MAMAN

Dites-moi qu'il a un ciel pour moi, une étoile, quelque chose qui m'attend quelque part. Que tout ça a un sens, que j'ai encore des millions de choses à vivre, des milliards de sourire à donner. Dites-moi que rien n'est perdu, que rien n'est gâché, foutu, ni gaspillé. Dites moi que j'aurai tant à faire, à changer, à aimer, qu'une vie entière ne sera pas assez. Dites-moi. Dites-moi. Faites-moi croire encore, donnez moi la force de continuer, le souffle nécessaire, pour avancer, pour aller plus loin, pour faire du bien, pour mettre des étincelles dans d'autres yeux. Je vous en prie, aidez moi, rattrapez moi.

Toutes ces années passées, perdues, mais jamais oubliées. Toutes ces années de toi Maman. De moi, de nous deux. Tous tes combats, tout ton amour. Et nos défaites et nos victoires. Tous nos sourires et nos rires. Tous ces clins d'œil dans la voiture, quand tu me chantais que nous aussi, on sera des « grands hommes ». Que j'étais ce qu'il y avait de plus beau pour toi. Rappelle toi, j'avais pas 10 ans, et on n'avait que nous. Et tous ces hommes autour de nous, tous ces hommes qui t'ont fait croire, ces hommes que tu as quittés, tous ceux qu'on n'a jamais regrettés.

Tous ces samedis soirs Maman, quand je te regardais te préparer, tu étais belle. Tu avais l'air heureuse. Tu faisais comme si, toujours comme si. Comme si de rien n'était, comme si on avait tout, comme si on manquait de rien, comme si le frigo était plein. J'ai jamais oublié Maman, j'ai jamais oublié d'où je viens. J'ai jamais oublié tout ça, et même nos crises et nos combats. Contre nous-mêmes, contre Papa, contre tout ce qu'on ne méritait pas. Tu m'as appris à rêver, à vouloir tout changer, à croire, à espérer, à ressentir et à vibrer.

Tout ça, c'est grâce à toi, c'est à toi que je le dois. J'aurai tellement aimé que tu sois fière de moi. Tellement aimé que rien ne nous vole ça. Ni un mari, ni un petit ami, ni nos angoisses, ni les coups bas de cette vie. Qu'on soit encore à ce moment, quand tu avais 30 ans, quand tu riais, quand on chantait, quand ensemble, absolument tout, on partageait. Tout ce qu'on a passé Maman. Tout ce qu'on a traversé. Si tu m'entends, je t'aime, et je suis désolée.