MÉMOIRE VISCÉRALE

Transpercée
On m'a laissée croire à l'immortalité

Telle une rageuse épave à la dérive
J'ai ce goût de vin-de-mort qui m'enivre

Des images me frôlent
Une main, parfois se pose
Un corps nu se repose,
Entre mes mains moites qui n'osent

Filandreuse
Je me tisse un espoir irréel
L'espoir du rêve d'un mortel

Je scrute l'avenir
Je scrute le désir
Je ne sais plus où vivre

Ma main touche l'objet
J'en devine sa douceur
Mais je ne sais l'objet
Que dans sa forme, sans couleur

Mon jour avale ma nuit qui avale le jour
Ma mémoire ne voudrait que s'éteindre
Ma mémoire me couvre de mots obscènes
Ma mémoire me rejoue caresse et amour

L'amour ce diadème
Blêmissant et blême
N'éprouve plus que gangrène
N'éprouve plus que gêne

L'amour m'a nourrie
Maintenant il me caresse de son oubli

Que sont ces larmes que je n'ai pu versées ?
Comment entendre les craquements d'un cœur écrasé ?

L'amour s'est engourdi, puis englouti
Dans ce lieu maudit, saleté de paradis

Qui es-tu mémoire
Pour étaler tant de pouvoir
Sur nos cœurs piétinés
Sur mes émotions égarées

Que je ne pourrai jamais oublier