ma vieille belle

romualdmartin

poésie contemporaine, souvenir d'amour tué par la trouille

J'ai revu celle qui un temps

Fut l'éprise de ma vie

Celle dont j'ai cultivé une vision d'icone

Pleurant souvent comme un con de romantique

Un des échecs de vie qui se berce du temps

 

Il y a tant de jours ou je maudis l'histoire

Dont je suis responsable

Elle a pris un chemin

Celui on l'on vous sert un monde qui vous plie

Elle s'y est fracassée en partant un peu loin

Et je n'étais pas là, pour lui donner mes bras

Qu'ais je pas fais ?

 

Je le vois rien qu'à ses joues creusées

Qu'elle s'est cachée dans le vin

Pour ne plus rencontrer un de mes remplaçants

Un de ces incapables impuissants égoïstes

Qui l'a heurté de front, sans répit, sans amour

 

Elle, elle était fine et belle

Ciselée comme une belle pierre

De longs cheveux tombants

Se faisant séduisant sur les hauts des épaules

J'y ai passé du temps à y noyer mes mains

 

Il y avait ses seins, ni trop durs ni trop mous

Ronds comme des perles pâles que j'aimais réchauffer

 

Par pudeur je ne vous détaillerais pas la beauté des cerclés

Qui se dressaient à l'affût des caresses ou des regards enjoués

Droits comme des soldats fiers du combat des chairs

Et des litres de sueurs qui se perdent dans les draps

 

Maintenant, je ne vois plus rien

Rien qu'un regard perdu assis sur des tranchées

 

Ses lèvres que j'aimais embrasser sont parties se planquer

A l'intérieur des joues qui autrefois rosies accompagnaient l'amour

 

Tes cheveux sont coupés comme on élague un arbre

Au début du printemps pour que la route soit belle

Mais les feuilles sont tombées

Et les rameaux sont laids

 

Tu t'es perdu

Je t'ai perdu

Et j'ai perdu beaucoup

 

Si je t'avais aimé quelques années de plus

Si tu avais compris mes peurs et ma lâcheté

En me donnant de temps en temps

Des repères et des gifles

Serait tu rester belle ?

 

Pourrais-je jeter l'icône et revenir vers toi

Comme en ce premier jour

Ou nos cartables pesaient

Beaucoup moins que l'amour

 

Aurait tu continuer à éclairer le soleil

Qui traversait la lucarne de ta chambre

Ou nous nous retrouvions ?

 

Je tiens par ses mots gourds

à demander pardon

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