Mon adolescence
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Cher Dimi,
Comme promis, mon entrée dans le monde de l'adolescence. J'allais entrer en première rénové lorsque j'ai eu droit à mes premières règles. Je t'épargne ce sujet fort féminin, surtout que ce n'est pas quelque chose dont je parlerais avec un cousin. Je suis allée à l'école d'Eghezée durant quatre ans. J'y allais en bus. Tu n'étais pas encore né mais quand j'avais deux ou trois ans, j'étais passionnée par les bus ! Et j'avais douze ans et demi quand je l'ai pris pour la première fois. Ma voisine était avec moi, mais elle était en sixième primaire. Elle venait de changer d'école. Je ne savais pas qu'un bus faisait une tournée, pour moi il allait à Eghezée, point. Quand je l'ai vu tourner pour rejoindre Taviers, j'ai paniqué ! Ma voisine m'a alors dit tout ce que je devais savoir sur les bus. Enfin j'avoue que le jour de la rentrée, mes parents m'ont accompagnée à l'école. La moitié de ma classe de primaire avait choisi cette école, je n'étais pas seule. Je ne me souviens pas de cette rentrée. Je peux juste te dire que j'avais la ferme intention de ne jamais avoir de petit ami !
Je vais l'avouer: je ne me souviens pas de cette année scolaire. Tout ce que je peux en dire, c'est que j'ai rencontré ma nouvelle meilleure amie. Elle prenait le même bus que moi, mais c'est à l'école que l'on s'est rapprochée. Nous nous ressemblions un peu, on nous prenait parfois pour des soeurs. Elle était en professionnel et était un an plus âgée que moi, mais nous avions la même mentalité ! C'est grâce à elle que je commençai à m'accepter telle que j'étais, à me moquer du regard des autres. C'est avec elle que je me sentais vivre.
J'ai également connu mon premier coup de foudre, et le pire dans l'histoire, c'est que c'était réciproque. Mais je vais commencer par le commencement !
C'est avec l'école que j'avais été voir "Les choristes" au cinéma. Comme la plupart des filles de mon âge, je tombai sous le charme de Jean-Baptiste Maunier. Il ne se passait pas un jour sans que je parle de lui ! Plus tard, j'ai remarqué qu'un garçon de ma classe lui ressemblait. Ils étaient tous deux de taille moyenne et maigrichons, mais ce qui me foudroyait le plus, c'était leur regard ! Un regard poignant, quasi indescriptible... Et c'est comme ça que tout a commencé. La foudre m'est tombée dessus en fin d'année scolaire. Je commençai à le regarder toute la journée, et c'est ainsi que j'ai pu remarquer qu'il me regardait beaucoup aussi.
L'année suivante, mes soupçons se sont de plus en plus confirmés, jusqu'à certains événements. Le premier est le suivant: j'avais découvert un mot par terre, près de mon banc. C'était un message anonyme qui disait: "Amélie je t'aime et je voudrais sortir avec toi.". Il me semblait que c'était son écriture, mais je n'ai jamais reçu d'autres messages par après. N'étant pas sûre que ce mot vienne de lui, je n'ai jamais répondu. Le deuxième: c'est son voisin qui était venu me dire qu'il voulait sortir avec moi. L'élu de mon coeur a alors crié que ce n'était pas vrai. En français, nous devions écrire une lettre d'amour avec des expressions imposées. Bizarrement, cette après-midi là, il a écrit une lettre de divorce. Le troisième et dernier événement, c'est la marche parrainée. Vers la fin du trajet, un garçon que je n'appréciais pas est resté avec moi et une amie. Mon chéri, qui était à quelques pas devant moi, se retournait sans arrêt. J'ai alors dit à mon amie, qui était amoureuse de son grand frère, qu'il devait être jaloux. Et là, le petit chieur a mis son bras autour de mes épaules et a crié: "Hey ! Je pique ta meuf et je la baise !". En rage, mon amoureux a accéléré le pas, jusqu'à ne plus être dans mon champs de vision ! J'ai voulu le rattraper, mais mon amie ne me suivait pas, elle jouait le jeu de l'autre imbécile ! En arrivant à l'école, je ne sais par quel miracle nous nous étions retrouvées juste derrière mon chéri au coeur blessé. Mon amie disait, en parlant bien fort: "Tu as vu comment il t'a tenue jusqu'au bout du trajet?". Bien sûr, ce n'était pas vrai, et je voulais le montrer en niant l'affaire, mais mon amie m'a chuchoté: "Joue le jeu ! Il nous écoute.". Une fois dans l'école, je me suis assise sur le muret avec mon amie, et mon chéri s'en est allé au fin fond de la cour, seul, me fixant sans arrêt. J'avais mal pour lui, et j'avais peur qu'il ne m'aime plus. Étant donné que mes soupçons étaient bel et bien confirmés, j'avais décidé de lui demander de sortir avec moi le jour de son anniversaire (par l'intermédiaire d'une amie, j'étais beaucoup trop timide), histoire de lui faire un beau cadeau. Il a tout gâché tout seul, comme un grand !
