Merci
Caïn Bates
Tout a été si soudain, je ne m'y attendais pas. Le soir de notre rencontre, j'errais. J'étais un peu perdu et habité par un grand vide que j'espérais combler d'une certaine façon. Vidé par la vie, j'avançais à tâtons à la recherche d'un lieu familier qui saurait me réconforter et me remplir de cette félicité que j'espérais encore en secret.
Au lieu de ça, les déceptions se sont rapidement enchaînées. J'avais déjà connu des histoires qui avaient mal tourné, mais ce soir là la désillusion avait été encore plus grande. Peut-être était-ce dû à cette surdité qui résonnait tant dans ma tête que dans mes tripes, ce besoin naturel, que je devais satisfaire. Ou alors, avais-je véritablement espéré qu'on m'ouvre cette porte. Qu'en sais-je?! Je vous le demande.
Ce que je sais, c'est qu'au lieu de s'ouvrir, cette porte s'était refermée sur moi avec violence alors même que j'avais été si naïvement impatient de la retrouver. La vie est injuste. Bien sûr qu'il était trop tard. Je m'apprêtais donc à m'accommoder de mon sort. J'allais opter pour la solution de secours habituelle, celle que mon corps réclamait tant. C'est là que j'ai croisé ta route. Tu as franchis la porte que j'avais tant convoitée dans le sens de la sortie. Passant mon tour, j'ai continué d'avancer. Tu as dû remarquer qu'il se passait quelque chose car tu t'es retournée vers moi. Avais-je soupiré dans l'inconscience de mon désespoir?! Tu t'es retourné une fois, tu t'es retourné deux fois. Je devais réellement avoir l'air misérable.
Quelques minutes plus tard, j'ai compris que nos chemins ne s'étaient pas croisés par hasard. Nos destins, ce soir-là, devaient se lier à tout jamais. Dans l'heure qui a suivi, le vide que j'avais mis tant de temps à combler avait disparu. J'étais repu de cette allégresse que seuls ceux qui ont connu mon manque peuvent apprécier. Tu m'avais sauvé. Je ne connais pas ton nom. Nous nous recroiserons peut-être un jour, même si c'est très improbable. Toi, jeune demoiselle que les vicissitudes de la vie ont poussé à s'engager dans les affres de la restauration. Tu as fait de moi un homme comblé le temps d'une soirée. Et si je ne me souviens pas tellement de celle-ci, sache que je n'oublierai jamais ton geste.
Oui, je te remercie éperdument, toi qui un soir où je rentrais bourré m'a tendu ton Big Mac sans demander ton reste, je te bénis. Et mon estomac aussi.
belle écriture et belle photo
· Il y a plus de 7 ans ·torpeur-2