Ma ville est en noir et blanc
kelen
Ma ville est en noir et blanc
Optimisme et pessimisme se disputent le temps
Verre demi plein ou demi vide
A verre égal, on avale pourtant le même acide
Et si on vide nos peines dans nos vers
Nos vertiges gardent le goût de la terre
J'ai pas le temps.
Pas le temps de déglinguer ma montre
On a tant de choses à rompre
J'ai pas l'envie de voir vaciller mes pairs qui se perdent
Mais au fil de leurs vies éventrées, mon poing se serre
Car c'est toujours les mêmes impacts dans les mêmes poitrines
Toujours ce manque de tact quand ils nous répriment
Transpercée, j'garde les stigmates
Mais 'j'garde aussi la rage intacte
Et si tu t'sens plus fort parce que t'as la matraque
Dis toi qu'c'est juste quelques os qui craquent
Ici y'a plus qu'une cage thoracique désertée
Qui fait résonner nos vérités
Ici y'a plus qu'une gorge qui se serre
Quand on asphyxie mon air
Ma ville est en noir et blanc
Je crois que j'ai trop perdu de temps
Et toi et moi on est sur ces cases
Noires et blanches selon les phases
Toujours en place sur l'échiquier
On tourne en rond dans nos cages
Un coup on prend la reine
Un coup on perd la tour
Un coup tu deviens ce fou qui saigne
Un coup tu deviens cavalier qui court
Se taire ou revendiquer
Moi je cherche juste à tourner la page
Le vague à l'âme et la lame qui vogue
Au fil des états d'âme d'un coeur qui cogne
Je sens l'onde de choc....
Je revis...
Une main tendue contre un mépris.
Une parole fraternelle contre une insulte
Et puis , et puis chut.
Ma ville est en noir et blanc
A cette seconde je ne veux plus être un pion
Me v'la amère. Prête à m'envoyer en l'air.
A coup de feu ou à coup de rein
On laisse courir nos mains, à revers
C'est ça ou rien.
Est ce que tu sens mes chaînes
Quand je glisse mes doigts sur ton échine?
J'ai la prose revolver
Quand mes rêves se déchirent …
Mais quand on a des cendres dans les entrailles
C'est pas si simple de dire « aïe »
Moi j'aime quand on partage nos éclats
Eclats de rire ou éclats d'obus
J'aime débattre très tard avec des inconnus
Et que nos ébats rendent nos pupilles translucides
Comme on suicide nos errances apatrides
Ma ville est en noir et blanc
Impossible pour moi de me résigner au fil du temps
Cette fois je composerai l'arc en ciel de mes fantasmes
Moi j'veux transformer tout ça en orgasmes
Faisant du grillage blanc et noir
Le lit d'une union verbale
Parce que nos mots se moquent de leurs codes
Parce que l'écho de nos maux cognent leur monde
On s'enlace et on s'empresse
On se laisse et on s'embrasse
Transformant nos tendresses en caresses
Dans nos plus intimes face à face
On souffle sur les braises pour enflammer
Des baisers le long d'une échine courbée
On soupire et on transpire
Quand nos corps se percutent de désir
Et puis je perds le contrôle, je le frôle
Jusqu'à m'étourdir sur son épaule
Dans ma tête les souvenirs s'éparpillent
Comme les éclats de verre de mes pupilles
Je troque le choc de mes échecs
Contre un peu d'ivresse
Le long de mes courbes de détresse
Mais demain est un fantasme
Reste à en définir les contours et les outrages
Demain est un fantasme
Tracons les points de suspension sur la page
C'est tout ce que je prône dans ce monde atone.
Même si j'en garde des hématomes