Mariés pour la vie ?

praline

Bien sûr, au début j'étais anéantie. J'avais mal physiquement alors que ce n'était que mon âme qui était malade. 24 ans de mariage, 27 ans d'amour, 2 beaux enfants et des milliers de souvenirs partagés. Des rires, des larmes parfois, des disputes, des réconciliations, des vacances inoubliables, des dîners en famille réussis, des dîners en famille moins réussis, du sexe, beaucoup de sexe, et surtout de l'amour.

Je n'arrive pas à croire que l'on suive la tendance. C'est la norme maintenant de se séparer pendant la quarantaine, non ?

Quand il est parti, enfin, quand je l'ai poussé dehors, j'avais juste envie de fermer les yeux et de mourir, de tout oublier. Mais pour mes enfants, je devais rester debout. Alors depuis, je fais semblant, tout le temps. Quand je parle aux voisins, "oui merci ça va et vous? " alors que j'ai juste envie de leur dire de s'occuper de leurs oignons, quand je vois mes amies, quand je fais les courses, au bureau aussi. J'affiche un sourire crétin alors que j'ai envie de pleurer. D'ailleurs, je pleure toutes les nuits. Je zappe dès qu'il y a un film romantique, alors que j'adorais regarder ces idioties, et j'ai littéralement envie de gifler tous ces couples qui s'embrassent dans la rue. Ces crétins qui n'ont rien compris. D'ailleurs, je devrais essayer, ça me défoulerait. Une bonne claque ça doit soulager, eh tiens, je giflerais bien ma collègue aussi. Elle sait, cette grognasse (vous avec compris, je ne l'aime pas) et elle a bien évidemment répandue son fiel à tous les étages. Et depuis m'interroge avec un air faussement affligé si c'est pas trop dur. Non ça va, c'est pas trop dur, j'ai juste envie de te dire de fermer ta grande bouche et que vous dégagiez vite fait de mon bureau toi et ton gros cul. C'est vraiment ce que j'ai envie de lui répondre. Je devrais un jour, juste pour voir. Bon j'arrête d'être mauvaise, ça donne des rides paraît-il. Je l'ai lu l'autre jour dans Elle...

Mais celui qui mérite la plus grosse claque reste quand même mon mari, enfin mon futur ex-mari. Je voyais bien depuis quelques temps que quelque chose le tracassait. On était si proche, il pouvait se confier, mais rien. Il dirige un cabinet d'architectes donc ses soucis peuvent être professionnels. J'ai même angoissé à l'idée qu'il soit malade et qu'il ait eu peur de m'annoncer que j'allais être veuve. Je m'attendais à tout mais j'avoue pas à ça. Il m'a expliqué qu'il s'était rapprochée de la nouvelle architecte, Corinne, qu'il sentait de plus en plus d'attirance physique, de la complicité et qu'il ne supporterait pas de me trahir, qu'il devait réfléchir à tout ça. Bon, il va sans dire que mon sang italo-germanique n'a fait qu'un tour, et je lui ai dit que le mieux c'était juste de prendre ses affaires et de partir. J'ai ajouté que si j'avais su, j'aurais envoyé promener sa vieille sorcière de mère depuis longtemps. Bref, les soucis professionnels, j'aurais préféré...

Depuis, je le fuis, il a essayé de m'appeler, de venir, je refuse de le voir. Mes enfants me disent et me répètent à l'envie, qu'il m'aime. Que c'est impossible que ça s'arrête. C'est normal j'imagine...

Moi je n'attends plus rien, juste des papiers ou une convocation au tribunal. Je ne sais même pas comment cela fonctionne.

Maria, la secrétaire de mon mari que je connais depuis longtemps m'a téléphoné et m'a confié que cette Corinne avait semé une zizanie incroyable au bureau, que c'était une vraie garce manipulatrice, qu'elle essayait de sauter sur tous les hommes du cabinet susceptibles de lui procurer un avancement dans la boîte, qu'elle était excécrable avec le petit personnel mais que mon homme allait ouvrir les yeux. Je lui ai répondu que c'était gentil de sa part de m'appeler, que ça me fait toujours plaisir de parler avec elle mais que je me fichais de ce que faisait mon homme, enfin son supérieur. J'ai raccroché et pour la première fois depuis longtemps j'ai souri. Pour de vrai. Je vais lui envoyer des fleurs à Maria.

