Mother vs daughter: second game of chess

Les deux femmes se regardaient. L'une avec une sérénité exemplaire, l'autre avec une rage qu'elle avait du mal à contenir. Sybille, qui était à moitié courbée sur elle-même à cause des restes du sédatif dans ses veines, se redressa comme un i sur son siège. Mais elle attendait, patiemment, comme un lion traquant sa proie au milieu de la savane, le corps dissimulé dans les hautes herbes, à l'affût de tout mouvement, la concentration à son maximum.
" Tu as l'air d'aller mieux." Nota Kaylee d'un ton calme.
" Attends que je défasse mes liens. Je vais montrer à quel point je vais mieux."
" Sybille, je ne cherche pas la guerre."
" Non. Tu veux ma soumission. Je me demande encore ce qui est pire entre les deux."
" Tu te trompes. Je veux juste t'aider."
" Ouais! Tu veux m'aider à devenir plus cinglée que je ne le suis déjà!"
" Tu ne comprends pas! J'ai été bannie de ma propre famille peu de temps avant ma grossesse parce qu'ils me croyaient tous folle, incapable de faire quoi que ce soit et qu'il pourrait que je décide de décimer ma famille entière! Et après ça ton père a disparu du jour au lendemain sans laisser de trace. J'ai été toute seule pour vous élever ton frère et toi! Je sais ce que c'est que d'être dos au mur avec une armée adverse en face de toi."
" Te fatigues pas. Je le connais déjà ton baratin. Tu me le sors à chaque fois que tu as besoin de quelque chose."
" Je veux te faire sortir d'ici!"
"Ouais, c'est ce que je dis. Mais tu veux quoi en échange? Mon approbation pour ton éventuel futur rang d'alpha? Tu ne l'auras jamais. Tu veux avoir l'ascendant sur moi, que je te serve de faire- valoir dans ta quête du pouvoir pour ensuite retourner ta veste et me mettre hors- jeu? Tu peux crever. Je ne te donnerai rien qui pourrait te procurer un immense plaisir! Ce qui serait monstrueusement jouissif pour moi, en revanche, c'est que ton séjour en enfer dure une éternité!"
Sybille avait de plus en plus de mal à retenir la colère qui bouillait au fond de son estomac. Elle savait que sa mère cherchait à l'attirer dans une impasse pour ensuite lui faire la peau. Elle avait toujours été comme ça. Manipulatrice, perverse narcissique et menteuse.
" Avec ton palmarès, t'aurais presque pu faire dentiste, ajouta la jeune femme en se laissant tomber contre le dossier de sa chaise. Mais je crois que c'est le côté pervers narcissique qui a déplu au jury!"

Kaylee ne releva pas. Elle resta même impassible face à l'attitude provocatrice de sa fille.
" Je sais que ton cher Peter est en vie, balança- t- elle comme une bombe à retardement. Et je sais même où il se trouve."
Derrière son masque de haine, Sybille était stupéfaite. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Si sa mère disait vrai, il fallait qu'elle le trouve avant qu'il soit achevé pour de bon.
" Qu'est- ce que tu veux à la fin?"
" Ce que tu ne veux pas."
Sybille fixait Kaylee, silencieuse et pensive.
" Je te fais sortir de cet endroit sordide et je te dis où est Peter."
" Et?"
Elle savait très bien ce que Kaylee attendait d'elle. Mais elle voulait l'entendre dire.
" Tu m'aides à récupérer ma place dans la famille."
" Et si je refuse?"
" Tu restes moisir ici. Et tu ne reverras jamais ton ami."
"Meilleur ami."
" Peu importe."
L'heure était à la réflexion. Et à l'organisation d'un plan de secours.
" Autant jouer à sa manière." Pensa Sybille.
" C'est d'accord."
Kaylee lui répondit par un sourire de satisfaction.
" Mais si tu essayes de me doubler je te tue."