Mot-dit : "Ex"

C'est d'abord un son. Brutal, agressif. "Ex". La pure violence du "x" dans toute sa splendeur. L'exhalaison à la fois gutturale et sifflante ex-prime à elle seule le rejet. Un tel son ne peut exprimer un concept sympathique.

L'ex. Le terme désigne ces personnes qui firent un jour partie de notre existence. Firent. Car le préfixe "ex" se conjugue au passé simple. Ex-patron, ex-appart... Tels ils furent, mais ils ne le sont plus.

Mais l'"ex" tout court, seul, nu ? Il fait invariablement référence à une personne sortie de notre vie amoureuse, sans qu'il soit besoin de préciser. Comme si elle n'avait pas de nom. Comme si on cherchait à ne pas trop faire durer son évocation. Comme si cette syllabe unique, crachée avec mépris, lui faisait déjà trop d'honneur.

L'ex est un crachat, rejeté, maintenu à l'ex-térieur. Il est sorti de notre vie. Pire, il en est ex-tirpé, arraché à notre cœur. L'ex a laissé une amertume qui dure, que l'on racle par ce "kss" cathartique.

Cette ex-pectoration peut être adoucie par un adjectif possessif : "mon ex". Une dernière trace d'appropriation, une minuscule subsistance de ces "mon amour" doucement soupirés. Mais qui ne sauraient atténuer la violence de cette blessure ouverte de la gorge, syllabe maudite destinée à rappeler le caractère irréparable, irrévocable de la rupture.

Non, vraiment, on ne peut rester en bons termes avec un ex.