Night Crisis.

Tophe Harper

Texte auto-biographique.

La robe de la nuit ne s'est pas ôtée. Le sommeil m'enveloppe encore mais, mes yeux s'ouvrent. Ils se ruent sur ma montre, c'est instinctif. Deux heures quarante du matin. Une enclume est sur ma tête. J'ai l'impression que tout mon sang est dans mon crâne. On a soufflé dans mes yeux, gonflés, ils vont éclater. Un acouphène pour tempo dans les oreilles. L'oreiller m'oppresse, le bras de chéri sur le mien m'étouffe. Il semble si paisible mais je dois me dégager. Je suis fatiguée, mon corps ne me porte plus. Je ne sais plus quel jour nous sommes. Je veux dormir. Je veux dormir. Je pourrais dormir. Non, je ne peux pas dormir. J'ai mal, trop mal. Lèves-toi ma vieille. Lèves-toi si tu veux avoir moins mal.

Je prends mon courage à deux pieds, pour me tenir dessus c'est plus pratique. Telle une carcasse dépossédée de son âme je me rends vers la salle de bain. Chéri grogne, il n'a plus son doudou vivant pour lui tenir compagnie. Si ça pouvait être mon seul problème! Toutes les synapses de mon cerveau ne sont pas opérationnelles. Pas nécessairement en accord avec cette levée nocturne impromptue mais néanmoins récurrente elles ont décidé de ne pas faire leur boulot. Je cherche donc où j'ai mis la codéine. Pas la peine d'aller fouiller en hauteur, les enfants que je ne suis pas capable d'avoir ne sont pas là pour les prendre. Ça mon cerveau s'en rappelle. Après avoir ouvert toutes les portes du meuble je finis par tomber dessus. On dirait que je n'habite pas là, un peu comme je n'habite pas vraiment mon corps en ce moment. Je prends un verre, le remplie d'eau glacée. Non ce n'est pas un choix, c'est le robinet qui la distribue comme ça. Je plonge ladite «drogue» dedans. Une fois les bulles et la dissolution finis ça ressemble à du lait. En plus d'être infâme ça ressemble à du lait. Il faut en plus de ne plus me soulager que ça ressemble à quelque chose dont je suis intolérante! Je bois une gorgée, non il faut DES gorgées de Monster Assault, une de mes addictions, pour faire passer le goût. Au moment même où une aiguille vient se loger dans ma tempe droite Chéri vient m'enlacer, me tirer pour que je retourne me coucher. 

«Non Chéri, je ne peux pas me recoucher avec toi, j'ai trop mal. Je ne peux pas rester couchée!» Improbable, non? Les gens normaux, quand ils vont mal ils vont se coucher! Bah moi, non! Je me lève! Je dois ABSOLUMENT subir ce calvaire debout, ne pas offrir mon corps à un doux et duveteux matelas, ne pas laisser mes nerfs se détendre. Je dois rester éveillée! Dormir, ce moment de repos, ce n'est pas pour moi. Bien entendu! Mais Chéri, ne sachant pas quoi faire et paré de maladresse insiste et comme je l'aime et que je préfère être avec lui que seule avec cette agonie, je cède! Enfin, pas complètement. Oui, je reviens au lit, mais assise! L'oreiller a imposé un embargo à ma tête alors Chérie, elle reste assise! Une fois calée, Chéri s'installe contre moi, son bras sur moi. J'attends qu'il ferme les yeux et retrouve son sommeil du juste. Ça ne prend guère plus qu'une minute et à cet instant je l'envie. Je trouve qu'il a la vie belle, la vie facile. Cette injustice me révolte et je le jalouse. Pourtant, je suis si heureuse qu'il soit en bonne santé. Je me reprends, enfin, la honte me reprend et j'ouvre mon livre. Un ouvrage dans lequel je n'arrive pas réellement à me plonger car je n'ai pas vraiment envie d'être éveillée, que je suis somnolente et que je ne comprends même pas ce que je lis. Mais, j'insiste et à force ma matière grise se met au turbin. Maintenant que deux heures ont passé, que j'ai un peu, je dis bien un peu, moins mal et que je pourrais me recoucher. Mais non, car je ne suis plus fatiguée.

Je pose l'oeuvre de Schmitt sur la table de chevet et je regarde comme je peux Chéri, vu nos différences de positions ce n'est pas évident. Il est si beau quand il dort. Il semble avoir emprunté les traits d'un ange avec son air paisible. Je me retiens de rire pour ne pas le réveiller, il est tout ébouriffé et bien que ça ne soit pas si drôle ça m'amuse. Je pense qu'il rêve car il sourit. Ça doit être bien de pouvoir dormir sans entrave, sans souffrance. Je ne sais pas ce que c'est ou j'ai oublié, mais je tente une nouvelle fois l'expérience tout de même. J'opte pour une position qui se complète à celle de Chéri, je baisse les paupières et à force de patience je finis par trouver les bras de Morphée. Il est six heures du matin, je me lève dans une demi-heure pour déjeuner avec Chéri avant qu'il ne parte.

Quelque chose me tire de mes songes. Je mets quelques secondes à détecter que ce sont les lèvres de Chéri sur ma joue. Il veut me réveiller. Il est huit heures et demie. Il doit partir travailler. Comme d'habitude il a attendu le plus tard possible pour m'extirper du sommeil. Je voudrais lui envoyer une bonne expression mais mon sourire se coince sur mes lèvres. La douleur intense est revenue.


  • Bien pire. Un état de mal migraineux. J'ai eu un accident de voitures et depuis j'ai mal en continue (sans ne connaître une seconde de répit) depuis plus de dix ans et demi et ce ne fait qu'empirer, empirer et j'ai d'autres séquelles aussi...

    · Il y a environ 9 ans ·
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    Tophe Harper

  • C'est une migraine ? Pffff....Bon courage ;(((

    · Il y a environ 9 ans ·
    Ananas

    carouille

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