Mort nez

Michel Chansiaux

La vie est un long effluve tranquille

L'odeur du gibier qui faisandait dans de grands chaudrons émaillés lui était familière. Elle se mêlait à des non moins capiteuses émanations de la réserve de tabac. Des scaferlatis bruns, des poudres à priser, des chiques. C'était un concert de senteurs d'hommes. Mais plus au fond dans le couloir, il percevait les émissions aigres des dessous féminins, l'Eau de Cologne à la violette et le suint des vieux missels tant rabâchés. Il y avait de cela presque un siècle. L'infirmier et la doctoresse qui l'aidaient à mourir dans la dignité ne sentaient rien. Ils étaient donc incapables de ressentir.

Signaler ce texte