Même sur les joues des plus forts

aile68

Quand j'aurai fini d'avaler les nouvelles des people, de faire ma commère sur la robe de Meghan, j'irai me ressourcer là où l'on ne va que pour se baigner et se laver de cent ans de solitude. La mer est limpide en eau profonde, on y perçoit  tout de même  le vol des oiseaux de passage,  et un drôle de bling bling provenant de bateaux qui ont coulé il y a des centaines d'années. Armes révolues échouées sur une plage de fortune, d'anciens canons rouillés dont on devine les vielles détonations, je n'ai plus que de vieilles jumelles pour apercevoir au loin les bunkers las et usés de la solitude qui rongea autrefois les marins d'une bataille qui fit rage dans les cervelles de fiancées anxieuses et romantiques. Combien de fois les pigeons voyageurs se sont-ils cognés le bec aux portes verrouillées des maisons vieilles de cent ans? Murs fendus, lézardés, esseulés, croulant sous un soleil flamboyant, j'ai comme un malaise qui me pourfend le coeur. Soldats de bois, soldats de plomb, défendez-moi de ma piètre solitude, il y a comme de l'orage dans l'air, une odeur de lagune saline, drôle de soufre qui m'enveloppe et saisit les membres ballant de mon corps souillé par le sable humide d'une plage abandonnée. Vieux souvenirs, légendes d'un autre monde, on se retrouve sur le parvis d'une église et nos regards s'éclairent malgré la peine pour les êtres perdus qui se sont battus, longue vie dure et difficile, une vie de labeur où les larmes coulent même sur les joues des plus forts.

Signaler ce texte