Mais il faut connaître encore un contexte pour comprendre son stupide fonctionnement: je m'étais disputée avec une fille de ma classe. Elle a eu la gentillesse de remonter tout le monde contre moi et de tous les faire se moquer de moi sans gêne en plein cours. Je suis alors devenue la grande paumée de la classe (malgré quelques "amis"). Dur dur d'accepter d'être amoureux de la petite perdue qui ne sait pas se défendre !
En troisième, l'élu de mon coeur est venu près de moi avec deux de ses amis. Le premier m'a expliqué que quand je suis arrivée à l'école, le deuxième garçon avait dit à mon chéri: "Regarde ! Voilà ton amoureuse !". Le premier, qui était un grand fouineur, lui a alors demandé: "T'es amoureux d'Amélie ?!". Mon chéri a dû l'admettre. Alors ils sont venus me le dire, tout joyeux. Et j'ai répondu que je ne voulais pas sortir avec lui. Il faut savoir que ce jour-là, ma meilleure amie venait de rentrer à l'école à la suite d'un accident de voiture. J'avais la tête à tout sauf à ça ! Plus tard, j'ai réalisé que j'avais fait le bon choix. Parce que j'allais sortir avec lui sans avoir confiance en moi, qui sait ce que ça aurait provoqué dans notre relation? Et puis, j'allais pas sortir avec un gars qui n'accepte pas d'être amoureux de moi et qui veut le cacher. De plus, l'année précédente, il n'était pas de mon côté, il ne m'avait jamais soutenue dans cette dispute ! Alors oui, j'avais fait le bon choix. Ce soir-là, je me suis dit que je ne serai plus amoureuse de lui, et j'ai jeté mon dévolu sur un autre, sans jamais rien lui avouer, surtout qu'on ne se parlait jamais.
Tant que j'en suis à parler des garçons, je vais te parler de la philosophie sur l'amour à cette école: "Sors avec si tu l'aimes !" ou encore "Tu ne le/la connais pas mais c'est pas grave, sors avec !".
La première philosophie, je l'ai longtemps trouvée stupide. J'étais folle amoureuse du sosie de JB Maunier, mais ce n'était pas pour autant que je voulais sortir avec lui. Je ne m'en sentais pas prête. Toutes mes amies me répétaient cette phrase, moi seule ne voulait rien entendre. J'aimais le regarder, le voir sourire. Rien que le voir me rendait heureuse, et ça me suffisait.
La deuxième philosophie me paraissait plus ou moins normale. J'ai grandi dedans, tout le monde fonctionnait ainsi. J'ai commencé à y réfléchir lorsque des garçons m'ont demandé de sortir avec eux alors que je ne les connaissais pas. Il y en avait certains que je voyais même pour la première fois ! En ce temps là, j'étais affreuse à cause de mon acnée. Je ne comprenais pas ce que les garçons me trouvaient quand ils venaient me demander de sortir avec eux. Comme j'avais eu le coup de foudre sur un autre, j'ai refusé toutes les demandes que l'on m'ait faite. Je n'allais pas sortir avec des garçons que je ne connaissais pas et encore moins si j'étais folle amoureuse d'un autre !
