MOTUS

Pauline Bo

Pour compter les moutons...

Déjà tout cela est très personnel. Pour commencer je dois vous préciser qu'au moment où je vous écris, je me trouve dans mon lit pour la quatrième fois en deux heures et demie. Il était minuit vingt et maintenant j'ai passé la barre des trois heures.

Voilà quelques temps que j'appelle le sommeil mais il ne me rejoint pas, l'égoïste. Du coup j'insiste, j'insiste, je ferme les yeux, parcours ma journée et fourre le tout au plus profond de mon...disons, cerveau.

Et comme je persévère, des balles de ping-pong s'installent comme chez elle, jouent et ricochent sur les parois de mon crâne. En fait, ce ne sont pas des balles ce sont mes pensées.  Des raisonnements en veux-tu, des regrets en voilà. Mieux des souvenirs bataillant sur le front. Cochonneries de vainqueurs.

A insister ainsi, ma tête est une enclume pleine de vie et moi je suis vidée tout court. C'est alors que j'ai l'idée de croquer délicatement un somnifère mais celui-ci ne fait pas l'affaire. J'ai l'habitude du coup je ne lutte plus et en avale un deuxième en comptant les minutes. Après, j'attends dans mon lit. Mais les balles ricochent toujours et leur bruit fait de plus en plus mal. Certaines ont des images pour moi, d'autres des chansons. Mon esprit prit au piège se doit donc de chanter alors qu'il voudrait juste se reposer. Saleté.

Alors j'attaque le paracétamol mais n'entends pas son doux crépitement dans l'eau. Je deviens presque sourde. A côté du verre règne en maître un nouveau somnifère que je gobe. L'avaler de la sorte augmentera peut-être son effet.

Quatre heure du matin, je vous le confirme, l'avoir gobé n'a rien arrangé. Je suis de retour au lit, j'y vois de plus en plus flou. Me voilà cachée sous ma couette attendant cet enfoiré de sommeil. En patientant, désemparée, j'ouvre mon carnet et j'écris. Enfin, je vous écris. N'importe quoi.

Ma tête est une vraie guerre entre les molécules et mes pensées. Pensées versus Benzodiazépine. Et les balles ont des tactiques pour persister et tenter de gagner. Pendant ce temps mes yeux ne se coordonnent plus et je tangue en allant à la salle de bain. Le match là-haut doit être serré. En rejoignant mon lit, je me heurte à ma table. J'ai envie de lui mettre un coup de boule à celle-là. C'est un signe, les benzo contre-attaque! Surtout ne pas se taper sur la table, sinon les balles se réjouissent. Elles ont plus d'élan et d'entrain . Je l'ai fait une fois, simple erreur instinctive d'une insomniaque débutante. Dans ces circonstances, l'oreiller serait plus tendre mais je suis tellement crispée qu'il ne ferait que ralentir mes élans. Après je heurte mon lit avec les genoux et je commence à bouillir de partout. Allez les benzo que cela cesse! Trois de vous c'est déjà trop! Si vous renoncez j'en ramène un quatrième! A bas l'insomnie, je n'y vois plus très clair, évidemment c'est la nuit, me voilà dans de beaux draps!

Si......parf...ois  j'....av....é... Quel......que....c...ho...SE ...à....DIRE...o...bEn....zzzzzzzzzzzzZZZZZ



C'EST QU'A CAUSE D'EUX, AU REVEIL ON A MAL AU CRANE!






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