Maudite
littlerebel
Un hurlement déchire le silence du couloir. Il serre les poings, il sait que sa femme souffre. Mais il se dit que c'est normal, que toutes les mamans sont passées par là. Il réussi à se redonner contenance, jusqu'au moment où le gynécologue l'appelle. Il perçoit de l'empressement et de la peur dans sa voix. Il a peur de quoi ce gynéco ? Son bébé n'est pas entier ? Ou au contraire il a été livré avec des pièces en plus ?? On ne sait jamais de nos jours …
Il essaye de se détendre en faisant de l'humour intérieurement.
Il entre dans la salle d'accouchement et voit sa femme, sa femme adorée, le visage tordu de douleur. Son coeur se serre à cette vue. La sage-femme le prend à part dans un coin de la salle pendant que le gynéco continue son travail. Elle lui explique la situation : le bébé est en pleine santé, il tarde juste un peu à sortir. Mais sa femme est beaucoup trop faible, il reste beaucoup de travail à faire et à cause de son allergie aux produits anesthésiants, ils ne peuvent pas l'anesthésier. Ils ne peuvent rien faire d'autre que d'aider le bébé à sortir. Il comprend avec horreur ce que tout cela signifie.
Il se précipite aux côtés de sa femme, lui prend la main. Elle est moite et froide. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle parvient à articuler :
« On va s'en sortir mon chéri ? Dis-le moi !
- Oui mon ange, c'est bientôt finit, tu vas y arriver...
- Menteur … dit-elle en souriant doucement malgré la douleur, les yeux pleins de larmes. »
Il serre sa main de plus en plus fort. Nouvelle contraction. Nouvelle poussée, sa femme lui broie la main. Son cri lui déchire le coeur, il sait que ce sont ses derniers instants. Sa vision se brouille, trop de larmes qui ne veulent pas couler. Les voix du gynéco et de la sage-femme résonnent dans sa tête, il ne comprend plus ce qu'ils disent. Il garde son regard fixé sur sa femme, sur ses larmes, sur ses yeux remplis de désespoir, sur sa bouche qu'il n'embrassera plus jamais. Il entend vaguement « Je vois la tête ! C'est presque finit !!! »
Elle sait qu'elle n'a plus que quelques minutes à vivre. C'est terminé pour elle, mais elle a une dernière chose à accomplir avant de quitter ce monde, elle est déterminée à mettre au monde son premier enfant. Tout en elle n'est plus que souffrance, elle peine, elle regarde son mari de temps à autre, il a l'air ailleurs, perdu. Et c'est reparti, de contraction en contraction, elle se vide de ses forces et de son sang.
Lui ne pense même pas au bébé qui est en train de naître, il ne s'en occupe pas, il est aux côtés de sa femme chérie durant ses derniers instants et c'est tout ce qui lui importe. Elle crie de moins en moins fort, elle n'en a plus la force.
La sage-femme tient la tête du bébé et dans un dernier effort, une dernière contraction, sa femme met au monde une fille. Elle parvient à murmurer à son mari : « Tu t'en occupera hein ? » Au moment où les poumons du bébé se remplissent d'air pour la première fois, douloureuse expérience, sa mère rend son dernier soupir, sans avoir tenu sa fille dans les bras, sans même avoir pu la regarder une seule fois. Le père, après avoir vu sa femme mourir sous ses yeux laisse enfin couler ses larmes, sans un bruit. Il pleure sa femme morte en donnant la vie. Le gynécologue et la sage-femme ont emmené le bébé pour les tests, ils l'ont laissé seul avec sa femme. Il reste là pendant l'heure qui suit à pleurer sur le corps de sa femme, à se maudire lui-même de l'avoir mise enceinte, et à implorer le ciel de la lui rendre.
Deux sage-femmes viennent le chercher et avec douceur l'emmènent voir sa fille, il faut qu'il s'en occupe et qu'il lui donne un prénom. Il quitte sa femme à contrecœur.