Je reviens à ma deuxième année. Cette année-là, j'ai fait une chose dont je ne suis absolument pas fière. Je n'en ai pas vraiment honte, j'assume mes actes, même si c'est dur. La dispute avec cette fille m'a fait tomber dans une sorte de déprime. Comme dans tous les moments où ça va mal, on n'en voit pas le bout, la lumière, on se dit que tout est fini. On se sent seul, on se croit seul, on se dit perdu. Bref, je suis tombée bien bas. Mes amies avaient l'art de se mutiler. Je pense qu'elles-mêmes ne savaient pas pourquoi elles le faisaient. Je m'étais jurée de ne jamais le faire... mais je devais voir ce que ça procurait comme sensation. Je n'ai pas été dure en le faisant, j'avais peur de me faire mal. Je ne sais pas si tu le sais mais je suis une petite douillette. Je faisais de mon mieux pour cacher mes blessures, j'avais une chaussette pour le bras. Jusqu'au jour où j'ai montré ça à mon cousin. Sans m'en rendre compte, j'appelais à l'aide en le lui montrant. Il l'a dit à son père qui a prévenu ma mère qui m'a piqué mon cutter. C'en était fini de la mutilation. J'ai alarmé mes proches par inconscience, je ne savais pas que l'on pouvait tenir à moi. Bah oui ! Je ne m'aimais pas alors qui allait m'aimer?
Un jour, j'ai malencontreusement cassé la corde de mon volet (volet pour porte-fenêtre). Pour que ma soeur quitte ma chambre, je l'avais menacée de me tuer. J'avais enroulé la corde autour de mon cou, et j'ai commencé à serrer. Je n'osais pas trop le faire, ce genre de chose ne me ressemblait pas, c'en était inquiétant. Et ma soeur s'est mise à pleurer. Elle m'a dit que je ne pouvais pas faire ça, parce que plein de monde tenait à moi, et qu'ils allaient tous en pleurer, que je ne m'en rendais pas compte. Et ça m'a un peu ouvert les yeux de la voir dans cet état. Je lui ai fait promettre de n'en parler à personne, ce qu'elle a fait. Plus tard, je pense qu'elle a oublié ce sinistre jour.
Je suis retournée dans ma triste existence, en pleurant et en retournant à mon ancienne occupation: déchirer des papiers pour me défouler. Maman voulait me faire changer d'école mais je ne voulais pas. Ca aurait été un signe de défaite, de faiblesse. Enfin, j'ai levé les yeux. J'ai regardé autour de moi. Des photos. Plein de photos accrochées aux murs de ma chambre ! Tous ces beaux souvenirs... Et là je me suis dit que la vie était belle ! Je devais remonter la pente, je ne pouvais plus continuer comme ça ! Je devais oublier ces critiques, nier cette fille. Elle vit sa vie et je vis la mienne !
J'ai alors commencé à nier ces interpellations, ces mots qu'elle disait dans mon dos en espérant que je les entende. Et j'ai vu la lumière au bout du tunnel. J'ai survécu.
Qui dit adolescence dit début de la liberté. J'ai connu mes premières sorties entre copines (mais seulement des sorties shopping). J'ai acheté un t-shirt toute seule comme une grande, sans l'avis de ma maman. Mon papa a commencé à me donner de l'argent de poche, je pouvais acheter des cadeaux pour mes cousins et ma soeur. J'aimais bien ces nouveautés !
Et puis je suis arrivée en troisième humanité, l'une des plus belles (va-t-on dire) années de ma vie. Elle ne l'est pas tout à fait parce que dans mon option, sciences-économiques, je n'avais pas d'amis. Et je devais encore apprendre à nier celle qui me pourrissait la vie.
En cette nouvelle année scolaire, je me suis un peu éloignée de ma meilleure amie pour une autre fille. Mon éloignement n'était pas volontaire, ma nouvelle amie me séparait d'elle sans que je ne m'en rende compte. Le dernier très bon souvenir que je garde de ma meilleure amie est le tour au cimetière que l'on a fait le soir d'Halloween. Je m'en souviendrai toute ma vie ! Plus on se rapprochait de l'église de son village, plus il faisait sombre et moins il y avait de bruit. On avait les boules ! On avait à peine fait un pas dans le cimetière qu'elle m'a dit: "Amé... On court?". J'ai répondu "Mais naaaan !". J'essayais de vaincre ma peur. Oui, j'avais envie de courir, mais je voulais être courageuse. J'allais passer du temps dans ce cimetière, comme si j'étais une touriste qui visitait la plus belle ville du monde et qui y traînerait pour y prendre le plus de photos possible ! Tant pis si une armée de zombies se pointait. Je me battrais ! C'est vers la fin du cimetière que ma meilleure amie m'a annoncé la terrible découverte:
"- Amé... Y'a une tombe ouverte...