Ce qui ressort de cet immense gâchis, c'est que j'ai perdu toute confiance en moi. Je me sens moche et vieille, terne. Et je m'interroge, dois-je enfin enlever cette petite bosse sur le nez, et un lifting ? Ce serait bien un lifting. Et les injections, c'est bien les injections ou pas bien ? Bref, je me mets la pression. Pourtant de loin ça va, je trouve. La silhouette ça va à peu près, et mes seins sont restés fermes. Les bras aussi. Non ce qui ne va pas, c'est ces ridules qui sont apparues. Et ce nez qui me paraît encore plus imposant depuis que je suis seule. Pas étonnant qu'il ait été attiré par une autre.

Du coup, j'ai pris rendez-vous avec le DR Rossberg qui m'a été recommandé par la copine d'une amie. J'ai peur mais ça va sûrement me faire du bien. Me redonner confiance en moi. Ma fille est dans une colère noire et fait tout pour m'en empêcher. Dans la salle d'attente, des femmes mais quelques hommes aussi. Bon, ce que je vois ne me rassure pas vraiment. C'est normal ces visages figés ? Et là cette dame avec cette bouche trop pleine ? Sans parler de cette jeune femme si mince avec des seins si gros ? Je ne suis plus très sûre d'un coup. Je flippe grave comme dirait mon fils. Je me lève pour me servir un verre d'eau à la fontaine. Je me retourne et... me retrouve nez à nez avec Mathieu. Mon coeur bat si fort que j'ai l'impression qu'un mec joue du tambour dans la pièce.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je viens t'empêcher d'abîmer la femme que j'aime.

- Tu l'as déjà bien abîmée pourtant. Son coeur tu l'as brisé, non ?

- Ho je ne le sais que trop bien. Mais je ne laisserais plus jamais une femme, un homme ou un chirurgien esthétique se mettre entre nous. J'ai été si idiot Eva, mais mon Dieu que je t'aime. Tu me manques tellement. Ton rire me manque, tes baisers me manquent, ton corps me manque, tes mains me manquent, ton odeur me manque.

- Va te faire voir !

- Même ton sale caractère me manque. Tu ne m'as même pas laisser le temps de parler quand tu m'as fichu dehors. Sans toi, je suis sans vie. Elle a été virée après avoir fichu un bordel incroyable à l'agence. Je t'en prie oublie cette garce. C'est toi Eva, la femme que j'aime. Ca n'a été et ce ne sera toujours que toi. C'est avec toi que j'ai envie de vieillir. Tu es si belle. Ne crois jamais le contraire. Je n'ai même pas pu la toucher Eva. J'ai eu envie, c'est vrai, mais je n'ai pas pu parce que la seule femme à qui je peux faire l'amour c'est à toi, Eva. Je n'en peux plus Eva, j'ai besoin de toi. Je n'arrive pas à respirer sans toi, je n'arrive pas à vivre sans toi. Bon Dieu Eva, pardonne moi et viens, on rentre. J'ai envie de te montrer à quel point je t'aime.

Bon je m'étais jurée de l'envoyer paître s'il revenait me voir. Mais les bonnes résolutions c'est fait pour être brisées, non ?

  • Merci beacoup Choupette ! Ca me fait vraiment plaisir et ça m'encourage à continuer de poster des petites nouvelles. A très vite

    · Il y a plus de 11 ans ·
    Imagescaokqn40

    praline

  • Deuxième texte que je lis de vous...et j'adore. J'adore le style...J'ai l'impression qu'une bonne copine me raconte...j'y suis, et je suis l'histoire avec impatience!
    A bientôt!

    · Il y a plus de 11 ans ·
    59577 1501068244230 1159900199 31344222 178986 n 465

    Choupette

  • Coucou c'est Praline, j'ai déjà "publiée" cette nouvelle sur le site, mais je l'ai supprimée par erreur. Un clic malheureux (ou pas) lui a été fatale. Oui, je l'avoue je suis une quiche en informatique !! Au départ, je voulais juste supprimer une nouvelle qui n'était pas terminée... N'hésitez surtout pas à laisser des commentaires. J'avoue que je n'ai jamais écrit auparavant mais que j'ai toujours la tête dans les nuages et que j'essaie simplement de mettre sur papier mes idées... Je fais ça dès que je peux ce qui n'est pas souvent !! A bientôt !

    · Il y a presque 12 ans ·
    Imagescaokqn40

    praline

Signaler ce texte