Nouvelle soirée

Nouveau texte, nouvelle soirée, ne plus compter les jours, les semaines, aller jusqu'au bout de son oeuvre, combien de chapitres, combien de pages, je me suis arrêtée au mot "après" comme si la fin n'existait pas en ce bas monde, je veux croire à un monde qui va encore loin, très loin, qui ne s'arrête pas. Même si tout s'arrête, le vent, le ruisseau, la musique, le sac et le ressac, les pensées quand la dernière heure arrive, j'espère qu'il y aura toujours un souffle de vie, un baiser, une lueur, un brin d'air pour prendre la relève, semer le blé pour enfourner le pain, recueillir jusqu'à la dernière goutte de rosée pour remplir la jarre, entonner les premières notes pour célébrer la liberté. L'avoir goûtée cette liberté, parfum d'air frais et de routes goudronnées, patins à roulettes et cordes à sauter, et puis l'odeur des rails chauds dans les gares inondées de soleil. Choisir la clef des champs plutôt que la clef de la maison où t'attendent la famille, ses failles et ce plein d'amour qui étouffe, quitter les forêts d'immeubles pour aller voir la mer, vaste étendue d'eau qui réjouit le coeur et l'esprit quand elle ne vous laisse pas interdit devant tant de beauté. Laisser la télévision éteinte ou la laisser me bercer jusqu'au bout de la nuit, prévoir d'appeler des gens que j'aime bien même si je ne vais jamais les voir, un jour peut-être maintenant que les choses ont changé.

Me retrouver dans la cour des grands soudain, avoir passé la barrière, ça aussi je l'ai fait. C'était un passage obligé pour continuer à vivre, à évoluer. Evoluer vers demain, je n'ai que le temps pour me repérer, des rendez-vous, des projets. Ne rien oublier sur la liste de mes envies, mais comment est-ce possible? Je suis faite pour sentir ma respiration, inspirer, expirer, sentir l'air dans mon cerveau, ça fait tellement de bien! Je respire ainsi le moment présent, mon corps se détend, mes idées se relâchent et j'ai envie que ça continue, continue.