Même si la vie fait des morts.

chevalier-neon

Je ne veux pas être
un caillou dans ta chaussure.
Je ne veux pas naître
pour juste te rendre sûr
que tu ne vaux pas grand-chose ;
moi j’aime les humains,
pas les bourreaux qui en prose
prennent tout dans leurs mains.
Moi j’aime les vivants ;
pas les esclaves déjà morts
et qui en se levant
doivent tomber ou ils ont tort.
Je ne veux pas être
un mur sur ton chemin.
Moi si tu t’empêtres,
je n’attends pas demain
pour te voir sur le sol
douloureusement t’éteindre.
Et si c’était mon rôle
même de devoir t’étreindre,
alors j’y mettrai toute mon âme.
Si je pouvais arrêter le temps,
je garderais loin de toi les flammes
de l’enfer que partout l’on te tend.
Je ne peux pas chasser
comme un simple gibier
un amour harassé
d’aimer juste à leurs pieds.
Je ne veux pas être
un caillou dans ta chaussure.
Où puis-je me mettre
si je cause une fissure
dans ce cœur qui m’abrite
même juste un peu ?
Voir l’aimé qui s’effrite,
quel humain le peut ?
La mort dont tu as peur,
par leurs yeux noirs elle te guette.
Et c’est une stupeur
telle que lorsqu’elle se jette
tu n’as pas de colère
ni le temps de lui en vouloir...
Elle n’en a pas l’air,
mais la mort tire bien sa gloire
de l’impuissante innocence ;
tu es la proie des fauves.
La nature est indécence,
jamais elle ne sauve
sa meilleure progéniture
mais la pousse au point de rupture.
Les tigres veulent gagner
dans leur loi du plus fort ;
ils veulent tous nous saigner
car ne font pas l’effort
d’aimer la vie pour elle-même
plutôt que pour ce qu’elle apporte.
Elle donne tant de je t’aime,
mais on lui ferme toute porte...
Je ne veux jamais être
le monstre caché sous ton lit.
Et toi qui as pu naître
seras chéri jusqu’à la lie.

(écrit le 7 octobre 2012)

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