Multipolarité
Dorian Leto
Je suis un oignon.
Un putain d'oignon mutant.
Tout au fond de moi, sous les innombrables couches de pourriture,
Il y a un
Tout petit être blessé.
Comment puis-je être en parfaite harmonie avec moi-même pendant un instant, et mourir à l'intérieur la seconde d'après ?
Eh bien c'est parce que je suis un putain d'oignon, je maintiens.
Le contact avec l'extérieur m'arrache mes couches petit à petit, et le tirage aléatoire définit mon état.
C'est absurde ? Mais bordel, donnez-moi une autre explication ! Dites-moi ce qu'il y a, enterré dans mon âme ! Ou alors fermez vos gueules.
Ma tête vrille, c'est un tonnerre
as
sourd
issant
Je n'entends plus rien
Il y a une sorcière armée d'un pieu qui martèle les parois de mon crâne et se creuse un chemin dans mon cerveau
Ça explose de l'intérieur
Je sens mon sang qui coule
Visqueux, dans mon nez,
Ma bouche, mes oreilles, mes yeux
Je m'étouffe
Et elle ne s'arrête toujours pas
Cette maudite
Fée rouge
Ce n'était qu'un cauchemar.
Juste un cauchemar.
Lève-toi. Avance.
Oui, tu es seule.
Et ?
Tu as passé l'âge d'être heureuse.
Quoi ?
Marche et tais-toi.
Je suis au milieu d'une immense forêt verte rouge et orange ça doit être l'automne
Okay princesse
Tu es perdue
Debout chérie faut trouver la sortie
Ouais, tu voudrais t'endormir et te réveiller l'année prochaine mais là c'est la merde
Faut dégager d'ici
Alors ouvre les yeux et cherche
Ouais, les papillons sont jolis et le bruit de la cascade apaisant
Mais on verra ça plus tard, promis.
Je flâne.
Il y a des gens à l'air menaçant partout, mais ils me font rire
Ainsi que les engins démoniaques qui roulent à une allure folle, à quelques centimètres les uns des autres, en sens opposé.
Je suis un lombric.
Personne ne me remarque, je me glisse, mal dans ma peau, entre leurs chaussures.
Je dors. Le sol est doux, sous mon dos.
Il y a un
Tapis de feuilles
Et une
Brise tiède
Des caresses solaires
Mmm…
Ferme les yeux, enfant.
Que vois-tu ?
Du noir.
Qu'entends-tu ?
Des crépitements. Et un cri qui s'élève, toujours plus strident, sans paraître vouloir s'arrêter ; un écho.
Que sens-tu ?
L'odeur de ma chair qui carbonise.
Que ressens-tu ?
Une douleur comme tu ne peux même pas l'imaginer. Ma peau, mes muscles qui picotent, démangent, brûlent, se détruisent irrémédiablement.
Que sais-tu ?
Que tout mon corps est en flamme, et que je ne peux rien y faire.
Tu entends ? le son de ton cœur qui implose ?
Oui, tu t'autodétruis.
Tu es seule, emplie d'orgueil, émiettée.
Tu le sais.
Tes larmes sont glacées.
Ton corps est fort. Ton esprit plus encore.
Et ton âme s'écroule.
Stop. Ça vous suffit ? Bordel, je suis un putain d'oignon.
Le problème avec les putains d'oignons, quand tu t’y intéresses du moins, c'est que tu sais, malgré toute l'expérience et les trucs que tu as accumulés dans ton existence, que ça va quand même te faire chialer.
· Il y a plus de 8 ans ·Et si la force de l'oignon était là, justement -bien au-delà de son seul bourreau- dans sa capacité à transcender sa propre souffrance, par le don de soi qu’il projette et qui provoque les larmes de ceux qui l’entourent!
Maintenant, imaginons que ce putain d’oignon décide de devenir écrivain…
Frédéric Clément
Wow. Je remarque ce message après neuf mois. Mais il est beau. Merci.
· Il y a plus de 7 ans ·Dorian Leto
;-)
· Il y a plus de 7 ans ·Frédéric Clément
J'ai trouvé ça excellent ! Le style aussi est vraiment en harmonie avec ce que tu veux exprimer
· Il y a plus de 8 ans ·Ere
Merci beaucoup :)
· Il y a plus de 8 ans ·Dorian Leto