Marion vole

Anne

Dans la rue,

Précipitée par le matin,

Une jeune fille éperdue

Cours après son train.

— Attention Marion,

Une fois de plus

Le retard te guette

Ces minutes offertes à l'oreiller

C'est à ton patron que tu les as piquées.

Quelques instants concédés à Morphée,

Et voilà…, la journée perd son équilibre !

— Cours Marion, Marion vole !

On dirait qu'elle a des ailes

Et pourtant elle n'est pas libre.

Orange, vert, rouge…

Les feux de la nuit brillent, le jour, dans le désordre

Rouge, vert, orange…

— Marion, pourquoi as-tu déjà l'air d'un ange ?

— Cours Marion, dépêches-toi

Le ciel aussi t'attend

Mais ça, tu ne le sais pas.

Tiens, v'la un camion

Qui n'a pas vu Marion

Et patatras, patapon

La voilà, le nez sur la chaussée,

les cheveux tout éparpillés.

Les passants, des badauds,

Le chauffeur dans tous ses états

Et un flic pour faire un constat.

— C'est toujours comme ça

Quand il fait pas beau

Le pavé glisse et l'on se retrouve sur le carreau.

L'attroupement est silencieux,

Un moment de recueillement,

Cela pourrait arriver à chacun d'entre eux.

C'est drôle, Marion se voit d'en haut,

et pourtant, elle murmure:

— Il faut que j'y aille maintenant,

Je suis en retard.

Comme au réveil,

Elle a du mal à s'arracher à l'oreiller,

À l'oreiller devenu pavé.

Morphée lui ferme les yeux pour de bon:

— T'inquiètes pas Marion,

Désormais t'as plus de patron.

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