Lui

frenchysparrow

C'est mon premier "long" texte. Plein d'imperfections mais je ne peux que progresser :)

Il est 00h27 et je n'ai pas envie de dormir. 

En fond, la radio joue « Stairway to Heaven » et je pense soudainement à Lui.

Lui qui m'a fait écouter ce morceau pour la 1ère fois.

Lui qui a fait battre mon cœur pendant si longtemps.  

Lui qui sera papa dans quelques mois.

L'annonce de sa future paternité a été rude à encaisser… C'était il y a une semaine pourtant. Pendant quelques secondes, en lisant son sms, je suis restée bloquée. Certes, je me doutais qu'un jour il deviendrait père. Suite logique de la vie. De sa vie. Mais ça m'a foutu un sacré choc.

Quelques minutes après avoir appris la nouvelle, j'étais allée me coucher. J'avais mis de la musique en fond pour m'endormir mais ça avait eu l'effet inverse. Les larmes avaient coulé d'un coup. Puis les sanglots avaient suivi. De gros sanglots à en avoir mal à la gorge.

Ce n'était pas cet amour qui n'est plus que j'avais pleuré. Enfin … Pas totalement.

C'est cette putain d'impression que ma vie n'avance pas qui m'a rendu triste. 

J'ai 30 piges. Un boulot qui me satisfait à moitié, ce foutu (presque) prince charmant qui prend son temps pour venir m'arracher à la routine quotidienne, les potes qui, eux, construisent leur vie, et ce vieux sentiment de solitude qui s'enroule autour de moi. Toujours un peu plus.

Et même pas foutue d'être proprio. D'avoir un truc à moi. Mais comme m'a dit mon banquier l'autre jour : « C'est plus compliqué quand on est célibataire! ». J'ai pensé très fort : « Tiens, prends-toi ça en pleine gueule ! ». Même mes parents , je commence à les sentir inquiets quant à mon avenir amoureux. Ils me glissent parfois la fameuse question, un peu comme si de rien n'était : « Sinon, tu n'as rencontré personne ? »


Faut dire, ma vie amoureuse est depuis 2-3 ans assez bancale. Après avoir été une ligne blanche franche et continue pendant 5 ans, c'est aujourd'hui une belle ligne pointillée. J'ai eu quelques plans cul histoire de sortir de mon train-train, de voir d'autres personnes, de reprendre contact avec la chair. Et puis il y a eu une petite histoire qui a vécu quelques mois. Le mec était sympa, attentionné, doux… Mais que voulez-vous : j'me faisais chier. Et prendre mon pied au lit ne me suffisait pas. La fameuse flamme ne s'était pas vraiment allumée. Je me suis pourtant laissée du temps mais c'était peine perdue. J'ai préféré y mettre fin avant qu'il y ait trop de dommages collatéraux…

 

Suis-je trop exigeante ? Est-ce que je recherche le mec qui n'existe que dans mes fantasmes ? Est-ce que j'idéalise trop la gente masculine comme j'ai eu tendance à le faire par le passé ?…  

Vous voyez gros comme une maison de qui je veux parler ? De Lui : le futur papa! 

 

Lui, je l'ai aimé beaucoup. Trop. Je l'ai mis sur un piédestal pendant des années. Et j'ai mis du temps à l'en faire redescendre. J'ai commencé à l'aimer enfant et à 18 ans, il faisait toujours autant battre mon cœur. Je suis, je crois, une éternelle amoureuse… Une sorte de cœur d'artichaut qui vit plus pour l'autre que pour soi-même…


Lui dans le Sud de la France, moi à Paris.

Le point de notre première rencontre alors que nous avions 10 ans (et de nos retrouvailles annuelles par la suite) était un petit patelin au cœur de la Bourgogne. Nous y avions chacun une maison de campagne. Alors, dès que les vacances scolaires s'annonçaient, je savais que j'allais le revoir. Pendant de nombreuses années, j'ai attendu ces vacances avec encore plus d'impatience que mes camarades. On correspondait les autres moments de l'année. Enfin j'écrivais des lettres. Enormément. Lui y répondait … De temps en temps.


