NOS AMIS LES BETES

Hervé Lénervé

où j'ai foutu mon lance-pierre ?

Oups ! Mea culpa

J'ai décidé que retirer ce texte du site, car il choquait des sensibilités. Je le savais limite, mais j'ai pris l'habitude de ne pas m'autocensurer lorsque j'écris. Maintenant mon intention n'est pas de choquer à tout prix et les textes malsains peuvent rester dans les limbes de mon esprit malsain, il n'y a pas de problème. J'assume totalement toutes mes histoires. Ces idées sortent de quelque part en moi et même si je ne sais pas d'où exactement, il faut bien admettre qu'elles ne sortent que de ma tête et non de celle du voisin qui, est un sale con au demeurant,  du moins, selon mon opinion sur le mien.

Si vous avez pu être choqué à lire mes textes, imaginez ce qu'il peut en être à les écrire.

Par ailleurs, je suis d'accord avec la critique, il était « très bien écrit », au-dessus de ma production habituelle. Est-on plus subtil quand on touche aux tabous ou seulement plus appliqué par compensation ?

Ecrire n'est pas sans danger, catharsis, catharsis. Ne pas prendre de risque en écrivant, c'est se mettre au tricot.

***

A la demande générale, je le remets, donc.

***

Elle se nommait Marie Madeleine, bien sûr, tout le monde l'appelait Marie. C'était une enfant aimable de caractère et adorable d'apparence, elle était belle de corps comme d'esprit. Douze ans et déjà tout le charme en devenir de la jolie jeune-femme qu'elle serait indéniablement. De grands yeux émeraude émerveillés sur le Monde, des cheveux soleils, fins et lisses tombant sur ses épaules délicates à la peau de porcelaine et une silhouette élancée de nymphe éthérée. Une seule tâche au tableau, Marie était d'une timidité maladive, elle ne se sentait en sécurité que dans le cocon familial. Au dehors, lâchée sur l'extérieur, elle perdait de sa belle assurance, de son ingénuité désarmante, de sa spontanéité charmante pour ne devenir que gauche, empruntée et maladroite, la belle enfant à la belle prestance n'était plus.

Enfant unique, auprès de sa mère et de son père, elle pouvait reprendre le contrôle d'elle-même, mais c'est surtout au côté de son chien qu'elle s'épanouissait totalement pour se transformer en fleur des champs, en fleur sauvage. Son chien était tout pour elle. Elle l'avait eu quand elle était déjà âgée de huit ans, de guerre lasse ses parents avaient fini par consentir à ce qu'elle ait l'animal de compagnie qu'elle leurs réclamait à longueur de temps.

La petite boule de poils craquante, puis le gros chiot, pataud s'était vite transformé en un colosse, rien de plus normale à cela, dans son évolution de molosse, puisque c'était un authentique bullmastiff  à la robe beige claire et au museau noir dans un joli dégradé sunburst. Aujourd'hui à sa taille adulte, il pesait soixante kilos pour une taille de soixante-sept centimètres au garrot, ce qui était évidemment un peu encombrant, même dans la grande maison familiale. Il était évident que la frêle Marie avait cessé, depuis longtemps, de le porter dans ses bras. C'était l'inverse qui se produisait maintenant quand elle lui montait sur le dos comme s'il fut un poney en lui susurrant des mots doux aux oreilles.

Marie et Jésus, c'était son nom, ne se quittaient plus, excepté durant le temps passé au collège qui semblait bien longs à Marie sans la protection de son gros chien et si long à Jésus sans la compagnie de sa petite maîtresse. Autrement ce robuste chien obéissait au doigt et à l'œil, c'est l'expression, car il obéissait davantage à la voix de sa fluette amie, un ordre chuchoté par Marie sonnait tel l'aboiement péremptoire d'un adjudant de carrière et le chien l'exécutait sans se le faire rappeler. Heureusement d'ailleurs, sinon Marie n'aurait jamais pu promener son compagnon, il était impensable qu'elle puisse le retenir à la laisse lors  d'une accélération sur les traces d'un chat, le rapport de force lui aurait été défavorable.

Accompagné de Jésus, Marie ne craignait rien, c'était un fait et par cette assurance, elle en gagnait sur elle-même, sa timidité s'atténuait de moitié. Elle pouvait dire deux mots aux passants, qui s'étonnaient toujours de ce couple si improbable, sans rougir jusqu'aux oreilles et les gens la trouvaient charmante et jolie. Quant au chien, qui malgré son apparence revêche ne semblait nullement agressif, il récoltait également que des compliments, mais de loin cependant, car nul n'aurait risqué une main à le flatter.

