Mon banc de misère

stonemarten

J'ai beau essayer de me persuader du contraire,
J'ai beau feindre l'ignorance, garder la tête haute et faire comme si ce n'était rien, comme si ça ne faisait pas mal à l'intérieur.
Pourtant, ça me met les viscères à l'envers.
Ce manque de tout, ce manque de vous dans mon atmosphère. Ça me brûle la gorge, ça émiette mon cœur en petits bouts de misère.
Ça me met dans le ventre des cailloux lourds qui m'enfoncent dans la terre.


J'ai éternellement 4 ans et j'attends sur ce banc d'apercevoir au loin une silhouette familière.
J'attends si longtemps que mes yeux se fatiguent, mes petits yeux embués de sel qui ne voient plus très clair.
Il pleut sur ma robe où s'éteignent des coquelicots abîmés par l'hiver.
Et il pleut si longtemps, je ne sais même plus qui j'attends au milieu de ces âmes étrangères.


Finalement j'ai 12 ans, je griffonne des secrets sur mes cahiers d'écolière.
Je dis des mots d'amour que l'on me prie de taire.
Alors je tais ces maux d'amour que dans mon corps j'enterre.
Et j'entends en dedans un bambin qui sanglote.
Il veut le sein de sa mère et la chaleur qu'il apporte.
Tout est si chaud soudain mais pas vraiment d'amour.
C'est la colère qui, de lui, fait un poupon de charbon.


Et puis maintenant, je suis vieille. Et j'attends toujours vos étreintes.
Et maintenant, je suis vieille et j'entends mon cœur qui s'éteint. Alors j'écris un peu chaque jour pour vous dire que parfois, J'attends sur ce banc, la nuit, quand personne ne me voit.
Puis comme jamais ne vient quiconque pour me prendre la main.
J'écris des mots d'amour pour quand je ne serai plus là.
J'écris des maux d'amour pour quand il sera trop tard.


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