Ma prison suspendue (Le pont des Arts)

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Paris n'a pas de prison, pas de barreaux à ma voix,

Paris n'a que des ponts, que des ponts et des toits,

C'est sur le pont des Arts que j'ai compris tout ça,

Le pont des amoureux, c'est ma prison à moi.

Le pont des jours ajourés,

Et l'araignée de fer, qui veille à mes côtés, phare au bout de ma digue,  

Et l'autre qui me guide,

Tout cossu et tout rond, le blanc-manger de l'ogre, pas si neuf ce vieux pont.

Et, plongeant vers le vide, c'est dans son ventre à elle,

Que je vois scintiller, tous ces yeux vert-de-gris,

A travers le plancher,

Elle voudrait que je m’y noie, ou bien que je l’avale,

Sous le pont je le sais, elle,

N’est que caprices, langueur et dédales.

Ma prison c'est la grille, la maille aux cadenas,

Qui scellent vainement des promesses sans voix,

Ma prison suspendue, de ces rives à ces toits,

A celle qui me prive, de tes rires aux éclats.

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