Je l'aimais en silence. Très tôt déjà, je n'avais pas ce qu'on appelle une grande confiance en soi alors penser que Lui s'intéresserait à moi était impossible à imaginer. (Vous le voyez, là, le beau piédestal ?). Je ne voulais pas me confronter au refus. Je préférais vivre mon amour à sens unique même si j'en souffrais.

L'année de mes 14 ans, tout a basculé. Plusieurs paramètres sont entrés en jeu cette année-là. Outre une copine de classe qui l'avait appelée pour lui demander si je lui plaisais assez pour sortir avec moi ; ma cousine m'avait, en plus de cela, posé un ultimatum quelques semaines plus tard. Je Lui avouais tout ou elle s'en chargeait pour moi.

J'ai pris mon papier à lettre, ma plume et je lui ai déclaré mes sentiments. Il n'a jamais pris la peine de me répondre directement. Il avait utilisé ma cousine comme intermédiaire l'été venu : « C'est une super copine, je l'aime beaucoup mais c'est tout. » M'étant préparée à cette réponse depuis un petit bout de temps, je n'ai pas été surprise bien que paradoxalement, j'avais ressenti une pointe de déception.

L'été s'est fini et la vie a repris son cours. Mais mes sentiments ne se sont pas pour autant estompés.

Néanmoins, je vivais ma vie d'adolescente avec ses petites « histoires d'amour » même si un bout de mon esprit et une très grosse partie de mon cœur pensaient à Lui. Et ne vivaient presque que pour Lui (oui oui… Je sais !)

L'été suivant a commencé bizarrement. Alors que je lui racontais mon mois de juillet passé en colonie de vacances en Espagne, pendant lequel j'étais sortie avec un beau brun, il s'était limite énervé, me trouvant, je le cite : « chiante ». Je n'avais pas compris où il voulait aller avec ses réflexions. Pourquoi il était aussi dur avec moi. (Même si je ne vous cache pas que lui avouer cette histoire m'amusait. Je voulais lui montrer que je pouvais vivre sans lui. Que je pouvais plaire à d'autres que lui…) 

Le lendemain, il s'était radouci. À partir de là, a commencé l'un des plus beaux étés de ma vie.

Nous nous promenions tous les jours dans notre campagne au cœur du Morvan, en forêt ou à travers les près. Et jour après jour, nous nous sommes rapprochés. Je dirai presque « naturellement ». Nous marchions bras dessus, bras dessous. Parfois, sa main posée autour de mon épaule, la mienne autour de sa taille. Ça me plaisait. Je trouvais ce contact spontané et vous vous en doutez, très inattendu. Ce rapprochement, bien que platonique me rendait légère et heureuse. Nous étions proches comme jamais nous ne l'avions été. Et pour tout vous dire : ça me suffisait et je n'attendais pas grand chose d'autre. Naïvement, je n'y pensais même pas…

Jusqu'à ce soir-là.

Il avait passé la soirée chez moi. Et alors qu'il rentrait chez lui à une centaine de mètres de là, je décidais de l'accompagner. L'air, en ce début de mois d'août était agréable. Une légère brise soufflait. Nous pouvions distinguer les étoiles et même entrevoir quelques étoiles filantes. Nous marchions, collés l'un à l'autre et d'un coup, nous nous sommes arrêtés non loin de sa maison, sous le lampadaire de la grande rue. Nous nous faisions face. Je me suis blottie dans le creux de son épaule. Soudainement, les lumières du village se sont éteintes et seule la lune nous éclairait. J'ai relevé ma tête, nous nous sommes regardés et nos visages se sont rapprochés. Ses lèvres étaient chaudes et ses baisers tendres. A l'instant où nos lèvres se sont touchées, j'ai ressenti une immense explosion de joie à l'intérieur de moi. Mon cœur battait si fort. Nous nous sommes souhaités bonne nuit et je suis rentrée chez moi, tout chamboulée par ce qu'il venait de se passer. Les battements de mon cœur n'ont pas pour autant ralenti. Je vivais un rêve éveillé. Ce soir-là, j'ai pleuré… de joie. 

