Misère d'hiver, mendicité
Jean Claude Blanc
Misère d'hiver, mendicité
Nous coûte cher la fin d'année
Misère d'hiver mendicité
Pour faire la manche, défilé
Facteurs, éboueurs, sapeurs-pompiers
Qui passent pour leur calendrier
(De nos quelques sous vont banqueter)
On n'ose pas le refuser
Sait-on jamais, en cas de danger…
Ce rituel du passé,
Connaissant un certain succès
Nombres d'autres débarquent, chasses misères
Pour leurs causes humanitaires
Secours catho et populaires
Si bien que ça nous tape sur les nerfs
Brave con citoyen pigeonné
N'arrête pas de débourser
Aux comités qui font la quête
Membres associés à la retraite
A l'entrée des supermarchés
Que pour nous plumer, faible recette…
Alors on se fend d'une petite pièce
Dans leur ciboire qu'ils agitent
Ça suffit pas, même en espèce
Pour ce qu'on achète nous sollicitent
En prélevant de notre caddie
Boites de conserve d'haricots
Nous qui n'avons pas un radis
Que de bonté, qui coule à flot
Sera pas dit qu'on soit blaireaux
Chacun y va de sa pitié
Resto du cœur, téléthon
Sardines à huiles même périmées
Car il s'agit d'être dans le ton…
S'en mêlent vedettes de la chanson
« La charité bien ordonnée
Parait, commence par nous-mêmes »
On ne va pas se faire prier
Plus qu'une fable, un théorème
A faire rougir La Fontaine
Avant Noël, pas abuser
On a ras le bol de ces crèves la faim
Pour la plupart clandestins
Qui se les roule sur le pavé
Bien d'autres choses à penser
La dinde, les boules, le sapin
Si on ne cède pas, nous enguirlandent
Ces VRP des malheureux
On leur alloue une piètre offrande
Histoire se montrer généreux
A chaque instant, sollicités
On doit sortir notre gousset
Pour la concierge, les préposés
Se font de la gratte, après le boulot
Tant leur salaire est maigriot
Mais sont quand même un peu gonflés
N'acceptent pas la carte bleue
Encore moins les chèques en blanc
Qu'argent comptant et trébuchant
Pour les étrennes, ça vaut mieux
Mais à la guerre comme à la guerre
Parfois de suite on obtempère
Ayant une santé précaire
Tout à gagner pour bonne chair
En profitent ligues du cancer
Pour la recherche, vaste mystère…
Quand ça nous touche, c'est normal
Pour éviter les forces du mal
On se précipite vers ces sauveurs
(mais qui en douce, se font leur beurre)
Quelques euros, pour tant de bonheur
Déduits de l'impôt, quel régal
De jouer sur nos sentiments
On va finir par s'en lasser
D'être vaches à lait, pauvres cotisants
De ces associations zélées
Hélas pas franches du collier
Où passe le fric, qu'ont leur confie
(Pourtant par l'ARC, avertis
Dont les truands, sont enfermés)
On n'en sait rien, même roulés
Dans la farine, par ces gentils
De bienfaiteurs en société
La larme à l'œil, configurés
Me suis fait une règle, à jamais
Rien à branler, rien à donner
Je dois nourrir ma couvée
Déjà bien beau, payer le loyer
Evidemment que j'ai une conscience
M'en vante pas, au monde entier
Sachant que chez moi, c'est pas Byzance
Ne risque plus me faire gruger
Par ces gredins, faux cul de naissance
Qui voudraient fondre sur mon budget
Alors tant pis, pour pas me tromper
Je les mets tous dans le même sac
Ces doux agneaux, faiseurs de miracles
Laissant de côté mes préjugés
On m'aura plus, comme sombre idiot
Même si le ciel tombe en lambeaux
Vieux philosophe, encore je pense
A comment faire la différence
Entre vrais pauvres dans la mouise
Et ceux qui viennent en transhumance
Pour se refaire la cerise
Puis disparaissent, horreur la France…
Elle a bon dos, période de crise
Encore la faute de l'Etat patron
Qui leur ménage allocations
Et subventions à profusion
Juste pour survivre, quand ils se pèlent
Respiration artificielle
J'arrête ici, ce commérage
Seulement lanceur de messages
Pas de moi ces fâcheux outrages
Sur internet, ça se propage
L'orage gronde, les gens enragent
Qu'artiste témoin de ces galères
Simple péquin, sur cette Terre
Malgré tout dévoué, solidaire
Pas contre ces sages humanitaires
Qui d'altruisme exagèrent
On châtie bien que ceux qu'on aime
Alors conseil, qui vaut la peine
N'en faites pas trop, de tartes à la crème
Se cachent de tristes énergumènes
Cherchez pas loin, gîtent aux extrêmes
Près de nous faire gober la haine
Discriminer positivement
Les intégristes seraient trop contents
Contribution même pour la forme
J'irai toujours de mon obole
Près de ces gueux qui font l'aumône
Peut-être en vain, ça me désole
Mais vous en prie, cessez me pomper
Vertueux en fraternité
Car un de ces jours, moi-même fauché
Viendrai m'assoir, sur le trottoir
Pour réclamer kil de pinard JC Blanc novembre 2017 (weekend noir…)
Très bien écrit. Quel talent!
· Il y a environ 7 ans ·nehara