.

Deux voitures de police et un véhicule de pompiers à 6h30 du matin se faufilent dans le vallon de l'Auguebrun. Le convoi s'arrête en vu de l'endroit ou Georges à tiré sur le Monstre.

Le soleil est encore très loin de pénétrer les gorges, l'air est froid et humide, la lumière est encore dans le gris cendré de l'aube.
Georges ouvre la marche d'une petite troupe armée, deux policiers armés de fusils au moins aussi puissant que celui de Georges et Franck à l'arrière arme d poing dans la main, au cas où.

— Regardez, je vous l'avais dit, des traces de sang, il a retraversé la rivière et l'a descendu, il ne doit pas être très loin.

Le groupe progresse encore près de 400 mètres, ils ne sont plus très loin de l'endroit où le sentier débouche sur la départementale.

— Soudain Georges s'écrie ! Regardez la devant au milieu du chemin, le voilà.

Une grosse masse écroulée au milieu du chemin, tous ils se mettent en position de tir, mais rien ne bouge. Tous traumatisé par les ravages de la bête, ils avancent doucement.

Puis ils aperçoivent à quelques mètres du monstre qu'il ne bougera plus, ces entrailles débordent sur le chemin.

— Putain c'est quoi, ce bordel, il c'est fait éventré lui aussi ! s'exclame Georges.

Franck toujours à l'arrière repasse devant et contemple le spectacle peu ragoutant.
Un sangler énorme, sur pied il devait faire au moins 1,5 au garrot et il était là devant eux complètement éventré, en travers du chemin.
Ils étaient tous scotchés, mais un des policiers en s'approchant fait remarquer.

— Regardez de plus près, il a été ouvert au couteau, suivez cette entaille elle court le long du corps comme un cochon que l'on aurait ouvert.

Georges s'approche, soulève la peau épaisse de la bête.

— Aidez moi à soulever, c'est super lourd il pèse une tonne ce bestiau, non mais regardez, il a été vidé de tous ses organes !

— Franck, d'un coup réagit et reprend son rôle d'inspecteur, ne touchez plus à rien, je vais appeler la scientifique, ceux qui ont charcuté le bestiau ont du laisser des traces, on retourne sur nos pas et retour aux véhicules.

Franck reçoit un appel de Yann.

— Vous l'avez trouvé, on peut descendre.

— Oui, mais ne bouge pas ! On remonte, je te raconterai.

Sur le chemin du retour Franck appelle son collègue et ami Joseph, vu l'heure celui-ci n'est pas encore arrivé à son  bureau d'Avignon, il lui  précise en deux mots la situation sur son répondeur en lui indiquant qu'il l'attendra sur place.

— Franck que se passe-t-il ? demande Yann lorsque la troupe émerge des gorges.

— C'est fou on a trouvé la bête, mais elle a été vidée de l'intégralité de ces organes, on dirait un porc passé à l'abattoir.
— C'est une histoire de fous, on nage encore dans l'horreur.

— Je ne te le fais pas dire. Je vais appeler des renforts il faut boucler la route, ça va faire un bordel monstre, mais la "scientifique" d'ici qu'elle arrive, et qu'elle fasse son job il y en a pour la journée, Yann toi et tes hommes vous ne dites rien sur l'éventration de la bête, on l'a trouvée, Georges l'a tuée et c'est tout.

Franck qui pensait que l'affaire allait s'arrêter à la mort du monstre se retrouve à élucider quelque chose qui le dépasse.

Il s'éloigne seul repense au fil des évènements horribles qui se sont déroulés en moins de 24 h. Hier, Quentin et Laetitia n'étaient pas encore arrivés ici, ils étaient venus faire le constat de l'enlèvement d'une épave. Franck s'aperçoit soudain que le garagiste ou dépanneur, venu retirer la voiture, est la dernière personne à les avoir vu vivant. Suite à l'horreur de la mort de Quentin et la violence subie par Laetitia, ils avaient tous négligés le motif de leur présence dans ce vallon.

— Putain s'écrie-t-il, il faut retrouver ce mec et vite.

Il appelle directement Jérémie sur son portable car le bureau n'est pas encore ouvert, pour lui demander de trouver immédiatement la personne qui s'est chargé d'enlever cette voiture et de la conduire directement au commissariat. Elle sera interrogée dans le matin comme témoin voir plus.

Franck reprend l'enchaînement des horreurs
Ensuite ces deux jeunes se retrouvent seuls dans le vallon. D'après Georges la tanière du monstre devait être juste au-dessus de la terrasse herbeuse où le corps de Laetitia a été découvert. Ce serait la raison de son attaque d'après Georges. Mais pourquoi a-t-il dévoré Quentin et pas Laetitia ? Est-ce bien le monstre l'auteur de ce carnage ?Pourquoi Laetitia a-t-elle été violée ?
Des dizaines de questions lui viennent à l'esprit , pour l'instant sans réponse cohérente à première vue, il espère que l'intervention de son ami " Joseph" le mettra sur le début d'une piste.

Son portable sonne c'est le commissaire.

— Franck, vous êtes fou on vient de m'avertir que vous avez fait fermer la route dans les gorges de l'Aiguebrun, ça va déclencher un bordel monstre sur les routes.

— A propos de monstre, on vient de le retrouver, Georges l'oncle de Quentin, l'a blessé à mort cette nuit, on vient de le retrouver au bord de l'Aiguebrun, j'attends la "scientifique" pour démarrer l'enquête.

— Démarrer ? Je ne comprends pas, pour moi vous venez de la terminer avec brio, ce monstre est hors état de nuire, la population va être soulagée.

— Je dis bien démarrer, le monstre à été éventré au couteau  et vidé de tous ces organes, entre le temps où Georges l'a blessé cette nuit et ce matin ou nous l'avons découvert.
— Ouf, c'est quoi cette histoire ?

— Si je le savais commissaire je n'interdirais pas le secteur pour laisse travailler la "scientifique".

— Putain rien à la presse sur ce détail, il faut briefer vos hommes.

— C'est déjà fait, commissaire, et vous !

La remarque de Franck est cinglante, mais le commissaire ne relève pas et le convoque au commissariat dès son retour du vallon de l'Aiguebrun.

La conversation terminée un véhicule arrive toute sirène hurlante. C'est la "scientifique". Joseph en personne se dirige vers l'Inspecteur.

— Merci joseph d'avoir fait le déplacement.

— C'est plus que normal,  ma nièce  est aussi victime.

— Tu as des nouvelles ? Je t'avoue que dans la tempête des évènements, je n'en ai pas pris.

— Elle est sortie du coma, mais elle dort, j'ai demandé qu'on lui fasse des prélèvements, c'est quand même un viol d'une rare violence, j'espère qu'elle n'en gardera pas le souvenir.

— Il faudra que je l'interroge le moment venu.

— Préviens-moi, je souhaiterai être là !

— Ici tu vas avoir du boulot ! Déjà la bête, cette fois tu auras plus que des poils, mais l'intérieur est vide, le ventre découpé comme à l'abattoir avec une scie, peut-être. A voir si tu trouves des traces sur la bête et à proximité, nous n'avons pas dépassé la bête écroulée en direction de l'intersection avec la route, peut-être y retrouveras-tu des traces. Il y a aussi le lieu du crime. Est-ce la bête qui a fait tout ça où une autre personne ? J'ai fait rechercher le chauffeur d'une dépanneuse, dernière personne à les avoir vu ici même, je t'enverrai ses prélèvements ADN.

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