On lui met sa fille dans les bras, elle le regarde comme si elle attendait qu'il dise quelque chose. Il est encore trop bouleversé pour lui parler, il pense à sa femme. Puis il semble s'apercevoir de la présence de sa fille dans ses bras. Il la regarde et se dit que c'est à cause de ce petit machin que sa femme est morte, que c'est elle qui l'a tué et qu'il le lui fera payer. Elle souffrira toute sa vie tout ce que sa mère a souffert pour la mettre au monde. Quelque chose à l'intérieur de lui s'est brisé à ce moment là, quelque chose a changé dans son regard et alors qu'il n'avait toujours pas dit un mot à sa fille, elle s'est mise à pleurer.
Les années ont passé. La petite fille a grandit. Ce n'est pas une petite très joyeuse, vu la façon dont son père l'élève. Il l'a appelé May. Un jour, alors qu'elle n'avait que 5 ans, elle a posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis un bon moment : Pourquoi je n'ai pas de maman, comme les autres ? Alors, son père lui a répondu qu'elle n'avait pas de maman parce que, méchante May, c'est toi qui l'a tuée. Pourquoi tu as fait ça May ? Elle aurait pu s'occuper de toi comme une maman mais elle est morte à cause de toi.
May n'avait pas non plus le droit de fêter ses anniversaires. Ses anniversaires elle les passait au cimetière, à s'ennuyer pendant que son père parlait à la tombe de sa femme. May, voyons, tu ne voudrais tout de même pas fêter le jour où ta mère est morte ? Tu veux te féliciter d'avoir tué ta mère et en plus inviter des gens pour qu'ils s'en réjouissent avec toi ? Tu veux fêter l'anniversaire du jour où tu as commencé à me pourrir la vie May ? Tu es méchante May, mais pas à ce point là quand même n'est-ce pas ?
Son père ne lui achetait presque pas de jouets, ne lui parlait que quand c'était nécessaire ou alors pour lui dire des horreurs. Il la nourrissait et la logeait à contrecœur, juste pour tenir la promesse faite à sa femme. Durant son enfance, May aimait son père, elle croyait que tout les papas étaient comme ça. Elle aimait un être abominable qui la détestait. Mais lorsqu'elle est rentrée au collège, les choses ont changé, elle s'est rendue compte que tous les pères n'étaient pas méchants. Elle préférait les pères des rares copines qu'elle avait. Elle ne voulait plus rentrer chez elle. Si jamais elle avait le malheur de ramener une note en dessous de 16 à la maison, son père sortait le martinet.
Elle ne parlait de cela à personne, c'était une jeune fille très renfermée. Un jour, elle avait 14 ans, elle a essayé de s'enfuir de chez elle la nuit. Son père ayant le sommeil léger, il l'a entendu et depuis il l'enferme dans sa chambre chaque soir, il a même fait condamner la fenêtre. Alors May a tenté une autre technique pour échapper à cet enfer : elle a essayé de suicider. Elle a voulu s'ouvrir les veines, son père est arrivé au moment où elle levait le couteau. Oh non May, tu ne voudrais pas faire ça ? Tu vas rester en vie et souffrir comme ta mère a souffert pour toi, c'est la moindre des choses May.
Il n'élevait jamais la voix contre elle, il se contentait de lui parler d'une voix doucereuse en lui disant les pires choses qu'il soit. Et May subissait.
Lorsqu'elle eut 16ans, elle réussit à sortir avec un garçon en cachette. Il la mis enceinte. N'ayant pas de sous pour avorter sans que son père s'en aperçoive, elle garda l'enfant. Un après-midi d'été, elle appela son copain pour lui annoncer la nouvelle :
« Coucou mon ange ! Tu vas bien ?
- Bonjour ma Princesse ! Oui et toi ?
- Très bien … Mais j'ai une grande et belle nouvelle pour toi !
- Ah bon, qu'est-ce que c'est ?
- Chéri … J'attends un enfant de toi ! Ca va être génial, on va l'élever ensemble, tu te rends compte ??? Je vais enfin pouvoir quitter mon père et me marier avec toi !