- Où ça ?!
- Juste là...
- On court?
- Oui !"
Et comme deux grosses nouilles, on a couru le dernier mètre qui restait ! Tout ça pour une tombe ouverte... Plus tard dans la soirée, pendant que ses parents buvaient un verre dans la salle des fêtes du village, nous sommes restées dans le fort de la plaine de jeux. Nous avons discuté entre filles. Ce fut une chose qui me manqua énormément par après... Plus d'explications plus tard. Je ne sais plus de quoi nous avons parlé ce soir-là. Des garçons, sûrement. Elle était en couple avec le seul homme qu'elle ait véritablement aimé, mais qui, malheureusement, se payait de sa tête. J'ai dû lui poser des questions sur la vie en couple (même si elle n'était sûrement pas la personne de référence dans ce domaine !) parce que, même si je ne voulais pas de petit ami et que j'étais très bien célibataire, je me demandais comment ça pouvait être, la vie en couple.
Elle n'était pas une référence parce qu'en ce début d'année scolaire, elle a eu un autre petit ami. Oui, elle avait enfin réalisé que l'homme de sa vie n'était qu'un briseur de coeurs, mais comme elle avait toujours besoin d'être en couple, de se sentir aimée, il lui fallait absolument quelqu'un. Et c'est tombé sur une pauvre victime... Elle l'avait rencontré en soirée. En soirée, elle s'habille un peu comme une femme faisant les trottoirs, il ne savait pas qu'elle était gothique dans la vie réelle. Malgré ce look, il était fou amoureux d'elle. Il se pliait en quatre pour elle. Du coup, ce fan de techno a changé de look rien que pour les beaux yeux de sa belle. Mais il n'était pas là pour voir qu'elle n'était pas sincère. Ils habitaient loin l'un de l'autre, elle avait flashé sur un gars de l'école. Elle oubliait qu'elle avait un petit ami ! Je tentais désespérément de le lui rappeler.
Un matin, dans le bus, elle m'a annoncé, des étoiles dans les yeux, que son tout nouvel ex l'avait vue avec son tout nouveau copain. Elle me racontait ce pauvre récit avec tant de vivacité ! J'en étais affreusement triste pour l'autre garçon. Je ne l'avais vu que deux fois, mais la deuxième fois (où j'ai remarqué qu'elle ne l'aimait pas), on s'était marré comme des dingues ! Alors je lui ai envoyé un message au soir, pour voir comment ça allait. Et forcément, il m'a dit qu'il était amoureux de moi. Comme une idiote, j'y ai cru. Étant l'ex de ma meilleure amie, j'ai inventé que j'avais un copain. En plus, ce type ne m'intéressait pas, mais il me faisait trop de peine, raison de plus pour inventer cette excuse. Mais rien à faire ! Il ne lâchait pas l'affaire. Au final, j'ai fait genre que mon copain m'avait quittée et que j'en étais désespérée. Ainsi, il allait me laisser "déprimer" et arrêter d'attaquer. Mais non, il continuait toujours ! J'ai donc pris la décision de lui avouer la vérité; que je ne voulais pas sortir avec lui parce qu'il est l'ex de ma meilleure amie et que pour moi, c'est pas une chose qui se fait. Alors il lui a téléphoné pour avoir son accord. Bien sûr qu'elle était d'accord ! Elle n'attendait que ça; que j'aie un petit ami ! Il m'a annoncé cette nouvelle tout content, et j'ai répondu oui. Oui par pitié, pour pas qu'il soit de nouveau attristé par une fille. Sur le coup, il m'a répondu: "Super ! Merci mon amour ! Je t'aime. Bonne nuit.". C'est là que j'ai compris que c'en était trop pour moi. Je savais pas quoi répondre. J'ai réalisé que j'avais fait une grosse bêtise ! Le lendemain matin, j'ai voulu lui annoncer que je voulais rompre, dans un message devant dire que je ne me sentais pas prête à avoir un copain ou je ne sais plus ce que j'avais l'intention de lui dire. Juste au moment où je m'apprêtais à le lui envoyer, je reçus un message de sa part. Il disait qu'il ne voulait pas que l'on soit ensemble, de peur de gâcher notre amitié. J'en étais soulagée !
