Nous sommes tous des Rimbauds

Farid Adafer

Enfants ivres de jeunesse, d’appétits grandiloquents

Les murs s’affaissent autour de nos têtes,

Branquebalants dans l’abracadabrantesque foire

Des politiques, ces pères absents, allés à boire,

Tandis que nous croupions sous des briques de pierre,

Nous allions boire l’ivraie à la source du démon,

-« mourir aux fleuves barbares »-

Aujourd’hui, nous vacillons,

Sous le drapeau noir de l’indifférence,

De lois grondouillantes en robes de foire,

Fissures dans une coque de sapin

où d’amères pommes sûres nous étouffent,

Et nous allons, bataillant de mille souffrances,

Vers des abîmes de contrition et de doute,

J’aurais pu le dire à la manière du « Rimbe »,

Dans une de ces morsures puissantes :

« Périssez ! Puissance, justice, histoire, à bas !

ça nous est du. Le sang ! la flamme d’or !

Tout à la guerre, à la vengeance…, Ah passez !

Républiques de ce monde ! »

Aussi : qui aura la misère de l’autre ? hein ?

Sous la bannière des pavillons de viande saignante,

Qui agitera les bateaux ivres, secouant les puces amères ?

Quand allons nous rentrer tous ces « nœuds d’hystérie » ?

Allez, sagesse nouvelle, montre nous la voie,

Du drapeau, des républiques et des mille et une voix,

« Esclaves, ne maudissons pas la vie ».

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