Mère et fille

patrizia

Renversement de rôle ?

‘ Pourquoi personne ne me croit jamais ? j'en ai marre ! '.

‘ Essaie de dire la vérité et à mon avis, la situation devrait s'arranger, tu ne crois pas ? '.

‘ Oh ça va la mère morale, tu dis la vérité toi ? tu as dit à papa que tu as rendez-vous avec ton amant tous les mardis après-midi à l'hôtel du coin ? '.

Je me ramasse une sacré gifle qui me fait regarder direct derrière moi, oh là là ! Qu'est ce qu'elle m'avait mis !

‘ Je ne te permets pas de me parler comme ça ! et puis, qu'est-ce que c'est que cette histoire que tu as encore inventé ? je ne trompe pas ton père ! '.

Je ne pouvais pas faire autrement que de rire, bon un rire un peu jaune car j'avais encore les picotements de la claque :

‘ Ca t'étonnes que je le sache, tu ne t'y attendais pas hein ? pourtant tu devrais te rappeler que le mardi je n'ai pas cours ; ce n'est pas bien malin de ta part de t'afficher comme ça, je ne sais pas moi, tu pourrais faire comme dans les films, mettre des lunettes, une perruque, te déguiser…'.

‘ Bon ça suffit, je ne veux plus t'écouter, tu me fatigues ! '.

‘ Bien sûr, bien sûr, tu crois que tu vas t'en tirer comme ça maman ! '.

J'étais maintenant hors de moi. Mon ton l'a surpris, elle s'est laissée tomber sur une chaise de la cuisine où nous étions, elle m'a regardé, elle semblait hésiter.

‘ Tu sais, j'm'en fous, après tout, ça n'est pas mon problème, ce n'est pas mon mari ; non, ce qui m'ennuie c'est que tu me demandes d'être une personne franche alors que toi… toi…'.

‘ Moi, je suis une garce, c'est ça ? vas-y, finis ta phrase, tu veux dire que ta mère est une garce ? '.

Et elle se met à pleurer ; bon, le masque était tombé, elle était vaincue mais ça ne me réjouissait pas au fond ; je m'assieds auprès d'elle et la prend dans mes bras.

‘ Ne pleure pas maman, je ne te juge pas, c'est vrai quoi, tu n'es pas la première ni la dernière qui fait ça, la mère de Charlotte a aussi un amant et je crois que son père a une maîtresse… peut-être que papa a aussi une maîtresse, ce serait bien en fait, vous seriez à égalité '.

Elle m'a regardé interloquée et nous nous sommes mises à rire, mais vraiment à rire.

‘ Ne me juge pas trop vite ma chérie, je vais t'expliquer…'.

‘ Oh non s'il te plaît, je ne veux pas savoir, tu fais comme tu veux après tout, enfin ça m'arrangerait que tu changes de mec car ce n'est pas un top modèle celui-là '.

‘ Bah, Nathalie, ton père non plus c'est pas un top modèle '.

‘ Oui, bah lui, c'est mon père, c'est différent, tu ne vas pas les mettre dans le même sac, je veux bien être compréhensive mais bon, n'exagère pas '.

Sur ce, je lui lance un clin d'œil et je sors de la cuisine, l'air faussement offusqué ce qui la fait rire ; je n'aime pas la voir triste alors si cette aventure la rend heureuse, c'est tout ce qui compte pour moi ; il faut savoir que mon père est parti lorsqu'elle était enceinte de moi pour ensuite réapparaître deux ans plus tard, il lui a fait le grand jeu et comme elle était folle amoureuse de lui elle a pardonné. C'est ma grand-mère qui m'a confié l'information, ma mère ne sait pas que je suis au courant mais si ça devait tourner au vinaigre un de ces jours, je pourrais la ressortir. C'est peut-être pour ça que je protège ma mère, que je suis de son côté et puis elle est vachement sympa avec moi, ça n'est pas comme une copine mais ça y ressemble quelque part. Bref, tout va bien, la vie est agréable, enfin … était agréable jusqu'à ce que ma mère largue son amant, elle a dû culpabiliser ou quelque chose comme ça et elle est devenue impatiente, soupe au lait, distraite, c'en était fini de nos discussions entre nanas, elle n'était plus réceptive à mes problèmes d'ado et je ne pouvais pas comprendre une femme de son âge me disait-elle. Les disputes devenaient quotidiennes, mon père se tenait à l'écart, il partait le matin, rentrait le soir, mettait les pieds sous la table, regardait la télé et allait se coucher. J'ai pris mes cliques et mes claques et je suis allée m'installer chez ma grand-mère ; pour le coup, ma mère a foutu mon père à la porte et elle est venue me chercher en me suppliant de ne pas l'abandonner ; elle avait largué son amant et son mari -par la même occasion mon père- et nous avons repris la vie toutes les deux. A peu près un mois et demi plus tard, nous avons reçu une lettre des Antilles, elle venait de mon père : il nous annonçait qu'il allait se remarier et demandait le divorce à ma mère. Il voulait aussi que je vienne à la noce. Ma mère m'a fait une scène comme de bien entendu.

‘ Qu'est ce qu'il est devenu le gars avec qui tu sortais ?... tu sais celui que je ne trouvais pas top ?... mais si, celui que tu voyais le mardi ?... eh bien rappelle-le, ne me dis pas que tu n'as plus son numéro ?... maman, j'ai pensé à un truc : si on faisait une surprise à papa tous les trois, ça doit être vachement beau les Antilles ! '.

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