A la maison, il en était de même, Jésus ne lâchait pas Marie d'un coussinet. Elle allait à la cuisine, il allait à la cuisine, elle allait dans la salle de bain, il allait dans la salle de bain, elle allait s'enfermer dans sa chambre, il allait se faire enfermé avec elle. Souvent il s'allongeait lascivement sur le parquet et la regardait faire ses devoirs assise derrière son bureau en ponctuant son attente par de grands soupirs avant de reposer sa grosse tête sur le sol et reprendre la surveillance de sa jeune maîtresse par un regard en contre plongé de ses grands yeux énamourés. Tout était grand chez lui. Quelquefois, Marie lassée de sa concentration venait le rejoindre pour s'allonger contre son ventre, elle se lovait contre les poils ras de l'animal pour se décontracter un peu, elle embrassait sa puissante encolure en l'étreignant de ses bras maigres, elle enfouissait son visage dans les plis de la peau de son  cou, pour refouler des replis de conscience, elle y dissimulait sa tête pour y cacher des réminiscences de culpabilité aussi. Puis ses fines jambes se glissaient entre les cuisses puissantes de l'animal comme sous une couette pour venir presque y disparaître et s'y réchauffer un peu. Elle plaquait ses pieds nus contre la peau nue et soyeuse de l'entre-patte, elle comptait alors le pouls du cerbère qui s'accélérait en même temps qu'elle sentait grossir, contre ses chevilles, le membre de l'animal.

Le tableau était émouvant, pourtant il laissait un goût de malaise dans la gorge suggéré par une ambiguïté malsaine. Marie avait revêtu son manteau de fourrure, elle s'était habillée, belle sauvageonne, de peau de bête.

Quand son chien l'accompagnait dans la vaste salle de bain à la faïence pastelle, il s'asseyait sur le carrelage et observait studieux et statufié sa jeune patronne faire ses ablutions. Marie aimait déambuler nue, en sa présence, devant le regard du molosse qui suivait tous ses déplacements. Elle commençait à apprécier sa fine silhouette de jonc, ses petits seins, bourgeons s'éveillant à la vie, son ventre plat, ses petites fesses musclées, enfin son corps en son entier  qui prenait lentement les formes d'une jeune-femme. Elle aimait imaginer que son animal la trouvait, lui aussi, séduisante. Cette intimité naturiste lui plaisait et elle restait sous la douche bien plus que la propreté ne l'ait exigé, frottant et caressant son corps déjà bien propre. Le chien restait attentif à ce spectacle pendant tout ce temps, au lieu de s'assoupir comme il le faisait le plus souvent, avait-il la personnalité d'un voyeur ? Il est ridicule de prêter, par anthropomorphisme, les perversités de l'humain au naturel, pourtant nous ne nous gênons pas pour le faire, la plupart du temps.

Puis un matin que Marie s'essuyait le dos dans un grand drap de bain écru qui lui descendait jusqu'à mi-mollet, son compagnon vint lui lécher, en toute innocence, le dessus d'une cuisse en montant paresseusement du genou jusqu'à l'aine. Marie entama un petit rire de gorge cristallin au chatouillement du genou, qui s'atténua à mi-cuisse, pour finir dans un soupir quand la sensation approcha au plus près de son intimité. Le contact de la grosse langue humide et chaude à l'endroit où la peau est la plus fine, la plus douce, la plus sensible, lui procura un frisson délicieux tout le long de l'échine. Son corps s'éveillait à la sensualité. Elle se cambra davantage et par une légère rotation du buste, offrit en friandise à la langue de l'animal son sexe rosé, qu'il lapa, par gourmandise, comme une glace à la fraise. Marie entrouvrit ses lèvres pour laisser passer, entre deux rangées de perles, un râle étouffé de plaisir.

 

Marie n'avait pas de petit ami, elle pensait souvent aux garçons et certains dans sa classe lui plaisaient bien, mais sa timidité rendait les contacts gênants et les jeunes garçons qui manquaient également d'assurance avaient tendance à l'éviter en privé. Elle n'avait guère plus de chance avec les filles, car ces dernières lui reprochaient sa pusillanimité. Finalement, son seul véritable ami était son chien.

 

A douze ans Marie ne pesait pas grand-chose et elle pouvait encore monter à cru son chien-poney. Un après-midi, qu'elle le faisait avec en tout et pour tout qu'un fin débardeur de coton blanc et une jupe légère à l'imprimé printanier, de rien de tissus, elle retira sa culotte pour se sentir au plus près de l'animal, pour ne faire qu'une avec lui, pour être caressée par le contact des poils soyeux sur sa peau nue. Par une simulation de trot, le frottement, le va-et-vient de sa vulve contre le cuir de son étalon échauffa les sens de la coquine à son paroxysme. Ni tenant plus, elle se mit en position comme une lice et lui, la couvrit comme un chien. Ils ne firent plus qu'un, ils s'initièrent à l'amour charnel réciproquement, leurs orgasmes extatiques furent simultanés… C'est alors, que la porte de la chambre s'ouvrit…

 

Ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas beaucoup d'enfants.

