Muse d'écluse

Francis Etienne Sicard Lundquist

Sonnet

Elles mangent la pluie aux rides de leur peau

Et rongent le cristal d'un ciel indélébile

Qui couche dans leurs doigts une lune immobile

Dont leurs dents de ferraille écraseront l'anneau.

 

Sous leur masque de fer elles embrassent l'eau

Qu'elles grisent d'un sou tremblant dans leur sébile

Comme un astre de soie éloquent et labile

Qui parlerait du jour du fond de leur caveau.

 

Les lèvres de leur bouche effarouchée et veule

Effleurent le courant qui se frotte à leur gueule

D'un bruit de rail rouillé par les griffes du vent.

 

Mais sur leur passerelle une ombre de voyage

Glisse entre le soleil et le bord d'un auvent

Dont la toile de jute habille un beau nuage. 


Francis Etienne Sicard Lundquist 

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