Massacre à la composteuse - Part 1/2

Nicole Bastin

Haaa, ce qu'elle en était fière de ses petits vers !

Son "lombricomposteur d'appartement", plus exactement.

Fièrement exposé sur le balcon.

Le nec plus ultra de l'écologie dernier cri.


Et elle les bichonnait ses asticots ! Elle les gavait presque.

Soupes, gratins, poêlées de légumes, toute occasion était bonne pour leur fournir les meilleures épluchures du marché.


Forcément, ça besognait ferme à l'intérieur. Ça se multipliait comme il fallait.

Tant et si bien même que, lorsque le couvercle a commencé à se surélever et que, par l'interstice, on en a vu limite un ou deux se faire la malle, il a bien fallu se rendre à l'évidence.

Il était temps de le vider, ce composteur.

Et de récupérer le précieux terreau, la crème de tous les engrais, le saint Graal de toute plante verte qui se respecte.


C'est là où l'affaire se corse. C'est là aussi où j'interviens. Bien malgré moi, tu penses bien.

Parce qu'elle est mignonne, Maman, à dorloter son élevages de lombrics, mais quand il s'agit d'y plonger les mains, elle est tout de suite beaucoup moins motivée.

Lâchement elle se dit qu'un peu d'aide, ça ne lui ferait pas de mal.

Trop d'orgueil pour demander à Papa (of course),

du coup c'est moi qui m'y colle.


«Timothée ! Viens voir, mon ptit loup ! Je suis sûre que ça va t'amuser!»


Moi, bonne poire, je me ramène. Puis je suis un peu curieux, il faut bien avouer.


Quand j'arrive dans la cuisine, Maman a déjà son tablier, des gants de chirurgien et son air décidé.

Je te plante la scène, histoire que tu comprennes bien.

Le composteur est sur la table. À ses pieds, un grand seau n'attend plus que le fameux terreau.


Allez, il est temps de passer aux choses sérieuses !

Maman remonte ses manches, inspire un grand coup et retire d'un geste élégant, ffiou, le capot du composteur.

«C'est parti!» lance-t-elle gaiement.


Tu m'étonnes, elle ne croyait pas si bien dire.

Ça pour partir, c'est parti, mais en cacahuète et d'une force...


(to be continued)


TIMothée


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© illustration, Clément Picon, 2014.


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