Plus tard, je compris qu'il voulait rendre ma meilleure amie jalouse en sortant avec moi. Il était fou d'elle, il n'aurait pas pu tomber amoureux de moi ou d'une autre ! Et comme il a vu qu'elle se fichait qu'il soit avec moi, il m'a quittée.
Plus haut, je t'ai dit que ces moments entre filles allaient me manquer. Effectivement, ma meilleure amie ne pouvait se passer d'avoir un petit ami. Pour vivre, il lui fallait un copain.... et moi. Alors elle m'invitait chez elle, et une fois là, elle m'annonçait que son copain allait venir. Je tenais la chandelle, ne sachant où regarder quand ils s'embrassaient. Je me demandais pourquoi elle m'invitait alors qu'elle avait déjà l'intention de faire venir l'élu de son coeur du moment. Nous ne passions plus de moment entre nous, c'était fini tout ça. Et ça me désolait. Je n'étais pas jalouse de sa vie en couple, comprenons-nous bien ! J'étais très bien célibataire, dans mon coin, à lire et à écrire. Je n'avais besoin de rien d'autre ! Et puis, avec toutes les erreurs qu'elle faisait, toutes ces fausses idées qu'elle avait en tête, j'avais tout sauf envie d'être en couple ! J'étais encore en phase d'observation.
Parlons un peu de ma nouvelle amie. Nous nous connaissions depuis la première mais n'avions jamais été dans la même classe, excepté cette année-là ainsi que la suivante. Elle avait commencé à rester aux récréations avec moi et ma meilleure amie dans le courant de la deuxième année. Nous nous entendions bien, et être dans la même classe nous a rapprochées. Nous nous amusions beaucoup ensemble. A la récré de midi, notre amie Florence restait avec nous. Je te dis son nom parce qu'elle reviendra encore et encore. Elle était grande et mince, tout comme moi. Et elle était encore plus folle que moi ! Nous nous parlions beaucoup par SMS. Le soir, elle faisait du baby sitting chez ses voisins. Elle m'en parlait quand les petits ne voulaient pas s'endormir alors je lui ai dit qu'il fallait les laisser crier dans leurs lits jusqu'à ce qu'ils s'endorment. Une astuce que ma mère appliquait, et qui fonctionne à chaque fois. Un jour, je pense que c'était en quatrième, elle avait dessiné avec les petits. Je lui avais demandé, pour rigoler, de me dessiner. Le lendemain matin, elle m'a donné le dessin à l'école. Elle n'avait pas oublié mes plaquettes, j'étais écroulée de rire !
Ah oui ! Les plaquettes... Il faut encore que je te parle de toute cette affaire-là ! Je le ferai dans ma prochaine lettre. En attendant, je termine le chapitre Eghezée.
Fin juin, nous sommes partis à Londres avec l'école. Nous étions quatre à dormir chez une londonienne très sympathique: ma nouvelle amie, Florence, et une autre amie dont je me suis rapprochée au cours de gym et plus particulièrement à la marche parrainée de cette année-là, parce qu'elle avait parlé du chanteur Calogero et que j'en étais une fan inconditionnelle. Quand la dame nous expliquait le topo (bain avant de dormir, levé à 7H,...), toutes les filles se tournaient vers moi. Bon, à première vue, tout le monde savait que j'étais une bête en langue ! J'ai donc commencé mon travail d'interprète durant ces trois journées à Londres. Nous avons visité le Brittish Museum, le Science Museum, le château de Windsor, la Tower of London, Madame Tussauds (où j'ai pas pris mon appareil photos et forcément il y avait la statue de Johnny Depp ! Florence a été la seule à prendre des photos mais forcément, elle a perdu son appareil là-bas !) et je ne sais plus quoi d'autre. Mon amie et moi avions gagné le repas gratuit dans le bateau pour le retour. Ca tombait bien parce que mes parents ne m'avaient pas donné assez de livres sterling ! Comment avions nous gagné ce repas? C'est simple. A l'école, nous avions dû faire un guide de voyage et ceux qui avaient fait le plus beau gagnaient le repas. On se fichait pas mal de gagner, on l'avait fait parce qu'on le devait, mais voilà: un autre groupe de filles et nous-mêmes avions gagné. Mon amie a eu le mal de mer et moi je n'avais pas faim, nous l'avions gagné un peu pour rien, malheureusement !
