Ma naïade préférée
Laurent H
*** Sur ma dune. ***
J'aime m'asseoir sur le haut de cette dune. De là je peux contempler tous les alentours, la plage à perte de vue, les toits des maisons de cette petite bourgade du bord de mer où je me rends en été pour me reposer des turpitudes de la vie parisienne, et les promenades à lattes de bois où des vacanciers nonchalants flânent sous le soleil.
L'après-midi se passe de façon paisible. J'observe la vie autour de moi, je prends des notes, je dessine. C'est comme cela tous les jours.
Mais il y a une autre raison pour laquelle je viens sur mon poste d'observation : une femme envoûtante m'amène à braver le vent qui souffle en grandes rafales à la hauteur où je me trouve.
*** A la tombée du jour. ***
Elle apparaît à la toute fin de la journée. Tous les jours sans exception. Quand la plage est déserte et que le soleil plonge dans l'océan inexorablement seconde après seconde. La luminosité est encore suffisante pour l'observer sortir de l'eau : sublime, une longue chevelure brune et un visage irréel.
Elle porte sous ses bras gracieux, un surf d'un blanc éblouissant dans la clarté luminescente du crépuscule. Comme je suis assis à observer la plage depuis des heures, je peux affirmer que je ne la vois jamais rentrer dans l'eau....
*** La naïade ***
Et pourtant....
Elle sort de l'eau tous les soirs devant moi, monte sur son surf et virevolte dans les vagues.
Tout d'un coup, l'océan devient une toile où se projette les images sorties tout droit de mon passé et de mon imagination : la Venise du 17ème siècle, la surface de Mars, les jardins de Versailles, le château de Chambord, les personnes qui me sont chères, les femmes que j'ai aimées, les villes qui m'ont fait vibrer, Londres, Montréal, Jérusalem, Liège, Athènes, Paris et bien d'autres, Vivaldi, les endroits où j'ai aimé flâner, mes souvenirs les plus délicieux et les plus marquants, toutes les petites bribes de mon existence qui ont construit ce que je suis et ce qui me font aimer la vie.
La surfeuse brune semble savourer l'effet que sa magie produit sur moi. Je la vois me regarder en souriant avec malice.
Puis lorsque le soleil disparaît à l'horizon, elle replonge brusquement dans les ondes et ne réapparaît plus.
Le vent est maintenant glacial en haut de ma dune qui se recouvre petit à petit d'obscurité. Je me lève les yeux pleins de larmes mais l'esprit infiniment serein.
Je sais qu'elle sera là demain, que je revivrais cette magie réconfortante et que je replongerais dans les yeux si merveilleux de ma naïade préférée....
très sympa l'idée
· Il y a environ 9 ans ·bravo
woody
merci woody
· Il y a environ 9 ans ·Laurent H