Novembre, décembre.

marielouve

Ce soir je suis votre hôte, prenez un verre, buvez mes mots.

Novembre a été le mois des trombes, des amours en cendre, des amitiés perdues dans les méandres
Il ne s'écoulait pas, les secondes duraient une éternité. 
Les jours ne se levaient plus, ils me tombaient dessus comme des gravats.
Il était difficile de digérer tous les matins ce café allongé.
Novembre, dés sa naissance m'a assénée à coup de massue, du sang gisait sur le sol de l'appartement.
Le bonheur, lui, a pris ses jambes à son cou, il navigue sur d'autres flots à présent, peint d'autres vies, habille un autre visage.
Si Saez a perdu son amour dans un verre de vin rouge et bien le mien s'est étouffé dans un simple verre de mots et je n'ai même pas eu l'idée de lui proposer de l'eau.

Ce jour-là mon âme suffoquait sous ce ciel devenu trop brumeux, sous ces nuages gris qui laissaient échapper quelques perles de pluie, tout était fade, noir et sans espoir.
La terre se dérobait sous mes pieds.

Je déplore toujours son absence.
Au fond je ne sais pas si je l'aimais et je ne cherche pas à y répondre, certaines questions doivent rester suspendues au ciel.
Son prénom rime avec douce mélancolie.
Il a verni mes nuit de passion et mes jours d'onirismes.
Il m'a offerte des regards énamourés, des sourires qui donnaient le vertige au feuillage, des mots moelleux qui emballaient les palais.
L'ennui était agréable avec lui, même le silence bavardait en sa présence.

Certaines souvenirs me redonnent un sourire crispé, d'autres m'aspergent d'une eau salée et les plus aimables dégagent une écume de mélancolie qui finit par s'évanouir le sable de mes pensées.

La douleur c'est comme les vagues ça va et ça revient s'écraser sur le sable.

Je bois des déboires chaque jour.
Je me réveille avec du regret dans la gorge et une solitude qui bat sous la peau.
La haine répond aussi à l'appel, son écho résonne dans ma tête comme un bruit fracassant.

Novembre a emporté l'amour que je portais au monde dans les décombres.
Je ne ressens que du dégout envers ce monde morose orné de roses.
Beauté et laideur ont à présent la même silhouette à mes yeux.
Le bruit et le silence semblent avoir la même voix.
La nuit se marie au jour.
La vie porte le parfum de la mort.
C'est bien pessimiste, mais tous mes espoirs, mes desseins, mes utopies ont fait naufrage.

Novembre est mort pour laisser place à décembre, le mois de l'accalmie.

Cette fois-ci le silence est plus expressif que mes mots.
Le vide s'écrie si fort en moi qu'il m'est impossible de vous le décrire.

J'ai le syndrome de la page blanche dans un monde où l'encre coule à flot et où les mots courent les rues.
Ma plume ne danse plus sur le papier, elle doit avoir les pieds bien enflés.

Je me sens dénudée sans l'écriture.

Alors j'erre le soir dans les rues avec ma solitude pour seule compagnie et mes pensées comme unique véhicule.
Le vent chante aussi, je sens les notes chatouiller ma peau frêle pour s'y glisser, j"entend les applaudissements des feuilles, le bruissement de l'eau et l'acclamation des criquets.

Je ne suis qu'un papillon de la nuit aux chants inaudibles.
Mes cris et mes mots sont étouffés par les rires de la rivière.

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