Et c'est ainsi que je devins dingue de Londres. Je m'étais très bien plu, j'ai vu que je comprenais l'anglais (parce que l'audition n'a jamais été mon fort) et Londres est tellement différent des autres pays d'Europe (même si je n'avais vu que la France et l'Italie) !
Et enfin, la quatrième année... Il n'y a trop rien à en dire, si ce n'est que mon amie commençait à avoir des attitudes bizarres avec moi. Un jour, elle avait fait une crise de jalousie, mais au lieu de me l'avouer, elle m'a dit qu'elle était enceinte et qu'elle allait avorter. C'est comme l'année suivante, où elle m'a demandé d'être la marraine de son enfant, parce qu'elle était encore tombée enceinte. Sache que mon filleul n'est jamais né et n'a même jamais existé ! Des fois, elle piquait une crise sur MSN alors que j'avais rien dit, rien fait. C'était un peu comme si elle était schizophrène. Après elle m'inventait une excuse bidon. Une dont je me souviens encore bien, c'était qu'un inconnu avait frappé à sa porte pour lui dire que j'avais dit des méchancetés sur elle au grand feu. J'étais tellement attachée à elle que ses comportements me blessaient beaucoup, j'en pleurais. Ma meilleure amie n'arrêtait pas de me dire que je devais arrêter de la fréquenter, mais je ne le pouvais pas. Je l'adorais. Je ne voyais pas qu'elle se payait de ma tête. On rigolait tout le temps et malgré tout elle était une bonne amie.
C'est en quatrième que je décidai de changer d'école. Durant longtemps je n'ai pas voulu, de peur de perdre mes amis. Maman et la marraine de ma soeur n'arrêtaient pas de les critiquer, c'en devenait insupportable. C'est à cause de ça que je pris la décision de changer. Mon amie en était attristée, sans moi elle n'avait plus personne (Florence allait changer aussi). La seule raison qui mécontentait ma meilleure amie, c'est le fait qu'elle n'allait pas pouvoir reconnaître le bus. Nous prenions le 142B, et il y en avait trois à la sortie de l'école. Le nôtre n'était pas difficile à reconnaître: comme il passe par tous les villages perdus, il n'y a pas beaucoup de monde dedans. Puis elle pouvait se repérer avec les personnes déjà présentes dans le bus, et si elle était toujours sûre de rien elle pouvait demander au chauffeur.
Je ne sais plus quand je suis allée au SIEP pour me renseigner. J'avais demandé qu'ils me fassent une liste avec les écoles qui présentent l'option langue, en voulant apprendre l'allemand. L'athénée de Namur m'a directement tapée à l'oeil. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j'avais toujours suivi une éducation religieuse alors que là, je pouvais voir à quoi ressemblait l'éducation laïque. Le mari de ma marraine m'a toujours dit que le cours de morale était facile et génial. Fallait que j'essaye !
Je ne sais plus non plus quand je me suis inscrite à l'athénée. Je sais que l'on m'a annoncé ce jour-là qu'il n'y avait plus d'allemand, désormais c'était l'espagnol. J'étais fort déçue, l'espagnol est une langue qui ne m'intéresse pas du tout. Oui intéresse, parce que même après l'avoir apprise, je peux te dire que je déteste toujours autant cette langue ! Soit. Je me suis inscrite. J'avais hésité à prendre les deux heures de math. Au final, je me suis dit que ce n'était pas raisonnable, alors j'ai pris quatre heures. Trois heures d'éducation physique, deux heures de morale, néerlandais en première langue. J'étais inscrite.
C'est ainsi qu'en fin d'année, après avoir réussi un des deux examens de passage, je quittai Eghezée pour un monde meilleur. J'allais rejoindre la cinquième année dans un monde nouveau. Oui, parce que maman disait toujours: "Nouvelle mâchoire, nouvelle école, nouvelle vie !". Oui, tu as bien lu Dimi, nouvelle mâchoire ! Enfin, tu l'as peut-être su, comme nous avions la même orthodontiste. Ce chapitre dans la prochaine lettre, promis !
Bye.