Mes fantastiques aventures: Partie 2

J. M

Mais qu’adviendra t–il si elle laissait s’écouler trop de temps entre les derniers relevés de l’Altimètrium et son dernier voyage sur Imaginoria ?...

Tout en regardant la voute d'étoile au dessus d'elle, elle faisait tourner entre ses doigts l'étrange et fine boussole. Sur le brillant de sa pupille se reflétait les centaines de points argentés. Les étoiles ici étaient différentes de celle que l'on pouvait admirer sur terre. Elles avaient l'éclat de l'or, ce je ne sais quoi qui les rendait encore plus scintillantes.

Judith inspira à fond de cet air froid qui lui glaçait délicieusement les poumons. Elle revoyait son premier jour. Son premier voyage à Imaginoria.

Elle n'avait que quinze ans à l'époque et les souvenirs lui manquaient. Mais elle se souvenait encore de son arrivée.

Tout avait commencé avec un simple vide grenier, ce genre de marché improvisé où des gens de toute la région venaient brader leurs vieilleries. Elle ne raffolait pas particulièrement de ces vieux articles presque préhistoriques, qui sentaient pour la plus-part le vieux moisi. Elle se rappelait juste que l'air était frais et que l'atmosphère sentait la forêt, c'était l'automne. Et pendant qu'elle parcourait les allées en se faufilant entre les gens, elle tomba sur un étal totalement vide. Personne ne semblait y faire vraiment attention. Il faut dire que le bradeur et sa barbe imposante n'inspira pas vraiment confiance.

C'est à ce moment qu'il avait tourné son vieux visage vers cette jeune fille emmitouflée dans une grosse écharpe bordeaux. Sans un mot, il avait sorti un objet rond de sa poche et lui avait tendu. Sans trop réfléchir, Judith l'avait saisit doucement. Et une fois qu'elle eu observé cette boussole bordée de dorure, elle avait relevé la tête pour rendre l'objet à son propriétaire en expliquant qu'elle ne pourrait surement pas payer. Elle se rappelait avoir écarquillé les yeux car le stand et le vieil homme barbu avaient disparu. La jeune fille était ensuite rentrée chez elle. Troublée par l'histoire du vieil homme, elle s'était assoupie en tenant toujours la boussole dans sa main. Elle se rappelait ensuite s'être réveillée dans sa chambre alors que les aiguilles de la boussole tournaient à une telle vitesse qu'elles en produisaient de la lumière. Et quelques secondes plus tard, elle s'était retrouvée pour la première fois à Imaginoria...

Dans la nuit, le cri des loups ramena Judith à la réalité. Elle rameuta rapidement les chiens à l'intérieur de la cabane puis elle camoufla son traîneau du mieux qu'elle pu à l'aide de blocs de neige et de branches de pins. Elle savait pertinemment que les meutes de loups sauvages étaient loin d'être les créatures les plus dangereuses de la région et que redoubler de prudence dans ces terres hostiles n'était pas un luxe.

Une fois les préparatifs terminés, elle barricada l'entrée de la cahute et installa son duvet près de ses chiens de traineau. Avec la tombée de la nuit, les courants glacés s'étaient faits plus mordants. Grelotant de froid, la jeune femme s'enroula dans sa couverture d'appoint. De ses lèvres rosées s'échappait un mince filet de brume chaude. Dans l'obscurité totale, elle sentait la respiration de ses compagnons. Le bois humide et abîmé craquait sans arrêt et dans le lointain, les gémissements des loups faisaient trembler la plaine.

Ce voyage était risqué, d'autant plus qu'elle devrait rester bien plus longtemps que les dernières fois. Elle avait noté, derrière la carte qu'elle avait elle-même dessinée, les indications de la boussole avant de se coucher. Elle l'a conservait toujours accrochée à sa ceinture, protégée dans un tube et plastique rigide. Par prudence, elle avait décidé de prendre avec elle un fusil à pompe et un revolver afin de se défendre contre d'éventuelles agresseurs, même si elle espérait de tout cœur ne pas en avoir besoin.

Malgré ses efforts, le froid et la fatigue vinrent rapidement à bout de son inquiétude et elle sombra rapidement dans un profond sommeil.

A moins de vingts mètres de là, cachée derrière une dune de neige, une masse sombre attendait sans bruit. Immobile comme une statue, elle semblait ignorer la bise glacé qui frappait les grandes plaines du Nord. Comme une bête prête à bondir, la créature qui semblait presque humaine captait le moindre signe de vie qui provenait de la cabane de rondins.

Lentement, elle tourna la tête. Humant l'air derrière son masque de cuir noir. Sans un bruit, elle se dressa sur ses jambes et regarda tout autour d'elle. La créature tenait accroché à son dos un long paquet protégé par de vieilles bandelettes de tissus gris. Elle repéra sans difficulté la cachette du traineau avant de se poster longuement face à la vieille cabane.

Au loin, une tempête de neige se levait, faisant ployer les branches des pins et recouvrant tout de son manteau glacé.

Tandis que le blizzard approchait, l'humanoïde restait prostré devant l'entrée de la cabane. Derrière son masque épais, il semblait fixer avidement la fragile porte en planches clouées. Il attendit là jusqu'à ce que le vent fouette son corps charpenté. Après quelques instants, il disparut dans un souffle, emporté par une bourrasque de neige.

Moins de deux minutes suffirent à la tempête pour effacer toutes les traces...

Signé Lézard Génial 2010

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