- …
- Chéri ? Tu es là ?
- …
- Allô ???? Allô !!!???!!!?? »
Elle n'eut plus jamais de nouvelle du père de son enfant, elle ne le revit plus jamais. Plongée dans une immense tristesse, et avec son père qui la battait chaque soir pour avoir « perpétré ta descendance d'assassins », elle se mit à boire, malgré sa grossesse. Elle n'allait plus en cours, mais elle parvenait à se fournir de l'alcool. Mais un jour l'alcool ne suffi plus à noyer ses problèmes. Elle commença alors à se droguer. Ses petites économies fondirent en deux semaines. Elle fut obligée d'arrêter brutalement.
Le manque de drogue, ajouté aux violences de son père provoquèrent l'accouchement, quatre mois trop tôt. Emmenée par ambulance à l'hôpital, elle perdait déjà les eaux. L'accouchement fut long et difficile. Une fois le cordon coupé, son fils fut emporté dans la section des grands prématurés. Il était tenace et s'accrochait à la vie. Son grand-père lui rendit alors une petite visite. Il parvint à débrancher ses tuyaux, les écrans s'affolèrent et se mirent à biper dans tous les sens. L'infirmière accourut, rebrancha, le grand-père était déjà loin et le petit était resté trop longtemps sans tuyaux. Il ne survit pas à la visite de son grand-père. Cette nuit là, la mort l'emporta. Il avait à peine une semaine.
Après l'enterrement de son fils, May se fit raccompagner par une amie. Trop occupée à consoler May plutôt qu'à regarder la route, elle perdit le contrôle de sa voiture sur l'autoroute, défonça la barrière, se retrouva à contre-sens. Elle freinait trop fort, il pleuvait, la voiture se mit à faire des tours sur elle-même. May aperçu les phares d'un camion.
Le chauffeur eut tout juste le temps de lire l'horreur dans les yeux de May avant de rentrer dans leur voiture. L'amie de May passa à travers le pare-brise, s'écrasant contre le camion. Seule May survécu à l'accident, le chauffeur s'étant explosé le crâne contre son tableau de bord. Elle sortit de la voiture, encore sonnée, blessée à la tête, titubant. Elle voulut rejoindre le bord de l'autoroute en attendant les secours. Émergeant soudain du brouillard, une voiture phares éteints lui fonça dessus. Le conducteur ressemblait étrangement à son père. Ce fut sa seule pensée. Le choc la propulsa en l'air, elle alla s'écraser sur le toit de la voiture de son amie. L'atterrissage brutal ne lui fit rien, May était déjà morte.
Elle fut enterrée à côté de son fils et de sa mère. Son père fut la dernière personne à s'attarder sur sa tombe. Il fixait sa stèle où il était écrit « Partie trop tôt ». Il souriait.
Je suis fan de ce genre de nouvelles alors que je n'ai que 14 ans mais on s'en fiche! C'est juste génial. Depuis la mort de son fils j'espérai juste qu'elle meurt pour abréger ses souffrances.
· Il y a plus de 10 ans ·Mais le père, c'est lui l'assassin. Le pire c'est que ce genre de choses existent dans la vrai vie.. Bref je te laisse ^^
Eléonore Boussin
Tu n'as que 14 ans, et alors ?? Moi j'en ai que 15 :P
· Il y a plus de 10 ans ·Merci bcp !
littlerebel
oh c'est cool quelqu'un de mon âge ^^ ('fin presque mais je me comprend)
· Il y a plus de 10 ans ·Eléonore Boussin
Totalement horrible, affreuse, triste cruel.... Une très bonne nouvelle je l'aime beaucoup !!!! Bravo Choupi :D
· Il y a plus de 10 ans ·eymsli
ah ouais t'as eu un coup de coeur carrément ! J'suis agréablement surprise :D
· Il y a plus de 10 ans ·littlerebel
ben oui !!!!! Carrement moi j'adore les nouvelles triste :D
· Il y a plus de 10 ans ·eymsli