Aux travers d'une brume qui s'épaissit lentement, le véhicule suit la lumière de ses phares qui dissipent l'obscurité de la nuit, en route pour la campagne texane. Protégés du froid à l'intérieur de l'habitacle, trois des quatre passagers se posent des questions sur l'avenir.Une jeune fille de treize ans espère que le garçon de sa classe la remarquera enfin ; la femme qui conduit se demande comment elle annoncera à son mari qu'elle l'a trompé avec un homme rencontré dans un bar ; assis au siège passager, lui, se rend compte qu'il n'aime plus sa famille et qu'il a envie de divorcer au plus vite. Il quittera New York et refera sa vie, ailleurs, loin d'ici...Le quatrième passager, âgé de dix ans seulement, est, pour le moment, incapable de réfléchir, puisqu'il dort profondément. C'est peut-être la raison pour laquelle il réchappera de ce futur qui fauchera les autres.Lorsqu'elle lui avait dit qu'elle attendait leur tout premier enfant, il n'en revenait pas. Ils étaient tous deux si heureux qu'ils firent un premier voyage, au Maroc, pour célébrer le début de leur vie de famille, et le futur de Lorelyn. Lorsque, trois ans plus tard, le petit garçon, qu’ils appelèrent Noah, naissait, il fut l'invité spécial du quinzième voyage de la famille, à l'étranger.Son premier mot fut "valise". Ses premiers pas se firent sur le sol chinois. Sa première bêtise fut de poser un briquet sur les rebords d'un verre dans lequel brûlait une bougie. Il n'avait pas trois ans...A l'intérieur de la voiture rouge maculée de boue séchée, le silence des êtres vivants est remplacé par le ronronnement régulier du moteur tandis que le brouillard blanchâtre, tel un effluve de fantômes, s'efface sur le chemin du bolide. Ce voyage a, étrangement, été particulièrement douloureux pour chacun d'entre eux, excepté le petit garçon confortablement installé aux côtés de sa sœur. Le froid s'est installé entre les parents, qui n'ont pas vraiment su réchauffer l'atmosphère pendant leur virée à New York, chez le cousin de Martha, la mère.A quelques kilomètres, sept jeunes qui s'éclatent dans une voiture de course, trop petite pour les accueillir tous, mais ils n'ont que faire des formalités telles que le nombre de place dans un moyen de transport, la vitesse autorisée sur les voies, l'allumage des feux en conditions mauvaises ou encore le port de la ceinture.Sa vie ne fut pas remplie de bonheur, mais s'il avait du donner une note, il aurait pensé à lui mettre un bon A-. Les voyages que sa famille faisait le rendait Phileas Fogg ; la façon dont elle les faisait, lui donnait des airs d'Indiana Jones ; et toutes les découvertes qu'il amassait en visitant musées, temples, parcs et zones sauvages, lui donnaient une attitude plutôt Allan Grant.Plus il grandissait, plus il était attiré par ces choses qui lui étaient inconnues. Le nez plongé dans les livres, les documentaires, les dictionnaires, il n'en sortait que pour dormir et visiter toutes les autres choses qui pouvaient le rendre plus intelligent. Même lorsqu'il mangeait, c'était en lisant la dernière trouvaille sur l'espace ou la disparition des dinosaures. L'amour de l'aventure qui lui avait été donné par la génétique et l'éducation lui donna tous les jours des envies de bouger, de parcourir des espaces infinis, de connaître, de savoir, de comprendre.Heureusement, ses parents étant tous les deux nés du bon côté, ils n'avaient aucun mal à faire le tour de la planète. La vie était belle pour eux. Particulièrement belle... trop belle !Dans la voiture, Benjamin entend un étrange bruit qui se superpose au roucoulement du moteur. Il fronce les sourcils, mais n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, qu’en face, une ombre apparaît, au milieu des spectres aspirant la lumière des feux de la voiture familiale.En une fraction de seconde, le sort des onze passagers est scellé. La gamine hurle, réveillant à temps son frère pour qu’il voie la dernière image de sa vie. Puis c’est le choc entre les deux véhicules. Dans un fracas semblable à un coup de tonnerre contre de la tôle froissée, les créations de l’être humain sont attirées l’une par l’autre, et se rencontrent avec vitesse et brutalité. Les habitacles se pressent l’un contre l’autre avant de s’écraser mutuellement, comme les coques d’une noix contre les parois de l’outil qui doit la broyer. Les corps des passagers de la voiture de course se trouvent projetés contre les vitres, les brisant au passage, et viennent s’encastrer dans le pare-brise de l’automobile d’en face, qui ne parvient pas à retenir tous ses morceaux dans la fureur du choc. Ce sont ces morceaux de verre qui tranchent la carotide du père de famille, viennent se planter dans le crâne de la mère, et réduisent à néant