Marée d'encre.

Christophe Hulé

Langue molle et mouillée lape un instant ce bout d'horizon ou ce bras de mer.

Les crustacés ou autres coquill(ag)es s'en foutent royalement.

Les falaises baillent, vivre si longtemps pour se faire chier.

Les dés sont jetés paraît-il, mais ils sont tombés où, personne ne le sait.

Les crabes ont autre chose à faire. Si vous leur demandez quoi, ils vont agiter leurs pinces et ne rien vous répondre.

Ce banc de sable avec quelques vieux marins de légende assis dessus.

- «  Ben si tu savais ! »

- « Attends, moi aussi j'en ai connu. »

Et les mouettes d'en rire.

Les algues échevelées attendent la marée haute pour ressembler enfin à quelque chose.

Les vagues éternelles ont ce pouvoir de faire tant et plus.

Et le sable mouillé, comme par miracle, semble reproduire les vagues, ou les vaguelettes, pour offrir une moisson de coques ou de couteaux.

Le marmot que j'étais s'en souvient encore.

Bien sûr que le sable, comme la neige,  nous rappellent combien l'éphémère peut être douloureux.

Mais c'est notre lot bordel !

Enfin tant qu'il reste des crevettes ou des enfants qui rient …

Est-ce que l'on mérite ce monde qu'on nous a donné ?

Peu importe qui est ce « on », avec ou sans majuscule, la question reste aussi cruelle, même si personne ne veut y répondre ou l'entendre.

Les estivants affrontent les bouchons ou les grèves pour ce Graal.

Et alors, à quoi sert de bosser, sans considération aucune, si on ne peut partir en vacances ?

Marie, Joseph, et enfin, toute la clique, et merde.

Les pauvres gens, et les gens pauvres, sont la majorité.

« Nationale 7 » de mes deux que chantait ce demi-dieu qui m'épatera toujours.

Espérons que la mer ne se retirera pas pour toujours.

Aujourd'hui on est plus sûr de rien.

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