Mélanie

aile68

Commencer ma journée par des bulles de savon, des chansons dont je ne sais plus le titre, j'aurais voulu faire rimer mon nom avec manie, décalcomanie, garni, je m'appelle Mélanie. Un vieux prénom disparu au cours du temps, puis réapparu dans les années 90, il évoque la couleur noire. Ma peau est blanche comme le lait, et mon regard est doux comme un agneau me dit ma mère quand j'ai des doutes sur ma beauté. Je prendrais bien des leçons de mode et de cosmétiques mais on me dit que je n'en ai pas besoin. Ils sont de ma famille, c'est pour ça. Une famille disloquée, j'en conviens, mais une famille quand même. Ma mère voudrait se réconcilier avec mon père.  J'aurais voulu faire rimer le terme "père" avec terre, coopère, des mots positifs et non désespère, perd. Oui, c'est comme si je l'avais perdu mon père depuis que mes parents ont divorcé. Je ne le vois que très peu, il est tout à son travail, il a une place importante dans l'entreprise familiale, seule cette dernière est unie, compacte comme un pudding anglais. Drôle de comparaison, je sais, mais ça me fait penser à ça. J'ai quinze ans, je fais ce que je peux dans la vie et même plus, ma prof de maths dit que je suis endurante, je sais pourquoi elle dit ça.  Je m'accroche comme un enfant à sa mère pour avoir une note au-dessus de 9 sur 20. Un jour j'y arriverai, je me suis dit, et j'y suis arrivée. Ma mère sera toujours fière de moi.  Elle dit ça avec amour bien sûr, j'ignore combien elle m'aime cela dit. Je n'ose le lui demander. Ce ne sont pas des choses qu'on dit dans la famille mais je sais qu'ils m'aiment tous. Je suis la seule petite-fille de la famille alors vous pensez! Je suis trop gâtée, ma chambre est encore pleine de peluches, j'ai donnée beaucoup de jouets, ceux de quand j'étais toute petite et des livres aux images pastel. Il y en a beaucoup dans le garage de mes grands-parents. Ma mère ce qu'elle a gardé, c'est mes dessins depuis que je suis toute petite. J'aime bien les regarder quand il pleut toute la journée. On les étale sur la table avec ma mère, et on regarde toutes ces années passées à rire ou pleurer à cause d'un père absent. Rares sont les dessins avec mon père et ma mère... 

Il nous a quitté très tôt, j'avais deux ans, je m'en suis pris à ma mère. Je ne sais pas pourquoi. Ma psychologue veut me faire dire quelque chose que je ne sais pas, c'est une imbécile, je ne l'aime pas. Trois ans que j'y vais! C'est abusé. A seize ans j'arrêterai. C'est dans trois mois. Pas envie de passer pour une enfant malheureuse toute ma vie. Un jour je sais  je prendrai ma revanche. Je ne sais pas si mon père m'aime, je me fiche de ses chèques et de ses cadeaux, je ne lui demande rien. C'est un minable, ça résonne comme une blessure en moi, une faille dans laquelle je m'empêche de tomber en me retenant aux petites branches de ma vie, ma mère, ma famille, et ma volonté de fer. J'ai surpris une conversation un jour entre ma grand-mère et mon père, j'avais  treize ans, elle lui disait qu'il avait fait de moi un être dur et méchant. J'ai réalisé que c'était vrai, ça a été horrible. ça fait deux ans et demi que je nage en eaux troubles entre gentillesse et caprices, un jour je leur montrerai qui je suis vraiment. Quelqu'un de blanc et noir, un joli gris souris, comme ma peluche préférée.

  • Ça sent le vécu ! :o) ou pas ... mais toujours aussi rafraichissant à lire.

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • C'est un secret de fabrication... Je suis partie d'un certain vécu mais pas le mien et puis l'imagination a fait le reste. Contente que ça t'ait plu!

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

Signaler ce texte