 

Le père de Marie, qui était pour une fois revenu très tôt, trop tôt, du bureau et, lui, qui ne rentrait que rarement dans la chambre de sa fille, eut la mauvaise idée de le faire ce jour-là. Il était chasseur, il décrocha son fusil et envoya Jésus, ad patres, aux enfers. Ce sont des choses qui arrivent, les innocents prennent souvent pour les coupables.

 

Plus que le scandale familial qui s'en suivit, ce fut la mort de Jésus qui affecta pathologiquement Marie. Elle ne se remit jamais de la disparition de son seul amour et devait se pendre, trois mois plus tard, au grand portique de jeux du jardin, en pensant à son amant à quatre pattes dans un ultime balancement ludique.

Il était midi ce dimanche-là. Les parents de Marie, croyants et pratiquants, écoutaient, sans la présence de leur fille unique qui s'était dite souffrante, écoutaient, sans autre enfant compensatoire à la douleur en magasin, « l'ave Maria » dans le cœur de la nef, leurs cœurs emplis d'une allégresse mystique. Puis les cloches, dans leur beffroi, entamèrent leur branle, elles aussi, se balançant, en solidarité avec la belle Marie Madeleine,  pour sonner « l'ite missa est » et libérer les ouailles, sous la protection reconnaissante de leur Dieu bienveillant, vers le bel après-midi à venir.

HAPPY END

  • Je ne suis pas trop d’accord avec toi. Personnellement, je n’ai pas de chien, mais je promène celui d’un copain tous les matins que Dieu fait, si mal au demeurant. Avant, je promenais un bambin, car personne de raisonnable m’aurait filé les clefs de son clebs. Donc par expérience, je peux te dire que les deux marchent très bien pour pécho des grand-mères.

    · Il y a plus de 7 ans ·
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    Hervé Lénervé

  • Ça vous va bien aussi.

    · Il y a plus de 7 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

    • Merci, je l’ai à peine porté et c’est connu un rienmabille.

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      Hervé Lénervé

  • Un brin provocateur mais touche à un sujet réel.

    · Il y a plus de 7 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

    • Du moment qu’on ne TOUCHE pas à l’asso « Laissez les animaux nous baiser, ça changera de la REALITE ».

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Je crois que j'ai écrit un truc desus " le chien est mort"

      · Il y a plus de 7 ans ·
      1338191980

      unrienlabime

  • Première fois que j'ai envie de gerber en lisant un texte, au demeurant fort bien écrit.

    · Il y a plus de 7 ans ·
    49967 4832e34b8ef74d58bc32

    bartleby

    • Merci pour le bien écrit, désolé pour le reste.

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • Il ne fallait pas le prendre ainsi. A part si quelqu'un le signale comme abusif auprès du site, remettez-le. C'est remettre en cause ton excellente façon d'écrire. C'est juste que le sujet touche à quelque chose de particulièrement écœurant. Il en va de même d'autres sujets, dans bien d'autres textes, qui ici ont à peine été critiqués. On peut parler de tout, sans tabou, si tant est que le verbe ne soit pas gratuitement vulgaire.
      Mais bon, disons que pour faire un juste milieu, tu pourrais le classer non pas dans "Amour et romance", mais plutôt "Horreur" : D
      A te lire. Bart(leby)

      · Il y a plus de 7 ans ·
      49967 4832e34b8ef74d58bc32

      bartleby

    • Mais euh, question subsidiaire: "et non de celle du voisin qui, est un sale con au demeurant". Ce texte était dédié à quelqu'un en particulier, en fait ?

      · Il y a plus de 7 ans ·
      49967 4832e34b8ef74d58bc32

      bartleby

    • oui! A jésus (le chien)

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • Je vais le remette pour te faire plaisir :)
      Maintenant une question me titille, je n’ai pas signalé que je retirai cette histoire, comment l’as-tu-su, lustucru ? Ou pour quelle raison serais-tu revenu à l’horreur en le lisant de nouveau ? Excuse-moi je suis freudien.

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Tu as raison de te poser cette question, Freud ou pas.
      J'y suis retournée, non pas en tant qu'adepte de la zoophilie, mais parce que j'avais besoin de retrouver une expression d'un des auteurs du site. J'ai ainsi relu pas loin d'une dizaine de textes et je n'ai rien retrouvé. Le tien en faisait partie.
      Quant aux bêtes, je les aime beaucoup, malgré tout. C'est un amour différent, bien sûr.

      · Il y a plus de 7 ans ·
      49967 4832e34b8ef74d58bc32

      bartleby

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