l’univers visuel de l’enfant. Pour ce qui est de l’adolescente, les pompiers présents sur les lieux de l’accident ne retrouvent pas sa trace…Pour tous les voyages qu’ils firent, l’enfant ne pouvait pas suivre une scolarité normale. Ses parents lui firent prendre des cours par correspondance. Il n’excellait pas dans tous les domaines, mais il n’était pas mauvais, et il aurait pu faire n’importe quel métier tant il était intéressé par tout ce qu’il découvrait.Il avait voyagé toute sa vie, il avait fait le tour du monde plus d’une fois. En dix ans de vie, la famille avait sorti les valises plus d’une centaine de fois. Il n’avait pas d’ami, mais il avait tellement mieux…***Une série de bips se fait entendre. D’abord lointaine, elle est plus insistante par la suite. L’enfant respire à peine, il a le plus grand mal à comprendre ce qui lui arrive. Puis une main se pose sur son épaule. Le gamin est naïf, mais pas stupide. A force de réfléchir, il comprend qu’il est dans un hôpital. Il ouvre la bouche, mais sa langue semble lourde et son gosier sec._ Bonjour, Noah, dit une voix. Je suis le docteur Warrick Merlaw. Tu es à l’hôpital de Manhattan. J’ai plusieurs mauvaises nouvelles à t’apprendre, alors autant le faire tout de suite. Tu es un grand garçon, et d’après ton oncle, tu es intelligent.Il écoute. Il ne peut faire que cela._ Je suis vraiment désolé, Noah, mais ta famille et toi avez eu un accident de voiture, il y a deux jours.Il tente d’ouvrir les yeux, mais quelque chose maintient ses paupières closes._ Tu ne peux pas ouvrir les yeux pour l’instant. Tu…Les bips se laissent à nouveau entendre._ Dans cet accident, tu as reçu des morceaux de verre dans les yeux. Noah, je suis dans le regret de t’annoncer que, jusqu’à ce que tu aies terminé ta croissance, tu ne verras plus rien.Instinctivement et désespérément, l’enfant porte les mains à son visage, et sent sous ses doigts un large bandeau qui enserre son crâne. Il aurait voulu pleurer, mais cela lui est impossible. Il en est plus décontenancé encore. Alors, il parvient à s’humecter les lèvres et à demander, d’une voix raillée, où sont ses parents._ Je suis désolé, Noah.Ce sont les seuls mots du médecin. Le petit comprend immédiatement.Et sa sœur ?_ Nous ne savons pas où elle se trouve, mais je ne peux pas te mentir ; avec la force du choc que vous avez subie, il est fort probable qu’elle les ait rejoint.Un instant, l’enfant a l’impression que ce ne sont pas que ses yeux qui l’ont quitté. Sa poitrine se serre un instant, puis il éprouve le besoin de prendre une immense respiration, et son cœur bat plus fort et plus vite. Il ne veut pas y croire, il ne veut pas y penser. Non. Ses parents, sa sœur. Ils n’ont pas pu mourir ainsi, sur une route… il voudrait tant que ce cauchemar s’arrête là. Alors, il se pince le bras, il recommence, il se frappe.Et, tandis que le médecin appelle les infirmiers pour qu’ils l’aident à lui administrer la dose de calmants pour soigner sa crise.***Quelques jours plus tard, Noah est accueillis dans la famille de son oncle, à New York. Finie la vie de voyage. Finie, la vie belle. La vie trop belle.Il se retrouve dans un monde qu’il n’a jamais voulu. Devenu malgré lui patron d’une multi-nationale, trop jeune pour profiter de l’argent dont il a hérité afin de réaliser tous ses rêves les plus fous, comme réaliser un film sur sa vie avec Benjamin, Martha et Lorelyn, faire un musée sur les dinosaures, que sa sœur aimait par-dessus tout, il peut seulement attendre d’avoir dix huit ans pour obtenir l’opération qui lui rendra la vue et pouvoir faire tout ce dont ses parents avaient rêvé. Il a déjà mille et une idées pour l’avenir…S’il en a un…
j'ai beaucoup aimé, mais c'est un peu compact. peut-être peux-tu essayer "d'aérer" un peu ton texte en allant à la ligne ou en faisant des phrases plus courtes... si je me permets de te dire ça, c'est que j'ai lu ton comm disant que tu aimais qu'on commente sincèrement tes textes. mais si tu préfères que je le fasse par message privé, dis le moi! en tout cas, j'aime l'histoire!
Non, non ! Au contraire, ne te gênes pas ! J'aime qu'on dise ce qui ne va pas, ça me permet d'évoluer dans ce que je fais.
· Il y a presque 13 ans ·Merci beaucoup à vous trois ^^^
Oliveir et Mystéria, je vais tenter d'améliorer un peu tout ça ^^
rena-circa-le-blanc
j'ai beaucoup aimé, mais c'est un peu compact.
· Il y a presque 13 ans ·peut-être peux-tu essayer "d'aérer" un peu ton texte en allant à la ligne ou en faisant des phrases plus courtes...
si je me permets de te dire ça, c'est que j'ai lu ton comm disant que tu aimais qu'on commente sincèrement tes textes. mais si tu préfères que je le fasse par message privé, dis le moi!
en tout cas, j'aime l'histoire!
Karine Géhin