Mêlée De Mes Appâts.

obud

" Au fond du verre, je tombe dans le plus noir des étangs. "

 A ces mots, comme pour illustrer son propos, le regard de la jeune femme se détacha de  son Smartphone pour se jeter dans mes pupilles qui avaient fondu depuis un bon quart d'heure.

 Elle fit quelques pas dans ce monde qu'elle commençait à connaître, s'extasia devant la poésie de l'artifice, et revint s'assoir à mes côtés, sur le banc.

" Je vais t'attendre encore un peu avant de monter. "

 Elle posa son bras sur mon épaule et commença à caresser le haut de mon dos. Son corps entier dégageait une chaleur enivrante et exotique qui traversa ma peau à son contact, courant le long de mes membres, entrechoquant veines, os et organes.

 Mon cœur battait alors au rythme du sien, respectant scrupuleusement la mesure à la manière d'un virtuose. Je n'étais plus que l'instrument de chair et de sang, soufflant de plaisir au contact de ses doigts fins.

" Viens avec moi, ça commence. "

 Elle se leva doucement afin de ne pas perturber la douce folie qui sublimait mes sens. Le corps exalté par l'ivresse, je n'eus aucun mal à la rejoindre.

 Un escalier immense avait apparu quelques secondes plus tôt sans que je ne lui jette le moindre regard. Mon intérêt portait alors essentiellement sur les arbres dont les branches se mêlaient au ciel, lui transmettant ainsi un liquide bleu d'une pureté typiquement terrienne, plein de vie, de force, de faiblesse, d'amour et de haine.  

 Elle se tenait devant moi, sur les premières marches dont le marbre immaculé scintillait à la lumière vaporeuses des réverbères, et me faisait signe de la main.

 Nous montâmes ensemble le titanesque édifice en le faisant vibrer de notre plaisir à chaque pas, partagés dans l'extravagance de notre réel, transportés dans l'inouïe perception qui s'offrait à nous.

" Ce n'est pas encore la fin. La fin est plus tard et plus loin. "

 Je lui répondis d'un hochement de tête sans comprendre vraiment l'aboutissement de sa réflexion sauvage. C'était une femme qui n'était jamais perdue et moi j'aime ça. Le sourire niais qui s'étalait sur mon visage trahissait l'intensité du feu passionnant mon entendement et ravivé à la moindre étincelle de son regard.

 Au petit matin elle a disparu au passage d'un nuage. Je ne lui ai pas dit au-revoir. J'ai sauté.

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