Les 2 semaines suivantes, j'ai vécu littéralement sur un nuage. J'avais cet air béat, rien ne pouvait m'atteindre. Je vivais dans ma bulle, j'étais insouciante et pleine d'allégresse. Nous nous cachions de nos parents et de ses sœurs pour vivre cette romance estivale. J'ai encore un souvenir vif de ces moments passés l'un contre l'autre dans la grange : on riait, on se chamaillait gentiment et on s'embrassait. J'adorais passer ma main dans ses cheveux. J'étais bien. Heureuse. Complètement charmée par ce regard bleu perçant qui me fixait tendrement.

Les sorties culturelles que nous faisions avec sa famille avait un goût d'interdit. Dans les musées que nous visitions, nous trouvions des endroits protégés du regard pour échanger des baisers fougueux, très souvent ponctués de fous-rires tant la situation nous paraissait folle. Voire un brin excitant. Nous avions 15 ans et nos hormones nous le faisaient bien sentir.

Inévitablement, le dernier jour de vacances est arrivé. Je le redoutais. Mes parents m'avaient donné l'autorisation de rentrer plus tard. La soirée était à nous. Après diner, je l'ai retrouvé chez lui. Nous sommes partis à la recherche d'un petit coin de verdure en essayant de semer ses petites sœurs qui nous filaient, non sans discrétion… Nous étions seuls, avec la nature comme unique témoin de nos baisers plein de volupté, de nos corps qui se frôlaient, et de cette chaleur entre nous qui montait tout doucement… C'est à ce moment bien précis que j'ai découvert pour la première fois l'émotion intense que provoque le désir… Ses doigts parcouraient doucement mon corps, caressaient mon ventre pour atteindre mes seins. Il a remonté délicatement mon t-shirt qui a laissé entrevoir mon soutien-gorge qu'il a ôté tout doucement, laissant apparaître ma poitrine d'adolescente qu'il est venu embrasser tendrement. Nous sommes restés longtemps collés l'un contre l'autre. Nous ne parlions pas. Seuls nos baisers et nos respirations un peu plus fortes qu'à l'habitude résonnaient dans le silence de la nuit. Nous profitions de ses derniers instants suspendus dans le temps. Je savais qu'une fois l'été fini, notre romance le serait également. Pour toujours.  

 

Et la vie m'a donné raison.

 

On s'est revus les 3 étés suivants. Nous n'avons jamais vraiment reparlé de ce qu'il s'était passé cet été là… Lui a eu différentes copines. Et moi je me suis battue avec ce souvenir qui m'a hanté très longtemps. Et que j'aurai aimé revivre éternellement. C'était tellement précis dans ma mémoire que je pouvais encore ressentir son souffle dans mon cou. Y penser me faisait du bien autant que cela me faisait souffrir.

On ne s'est plus vus pendant 7 ans… Ce n'est que depuis 3 ans que nous avons réellement repris contact, quand les grandes occasions se présentent. Le revoir après 7 ans d'absence et de « quasi » silence a été une épreuve assez stressante pour moi. La peur surtout d'être devenus des étrangers l'un pour l'autre. Finalement, lorsque l'on s'est retrouvés, c'était comme si on s'était quittés l'été d'avant… Nous nous sommes racontés nos vies, nos soucis et bonheurs. Je lui ai avoué ma nervosité à l'idée de le revoir après ces années d'absence. Il m'a confessé ressentir la même inquiétude parce que j'étais une personne importante à ses yeux. Qu'il ne le montrait pas mais qu'il le pensait très fort.  

 

S'il a souvent fait parti de mes fantasmes pendant toutes ces années, aujourd'hui, ce n'est plus le cas. L'annonce de sa paternité a étouffé les songes dont il en était le principal personnage. Tout comme cela a étonnamment stoppé l'afflux de souvenirs si puissants qui refaisait surface de temps en temps.

A l'heure actuelle, je peux affirmer avec certitude que le sentiment amoureux n'est plus là bien qu'il fera toujours un peu partie de moi.

Néanmoins, subsiste une immense tendresse que je ressens pour lui et qui restera là jusqu'à ma mort.

Je le sais.

Et je ne veux surtout pas que cet attachement si précieux à mon cœur disparaisse.

 

 

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