Luberon Rouge Sang - chapitre 5
Christian
De retour sur Aix.
— C'est quand même étrange nos quatre petits cochons, ne devraient pas survivre sans leur mère, ils sont incapables de faire des grandes distances, avec leur petites pattes de deux jours, nous avons dû faire chacun au moins 5 km en amont et en aval de la voiture.
— Rémy, je pense à un truc, mais tu vas encore me dire que je suis parano.
— Vas-y Julien ! Au point où nous sommes réduit, un mort, quatre cochons disparus, 3 années de travail perdues !
— Si les cochons n'étaient déjà plus dans le pickup au moment de l'accident !
— Tu veux dire que les cages se seraient ouvertes en cours de route, mais des automobilistes auraient vu tomber des cochons !
— Non ! Ce n'est pas à cela que je pense. Bien que nos travaux soient assez confidentiels, tu sais très bien qu'avec la nouvelle technique du CRISPR/Cas9 qui s'est diffusée dans le monde entier, nous avons des équipes concurrentes. Elles travaillent également sur l'ADN de porc pour essayer d'y intégrer, avec ces ciseaux moléculaires, des séquences ADN du Sus Scrofa Attila, sanglier sauvage géant de Turquie.
— Tu insinues que des personnes auraient intercepté nos cochons !
— Ecoute, j'essaye d'échafauder des hypothèses, sans traces de cochons, pourquoi ne pas penser que des personnes mal intentionnées ont cherché à subtiliser le fruit de nos recherches dont ces cochons étaient quelque part l'aboutissement.
— Mais il faudrait alors que nous soyons espionné, que des personnes sachent que nous travaillons avec plusieurs producteurs de porcs en Bretagne et qu'en plus ils aient eu vent du parcours de cette voiture.
— Nous avons mis au point des protocoles de communication sécurisés, tu y as longuement participé, pour le transfert de nos études avec leurs résultats, mais rien ne nous garantit que nous ne sommes pas sur écoute.
— Bon Julien, nous allons discrètement surveiller le secteur, contacter des sociétés de chasse, pour essayer de savoir si nos bestiaux n'ont pas été vus quelque part morts ou vifs, ensuite on avisera pour suivre la piste des espions.
Ils reprirent la direction d'Aix-en-Provence, Julien réfléchissant déjà au discours à tenir à ces financeurs.
Seul Julien connaissait le véritable enjeu de leur travail génétique sur ces porcelets. Sous le couvert de rentabilité croissance-masse musculaire, leurs généreux donateurs les finançaient largement pour développer des organes humains totalement compatibles avec l'ADN d'un homme qui serait transféré dans l'ovule du porc.
98% du génome du porc étant compatible avec celui des hommes, il avait réussi à faire produire par les porcelets le cœur, mais aussi, le foie ou les reins. Julien s'était personnellement chargé de cette opération complexe, il avait fractionné au maximum les taches confiées à plusieurs équipes, chacune travaillant sur une séquence, personne n'avait une vue d'ensemble et Rémy lui faisait une confiance aveugle.
La disparition soudaine de ces porcelets impliquaient nécessairement de recommencer un processus long et complexe. Julien angoisse de perdre la confiance de ses puissants commanditaires.
La thèse de l'espionnage crapuleux avait au moins le mérite de le mettre un peu hors de cause face à cet évènement extraordinaire.