Narcisse, si !

Loxias

Ne plus se nourrir que de beauté

Je ne peux plus héberger ce coeur en miettes. Il s'infiltre partout et corrompt mes rouages. Ainsi ai-je pris le parti de le jeter aux silures de l'Acheneau, qu'ils s'en repaissent, eux au moins. En échange (par un pacte secret) ils m'enseigneront comment ne plus me repaître, moi, que de beauté.

Ne pouvant plus émettre de rayonnement, aucun filtre n'empêchera les immondices de s'infiltrer en moi, par toutes les failles. Mais au lieu de chercher à les chasser, je les accueillerai au contraire volontiers. Après quoi je colmaterai chaque brèche, chaque faille, pour qu'elles ne s'en échappent plus. Avec ces prisonnières, tous ces maux, toutes ces douleurs, je bâtirai un palais, toujours en chantier, toujours grandissant (dans tous les sens), dans lequel je pourrai chanter la gloire de son roi-architecte, Moi.

« Si tu ne veux pas devenir comme moi, évite de dire « Je », enseigne le Diable. Je ne dirai plus que « Moi ». Je ne serais plus un petit prétentieux. Je le serai follement, absolument; et je renoue dès à présent avec l'enfant, l'ado qui avait pour ambition minimum de devenir un jour plus connu que Jésus-Christ. Moi.

La comparaison avec les jeux-vidéos est aisée. Qui, jouant à un jeu genre Zelda, où tant de choses sont possibles (permises), se contenterait de donner à son avatar une vie routinière et sans danger de potier dans un village ? Sans se frotter aux missions et aux récompenses qu'elles promettent ? On me rétorquera bêtement que le personnage du jeu vidéo peut avoir plusieurs vies. Mais c'est une image. Dans la réalité aussi tu peux mourir et renaître, symboliquement et intensément.

Il y a peu, j'avais un coeur. Maintenant que je l'ai donné aux silures afin de me construire un palais refuge, ne puis-je plus aimer sans coeur ? Ni rayonner de nouveau ? Il ne manquerait plus que ça. C'est le contraire en fait. Tout mon corps désormais, dans tout l'univers (qui lui aussi) rayonne. Je ferai de mon corps symbolique une lentille, tantôt concave, tantôt convexe, pour que le rayonnement de l'univers me traverse et qu'après moi il ne soit plus tout à fait le même. Ce qui, aux yeux de ceux qui ne s'en servent que pour voir, apparaîtra comme un rayon issu uniquement de ma seule personne. Ils me verront trompeusement accoucher de moi, d'un rayonnement qu'ils percevront singulier, atypique et propre à mon être, alors qu'il ne sera que celui, amplifié, de l'univers. Moi.

  • Narci cirque...le moi -yeux central...

    · Il y a plus de 5 ans ·
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    nehara

    • Pour info, le diamètre d'une piste de cirque correspond à la longueur d'un fouet de dompteur (13 mètres de mémoires).

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Vroubel 150

      Loxias

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