Morceau de rire

Il existe sur Terre des gens bien curieux. Consommateurs de mystères, on dit d’eux qu’ils sont des gens heureux. On dit que lorsque leur bouche s’ouvre, sortent parfois par centaines, par milliers –pour qu’on s’en souvienne-, des morceaux de rire. On dit que lorsque leur bouche s’ouvre, on oublie les larmes et les mots durs, les mots qui nous désarment au lieu qu’ils nous rassurent. Et restent les morceaux de rire. Oui, là sur le sol, des morceaux de rire qui recouvrent des miettes de temps, qui les oublient aussi, bien souvent, et qui les font mourir.

C’est comme s’ils avaient cueillis une étoile dans le ciel, comme s’ils l’avaient attrapé et en avaient recueillit l’essentiel, dans son intensité. Oui c’est ça. Un morceau de rire c’est un éclat. Quelque chose qui se casse, qui vient d’un être humain, quelque chose qui se passe, pour un autre être humain. Quelque chose qui se reçoit, qui est fragile, qui ne se voit pas mais qui ne reste pas tranquille. Quelque chose qui dérange, mais qui au fond amuse, quelque chose qui nous démange, mais qui jamais ne se refuse. Un morceau de rire ne tue pas, le rire ne peut faire que tomber, tomber sur le sol, même s’il est gelé ; un morceau de rire ne tue pas. Et le rire ne peut pas mourir…