Nouvel âge
Gabriel Abel
J'ai enfin jeté mes vieilles cendres
Mes mains sont sales, elles étaient pleines
Pleines de vieux et prêtes à rendre
Elles sont aujourd'hui légères et sereines
Bien frotter ces mains paresseuses
C'est ce qu'il me reste encore à faire
Avant d'entreprendre des choses sérieuses
Et décoller vers de doux airs
Car décemment je ne peux m'astreindre
Au quotidien stupide et bâclé
Mes mains d'onguent je préfère oindre
Plutôt que de me dessécher
Elles seront neuves, elles seront lisses
Douces et soyeuses comme mes idées
Le vieux cendrier que j'étais
N'a jamais cessé de fumer
Mais mon iode bien équilibré
Dorénavant peut s'employer
Mais décemment je ne peux m'astreindre
Au quotidien débile et mâché
Et trop de travail me fait craindre
Une déprime dernier degré
Je vais continuer de fumer
Les mains polies, les mains léchées
Fraîches, veloutées comme mes idées
Car décemment je ne peux m'astreindre
Au quotidien stupide et bâclé
Mes mains d'onguent je préfère oindre
Plutôt que de me dessécher