Mea culpa

Damien Nivelet

Suite du "nombriliste"

Je me levais évidemment bien tard. N'ayant pas de travail, je n'avais pas de réelles contraintes à ce niveau... Ma cervelle faisait du deltaplane, j'étais "à l'ouest". Mais je n'avais pas oublié mes résolutions d'avant-sommeil.
Je me devais d'appeler ma soeur, déjà pour prendre de ses nouvelles et entamer une réconciliation. Depuis la mort de nos parents, nous ne nous étions presque pas parlés. C'était ainsi... Pourtant, plus jeunes, nous étions plutôt proches. Et nos trajectoires s'étaient séparées du fait de choix de vies différents. Elle n'aimait pas mon ex-femme, mes opinions politiques, mes goûts vestimentaires, mon addiction aux médicaments (heureusement dépassée à ce jour), mon écriture, et j'en passe... Elle n'avait pas voulu de moi comme parrain de son premier enfant du fait de mon athéisme. J'avais vécu ça comme une blessure. Malgré tout, elle restait ma soeur, et j'avais envie de recoller les morceaux de ce verre en cristal brisé qu'était mon lien avec elle.
Au moment d'appeler, j'avais la gorge nouée. Ma main tremblait, c'était quasiment impossible de tenir le téléphone. Un mot résumait la situation : angoisse. Et plus j'essayais de contenir cette crise, plus elle s'amplifiait, c'était affreux ! J'ouvrais la fenêtre et m'allumais une cigarette, histoire de...  certains seraient allés marcher dehors, ou d'autres auraient pris des médicaments, moi c'était la cigarette. Je la consumais prestement, l'appréciant à peine. Et je refis une tentative... Je réussissais à composer le numéro, et j'attendis que la magie des télécommunications puisse opérer. Au bout de deux sonneries, elle me répondit. Au lieu du ton sec attendu, j'eus droit à une voix douce, compréhensive. Comme quoi, je me faisais une montagne de ce coup de fil. Je m'excusais pour la dernière fois, elle avait compris et acquiesça . Nous restâmes plus d'une heure à parler de sa grossesse notamment, de nos bêtises de mômes, des parents. Elle m'invita à venir les voir prochainement. J'acceptais bien entendu.
Après cette conversation, j'étais comme euphorique. Et sur ma lancée, j'appelais de vieux amis avec qui le contact s'était délité. Ce fût plus froid, mais quand même positif. Ils étaient surpris de ma démarche, me demandaient comment j'avais évolué depuis le temps. J'enjolivais un peu les choses pour ne pas les effrayer. Ce qui est terrible avec l'étiquette "dépressif", on a l'impression que les gens croient que c'est une maladie contagieuse, et après ils vous évitent. Pure connerie! Mais bon, je crois que personne n'est à l'abri d'être con un jour ou l'autre. Personne n'est parfait !
Après ces échanges conviviaux, j'avais une pêche d'enfer... Envie de faire des choses, c'était déjà beaucoup.

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