Maman, où es-tu ?

Ellie

Dans tous ces mouvements de foule, mois après mois, années après années, j'imagine que tu puisses être l'une de celle que je croise par hasard. J'imagine aussi que tu sois parmi toutes ces ombres floues que je frôle d'un peu trop près quand l'inattention me fait percuter des inconnues.

J'imagine tellement de choses oh si tu savais.

Les images défilent, les espoirs se percutent entre eux, les questions se déchaînent violemment.

Maman, où es-tu ? Qui es-tu, perdue au milieu de ces ombres qui dansent, chantent et rient.

Maman, parfois dans le sommeil je crois entendre le doux son de ta voix qui m'entraîne et me murmure que tout ira bien, toujours. Que tu veilles sur moi, que tu es fière.

Maman, souvent quand je croise mon reflet dans le miroir, je me demande si toi aussi tu as ce drôle de grain de beauté sur la joue droite, si toi aussi parfois il t'arrive de faire des grimaces et puis d'exploser de rire toute seule. D'éclater en sanglots, de t'énerver pour des choses futiles.

Quoique non, ça ne doit jamais t'arriver parce que je suppose que tu es une femme forte, qui ne se laisse jamais affaiblir.

Et puis moi de mon côté je me noie dans tous ces questionnements qui resteront certainement à jamais sans réponse.

Maman, je dois te confier un secret même si tu risques de trouver ça complètement absurde. Mais parfois je regarde mon téléphone comme si à l'autre bout du fil j'allais entendre : "C'est maman." prononcé dans ta langue.

Par moment, lorsque je vais chercher le courrier je m'imagine aussi que tu m'as retrouvé, que tu voudrais me voir, voir à quoi je ressemble, puisque le sang qui coule dans mes veines est le tien.

Puis dans ces moments obscurs, j'aimerais pouvoir me dire que malgré ces milliers de kilomètres, qu'à l'autre bout du monde, dans un continent différent du mien, il t'arrive aussi de penser à moi. De m'imaginer, d'essayer de rêver ma vie, ce que je deviens. 

J'aimerais seulement me dire que tu ne m'as pas oublié, que si un jour, je te retrouvais, tu me tendrais la main.


  • Je suis émue par votre texte Ellie, parce que si c'est la réalité, sachez que j'ai connu cela avec mon père. Je l'ai tellement imaginé, toute petite, ce père inconnu, questionné tant de fois Maman ! Et puis quand elle m'a quitté pour toujours j'ai fait des recherches, je savais qu'il était décédé, malheureusement ses deux fils (donc demi-frères) plus âgés que moi, l'étaient aussi. Mais j'ai retrouvé sa petite-fille à qui j'ai écrit, que j'ai eu au téléphone mais qui ne m'a jamais envoyé de photo de lui. Et dès que mon fils m'a installé Internet en 2014, j'ai pu ENFIN connaître son visage. Je vous laisse imaginer mon émotion quand mon fils m'a dit " Voilà ton père, Maman" Je suis allée sur sa tombe également. A présent, je suis apaisée, car dans le miroir, je retrouve un peu de lui et je ne me pose plus de questions sur mes traits. J'ai écrit deux textes s'y rapportant mais il faudra que j'écrive le dénouement, un jour sur le site. Mes textes : "Un peu de son sourire et "Quatre mots"
    Comme je vous comprends !

    · Il y a presque 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Je tenais à vous remercier de m'avoir fait part de votre propre vécu, c'est touchant et je me sens comprise grâce à cela. J'irai lire vos textes avec plaisir !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Images (2)

      Ellie

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